le boulot, je ne cherche plus à chercher.

 

Des étudiants de l’Université de Bologne, Piazza Santo Stefano. Micrus, presseurope.

 

Support Wikipedia Pourquoi cette image, par ce qu’elle montre une jeunesse instruite, cultivée, politiquement engagée, qui, découragée, attend, assise devant le mur d’une grande université, que les jours passent ne pouvant rien faire d’autre. Ce ne sont probablement pas ce que l’on nomme les NEETS, «Not in Employment, Education or Training», mais ils sont dans la même galère. Vous ne savez, probablement, pas encore, ce que représente cette définition, les NEETS, et bien, elle s’adresse à des jeunes qui ne travaillent pas, n’étudient pas ou plus, et ne sont pas non plus en formation. En Europe, ils sont 14 millions d’après presseurope. Cette image résume le drame d’une jeunesse cultivée par ce qu’universitaire, donc différente de celle qui n’a rien ou peu et qui a décroché très tôt du parcours scolaire, pour elle l’école elle n’y croit plus.

À l’exemple de ceux qui, diplômés, galèrent sans emploi, des petits boulots, de CDD en CDD, notre société les a jetés. C’est ce qu’ils pensent, donc à quoi bon faire des efforts puisque après tant d’essais, pour sortir de cet engrenage, de précarité en précarité, ils n’ont plus leur place parmi le monde, eux sont perdus, le boulot, ils ne cherchent plus. A quoi bon, la société nouvelle est établie, elle ne redeviendra plus comme avant, c’est fini. C’est fini par ce que le monde a changé en 50 années. Les pays sous développés sont devenus des concurrents qui veulent aussi ne plus vivre comme il y eut des décennies. L’exemple de la Chine est caractéristique, son développement est conséquent. Le faible coût de sa main d’œuvre, permit cette avancée, tout en concurrençant notre économie par ce que trop chère pour l’exportation. Nous sommes trop avancés socialement pour résister aux pays qui ne le sont pas. Ce choix de société socialiste qui permet moins d’injustice, c’est le prix à payer jusqu’à l’équilibre économique entre les Nations.

De Naples à Madrid, d’Athènes à Paris, c’est la même galère. «Un chômeur de longue durée à Naples, une mère adolescente en Saxe-Anhalt, un jeune en décrochage scolaire à Lelystad et un téléphage dépressif à Vilnius. Ce sont tous des jeunes vulnérables éloignés du marché du travail. Et la persistance de la crise les écarte toujours plus de l’Europe qui travaille».

Une économie qui n’aime plus les jeunes ? Ou une économie égoïste qui ne voit que le bout de son nez sans penser un seul instant qu’il faudra les nourrir ces jeunes. Le potentiel de cette jeunesse perdu, irrécupérable, pas ce que sacrifié au nom de la productivité. Ce mot productivité avec compétitivité, on n’entend plus que ça, par ce que l’on ne sait plus faire autrement pour donner du travail, fini le rêveur, fini celui qui pensait qu’il ne fallait pas vivre pour travailler, maintenant, il faut travailler pour vivre. Tout est changé, de la productivité compétitivité, il en faut, alors que faire pour donner du travail ?

Le partager tout simplement, mais dire cela est un sacrilège aux yeux de la droite et de nombreux industriels, pour eux, il faut produire avec moins de main d’œuvre, tant pis s’il y a des chômeurs, ils seront à la charge de la société.

Ce serait une révolution, par ce que ceux qui ont, ne veulent pas partager.

4 juillet 2012, The Guardian, Londres.

Pour la première fois dans l’histoire des sociétés d’après-guerre, les jeunes diplômés ou pas doivent s’attendre à vivre moins bien que leurs parents. Essoufflé, le modèle économique occidental ne parvient pas à exploiter la maîtrise technologique. Cette évolution technologique due au savoir des hommes, finalement cause leur perte. Combien d’emplois furent perdus et le sont encore par ces machines qui n’ont d’autres buts que de supprimer le travail humain ! Si l’on associe à cela la crise financière des banques privées, qui s’étale sur celle des États, on voit bien que nous sommes dans une spirale divergente, que rien ne semble pouvoir arrêter.

Mais, en France, début 2013 c’est près de 1,9 millions de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni à l’école, ni en emploi, ni en en formation, soit 17 % de cette classe d’âge. Si la crise affecte l’ensemble des pays développés, nombre de nos voisins européens connaissent des taux d’emploi des jeunes nettement supérieurs au nôtre. Le niveau d’étude est le critère décisif à la trajectoire du jeune. Or, aujourd’hui,

900 000 jeunes ont quitté le système scolaire sans diplôme.

C’est l’information est délivrée par le Conseil d’analyse N° 4 d’avril 2013.

Bien sûr ces jeunes constituent une poudrière, prête à exploser, si rien n’est fait. Dernièrement des 15 à 20 ans ont braqué un restaurant à Ormoy dans l’Essonne. Samedi 1er juin, entre quinze et vingt clients d’un restaurant chinois de l’Essonne furent dépouillés par des agresseurs armés et cagoulés. Quatre jeunes hommes furent placés en garde à vue, a-t-on appris de l’AFP dimanche 02 juin de sources concordantes. Il s’agit de trois majeurs de 18 à 20 ans, et d’un mineur de 16 ans ! En mars, une vingtaine d’individus semèrent la terreur dans un train RER à la gare de Grigny-centre, Essonne, dévalisant les voyageurs.

Lassana et Malik deux jeunes à l’arrêt, rencontrés sur le parking d’une barre de douze étages, à Garges-lès-Gonesse, Val-d’Oise, Lassana, 22 ans. en 3ème, l’école l’a "jeté" sans s’inquiéter de son devenir. Pas de place en lycée professionnel, à la mission locale, il a eu droit à deux courtes formations. Cariste et soins à la personne. «Et puis rien. C’est mort pour toi si t’as pas de piston. Pour les jeunes des cités, y a que du travail de chien. Dans l’intérim, ils nous exploitent à fond. On se respecte, on est nés ici, on a été à l’école. On va pas ramasser la merde des gens comme nos parents». Malik, lui, a arrêté en deuxième année son BEP électrotechnique et a cherché du travail pendant un an. «Là, c’est bon, c’est sorti de ma tête. Je fais deux-trois petits boulots chez les gens, au noir. L’intérim, j’ai lâché l’affaire, c’est deux semaines, à la fin, ils te jettent comme un chien. Ça débouche sur rien. Et tu te retrouves là, sur le parking».

Mais qui sont ces jeunes ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la majorité de ces jeunes ne vivent pas dans les quartiers sensibles et ne sont pas issus de l’immigration, même si ces derniers sont sur-représentés par rapport à leur poids dans la population. Le taux de NEET parmi les jeunes issus de l’immigration est deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Il en va de même pour les jeunes vivants en ZUS, dont le taux de chômage atteint 45 %, soit environ deux fois plus que la moyenne nationale des jeunes. Ces raisons ont été avancées dans différents rapports ou avis. En particulier, le Rapport_Emploi_des_jeunes_-_COE_-_10_02_11, soulignait déjà le manque de formation et les discriminations conduisant notamment à des difficultés d’accès à l’emploi stable et passait en revue les principaux dispositifs d’accompagnement destinés aux jeunes.

Un récent avis du Conseil économique, social et environnemental, Prévost J-B. 2012, l’emploi des jeunes, CESE, décembre souligne l’importance de l’amélioration des transitions entre le système éducatif et l’emploi, par des modules de formation spécifique, par un meilleur accompagnement, par un système de «bonus-malus» précarité et en jouant sur le taux de conversion des CDD en CDI. D’une manière générale, en France comme ailleurs, les évolutions à venir de l’emploi, en particulier de l’emploi des jeunes, dépendent des perspectives de croissance, mais pas que cela. L’éducation et la formation sont aussi des paramètres importants, par ce qu’il faut bien comprendre, que la croissance revenue, ce sont en premier les jeunes diplômés qui en bénéficieront. Mais, la crise n’est pas achevée et les perspectives de croissance sont quasi nulles en France et négatives dans l’Europe du Sud ce qui n’autorise pas de croissance en Europe en termes d’emploi dans un temps proche.

Cette situation désastreuse s’est accrue depuis près de 30 ans malgré des efforts pour l’améliorer. Pourtant, l’expérience étrangère, en Europe du Nord, démontre qu’il est possible d’améliorer la situation des jeunes, en ciblant sur les moyens pour ceux qui sont en difficulté. Il s’agit bien sûr de la formation, mais avant tout, il faut donner de l’espoir et combattre le sous emploi de ceux qui fortement diplômés n’en trouvent pas.

C’est de leur exemple que naîtra pour ces jeunes l’envie de s’accrocher pour une formation professionnelle. Mais, il s’agit aussi d’agir sur la promotion du travail manuel, trop dégradé ces dernières décennies au profit des blouses blanches.

La France a un problème spécifique avec l’emploi des jeunes. À seulement 30 %, le taux d’emploi de 15-24 ans est deux fois plus faible qu’au Danemark, 1,5 fois plus faible qu’au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en Allemagne. Lorsqu’on inclut les jeunes de 25 à 29 ans, la comparaison n’est guère meilleure. Ce décrochage n’existe pas pour les personnes âgées de 30 à 54 ans pour lesquelles la France se situe au-dessus de la moyenne de l’OCDE, d’après le Conseil d’analyse d’avril 2013.

En matière d’insertion dans l’emploi, le niveau d’étude joue le rôle décisif : le taux d’emploi des jeunes ayant fait des études supérieures est de plus de 80 % dans les trois ans qui suivent la sortie du système éducatif, soit quasiment le même niveau que celui atteint par les "adultes", contre 30 % seulement pour ceux qui n’ont pas dépassé le collège. En marge, 85 % des jeunes inactifs ou au chômage, les NEETS, n’ont pas dépassé le lycée, et 42 % n’ont pas dépassé le collège. La crise a bien entendu renforcé ces inégalités d’accès à l’emploi entre les jeunes diplômés et non diplômés. Depuis 2008, ce sont essentiellement les jeunes sans diplôme qui ont vu leurs perspectives d’emploi se dégrader, avec une chute du taux d’emploi de 10 points à la sortie de l’école.

Les emplois jeunes ou d’avenir si tant est qu’ils sont une solution au manque de croissance, ne permettront pas une amélioration notable tout juste, une inflexion de la courbe du chômage si tant est que les désœuvrés voudront bien y souscrire. Et c’est là qu’il faut agir pour redonner le goût du travail quitte à prendre par la main ces jeunes pour qu’ils s’engagent à nouveau dans le travail. C’est aussi le taux d’échec scolaire qui est en cause, ce qui veut signifier qu’il faut agir contre, surtout dans le primaire, ou les bases du français sont développées. Combien sont ceux qui capuchon sur la tête parlent un charabia qui les élimine de tout emploi. C’est également l’exemple, par ceux qui ont trouvé du travail avec un diplôme, il ne faut plus entendre qu’un diplômé galère, c’est démoralisant.