Les Iles du Salut sont situées à 14 Km du littoral, le transport des passagers entre la ville de Kourou et l’appontement de l’île Royale est assuré par une société de navigation qui met à la disposition des passagers deux vedettes à moteurs : le Ti-royal et le Soleil Royal.

Le transport est d’environ une heure… Moi qui souffre de mal de mer, pour une fois ça s’est bien passé mais des personnes ont été malades car elles s’étaient installées à l’intérieur… Moi je suis restée à l’extérieur pour ne pas sentir les odeurs de mazout de la cabine…

Au retour, même topo mais en plus amusant 😉 puisqu’il pleuvait à verse… et là-bas, les pluies sont tropicales… honnêtement, on était trempés comme des soupes, et encore je suis sûre que certaines soupes sont plus sèches que ça…

L’archipel est constitué de trois îles : Ile Royale pour la plus grande (28 ha), Ile Saint Joseph (20 ha) et la plus petite l’Île du diable (14 ha).
Seules les deux premières îles sont accessibles aux touristes, ce sont trois îles d’origine volcanique qui font penser aux îles du pacifique. (Voir photos). L’Ile royale est accessible par la navette, l’Ile Saint-Joseph par voilier.

Nous avons accosté sur l’Ile Royale au bout d’une heure de trajet. Il faisait très beau et très chaud (à ce moment-là 😉 . Dès notre arrivée, nous avons pu observer des petits singes qui descendaient des arbres pour nous manger dans la main, et de superbes iguanes, très zen…

 



Ces îles qui aujourd’hui ressemblent à un petit paradis ont abrité pendant 100 ans (1852-1947) le Bagne avec un des régimes carcéraux les plus durs qu’on puisse imaginer…Sur l’île royale, les prisonniers étaient un peu plus libres mais devaient bien sûr regagner leurs cellules chaque soir. Quand un prisonnier mourait, son corps était jeté à la mer et servait d’encas aux requins du coin…
Les bagnards célèbres des Iles du Salut
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-Le capitaine Dreyfus
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Non seulement accusé à tort, ce prisonnier célèbre fut maintenu SEUL sur l’île du diable pendant 5 ans…eh oui cette île, aujourd’hui inaccessible aux touristes, était réservée uniquement à Dreyfus…Un gardien était là mais avait pour consigne stricte de ne pas adresser la parole au prisonnier… Condamné en 1895 pour haute trahison, il se consacra à la méditation sur l’unique banc à sa disposition. Reclus dans une case isolé de la mer par une palissade qu’il n’avait pas le droit de franchir, mis aux fers toutes les nuits et maintenu dans un silence absolu (l’approvisionnement en nourriture lui parvenait de l’île Royale par un câble tendu au dessus des vagues), il en est ressorti totalement brisé au bout de 5 longues années. Tu m’étonnes… étonnant même qu’il soit resté en vie…
Il a obtenu sa grâce et sa réhabilitation à la suite d’une campagne d’opinion menée par Émile ZOLA, auteur de la fameuse lettre ouverte "J’accuse", parue dans le journal l’Aurore.
Ca fait vraiment réfléchir sur le complot antisémite dont il fut victime, lui qui était totalement innocent… et sur la machine « judiciaire » qui broie l’individu-Guillaume Seznec
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Une affaire qui tient au cœur de tous les Bretons…
Le 25 mai 1923, Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, et Pierre Quémeneur, Conseiller Général du Finistère, quittent Rennes au petit matin pour se rendre à Paris en Cadillac.
Associés depuis plusieurs mois, les deux hommes roulent vers la capitale pour y négocier un contrat de vente d’automobiles américaines qui promet d’être juteux. C’est l’époque des grands trafics de l’après-guerre et Quémeneur se propose de racheter ces voitures un peu partout en Bretagne pour les revendre à prix d’or aux Soviétiques – on disait alors les Soviets – qui en manquent cruellement. La France regorge de Cadillac. Une conséquence de la guerre. Elle s’est engagée à racheter tout le matériel que l’U.S. Army n’aurait pas rembarqué à l’issue du conflit. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée avec un stock impressionnant de belles américaines.
Le voyage vers Paris vire au cauchemar. Connaissant pannes sur pannes, la voiture est à l’agonie. A Houdan, Quémeneur décide de prendre le train pour ne pas manquer son rendez-vous Parisien. C’est devant la gare de cette ville que les deux hommes seront vus ensemble pour la dernière fois. Officiellement, on ne reverra jamais Quémeneur. Ni vivant, ni mort.

Sur la foi de témoignages douteux, Seznec est condamné au bagne et expédié en Guyane ; il aura de la chance dans son malheur que l’administration pénitentiaire locale le croie innocent et donc lui fasse vivre son calvaire le moins mal possible… grâce à eux certainement, il sortira vivant.

Aujourd’hui, son petit-fils, Denis, a consacré sa vie à la réhabilitation totale de Guillaume. J’ai pu voir sa cellule et la plaque appliquée là par Denis « à Guillaume Seznec, martyr innocent ». Impressionnant.

A aussi « séjourné » sur cet archipel : Henri Charrière dit Papillon, dont j’ai aussi pu visiter la cellule, et une gravure soi-disant de sa main sur un mur, mais là-dessus je suis sceptique… lisez l’avis de bonraisin si vous voulez en savoir plus sur Papillon…

Et 70 000 bagnards anonymes dont beaucoup sont morts sur place, tant les conditions de transport et de vie étaient plus que dures, inhumaines… Ok, beaucoup n’étaient pas des enfants de cœur mais…quand même. … En visitant l’île Royale et son musée du bagne on frissonne en imaginant les traitements inhumains que subissaient des hommes dont la culpabilité n’était pas toujours prouvée. On frissonne quand on visite les cellules sans fenêtre, où les détenus punis avaient les pieds aux fers, et ne pouvaient que dormir sur le dos ou s’asseoir sur leur lit dans une obscurité totale pendant six mois ou plus.

Ce qui est très sympa, c’est qu’on peut faire entièrement le tour de l’île par des chemins faciles d’accès, avec une petite fille de 2 ans et sa poussette, ça ne nous a posé aucun problème. Au fur et à mesure de la ballade, toujours sollicités par de très mignons et très sociables petits singes friands de tout et particulièrement de bananes, nous avons pu visiter les cellules des prisonniers, l’hôpital, les quartiers des reclus, les endroits où ils travaillaient, la villa du gouverneur, l’église…et aussi un cimetière d’enfants, les enfants des gardiens bien sûr.

Nous avons pique-niqué sous les cocotiers, avec vue sur l’Ile du Diable, et à proximité de la piscine des bagnards, piscine naturelle où ils pouvaient patauger quand la mer se retirait. Aujourd’hui, des touristes font de même.

On peut aussi accrocher son hamac entre deux cocotiers et faire la sieste… ou même passer la nuit si on a raté la navette de retour !

Les Iles du Salut, c’est un mélange de nature sauvage et d’histoire… à ne pas manquer si vous allez en Guyane !