Cela fait bien longtemps que les japonais et les chinois, bien qu’issus d’un même giron culturel, entretiennent des relations conflictuelles. Chine et Japon sont deux pays qui ne s’estiment pas, ou plutôt s’estiment trop, se craignent et par conséquent, ils font naître une rivalité pour la domination de la zone Asie-Pacifique. Les deux nations n’ont cessé de s’affronter, des conflits ont éclatés, les guerres sino-japonaises de 1894-1895 et de 1937-1945, ainsi que les tensions constantes pendant la Guerre Froide, en sont les meilleurs exemples. 

 
 
Les îles sont nombreuses dans cette région du globe, déjà inconciliables durant des décennies sur le sort de Taiwan, l’un niant son indépendance, l’autre la supportant, Pekin et Tokyo sont en train de réduire les tentatives de réconciliation en se disputant le futur des îles Senkaku-Diaoyu. La nationalisation de 3 des 5 îles par le gouvernement japonais est devenu un sujet de discorde dont les proportions se sont transformées en quasi casus belli. 
L’idée n’est pas nouvelle et couvait dans l’esprit du gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, depuis le mois d’avril. Cependant, elle restait jusqu’ici, à l’état de projet nationaliste et pouvant porter à la polémique. C’est en voulant bien faire, que le gouvernement central a repris cette entreprise, pour éviter toute dérive d’interprétation pouvant raviver une quelconque mèche dans cette poudrière explosive. Malgré tout, le message est mal passé et les choses se sont envenimées. 
 
 
Depuis plus de 5 mois, des milliers de militants des deux pays envahissent les lieux afin d’y planter leur bannière et procéder à des squats non autorisés. Ce petit chapelet d’îles est une épine dans le pied des diplomates.
Peu après le rachat pour 2 milliards de yens des îles, alors propriétés privées de la richissime famille Kurihara depuis les années 1970, la réaction de Pékin ne s’est pas faite attendre. Illico, des milliers de chinois endoctrinés par le gouvernement communiste, ont défilé dans les rues, drapeau chinois à la main, pour scander cet accaparement jugé "illégal" par le gouvernement de Wen Jia Bao. La Chine, avec ce coup d’éclat, s’est sentie comme "salie", "violée" sur son territoire et menace de représailles dans les jours qui suivent. Ce genre d’évènement affaiblit la crédibilité du Parti, il a donc la nécessité de paraître fort et, par conséquent, organiser des manifestations en sollicitant ses partisans. Vu de l’extérieur, il faut donc prendre des pincettes et ne pas faire de généralité, tous les chinois ne sont devenus d’ardents défenseurs des îles Diaoyu. La méfiance est de mise quand on voit des images de chinois révoltés. 
 
 
Dès l’annonce de la transaction effectuée, l’armée chinoise aurait fait naviguer des navires le long des côtes tout en prenant le soin de ne pas rentrer dans les zones économiques exclusives. En réponse, le Japon aurait également envoyé des patrouilleurs afin de montrer que lui aussi dispose d’une force de frappe. Tels des paons faisant la roue, ils ont montré leur atour. Outre des actes de dissuasions militaires, les répercussions sont économiques, le vice ministre Jiang Zeng Wei, demandent à ses concitoyens de boycotter les entreprises et les produits nippons, de ne plus acheter des objets "made in Japan". Les chinois vont également faire pression sur les alliés duJapon, à l’image des Etats-Unis, en jouant sur des contrats commerciaux, ils espèrent que les américains sauront raisonner les japonais afin qu’ils reviennent sur leur position. Tokyo a bien entendu tenter calmer les ardeurs des chinois. Le directeur général des Affaires Asiatiques et Océaniennes du Ministère des Affaires Etrangères a promis qu’aucune construction ne sera faite sur ce territoire et qu’aucune implantation anthropique ne sera envisagée.  
 
 
Mais pourquoi se disputer pour ces terres immergées ? La raison est bien entendu économique. Bien que les terres soient vierges, remplies de forets, ces eaux sont très poissonneuses et ses sous sols sont de vraies mines en hydrocarbures. En outre, elles ont une portée stratégique, pour la Chine, elle aurait pu lui permettre d’avoir une oeil sur ce qui se passe dans cette région et pour les japonais, c’est une façon d’enrailler les visées expansionnistes de son menaçant voisin. 
 
 
 
Mais à qui appartient réellement ces morceaux de terres perdues dans la mer de Chine Orientale ? Bien que la Chine revendique sa souveraineté, elles ont été sous le contrôle japonais depuis des années. En 1895, elles sont intégrées à l’empire avec un statut particulier, tarra nullius, c’est à dire sans chef apparent. Durant la Seconde Guerre Mondiale, les USA les reprennent puis finissent par les rétrocéder au gouvernement japonais en 1972, en même temps que la région d’Okinawa. De leur côté, les chinois affirment qu’elles étaient sinisées depuis des siècles, ils mettent en avant le passage d’un vieux manuscrit datant de 1403 où il est stipulé qu’elles sont chinoises depuis des temps immémoriaux. Une chose est sûre, ce dossier brûlant va encore se consumer bien longtemps.