dans la Sainte Chapelle restaurée du château de Vincennes.

 

A l’occasion de la réouverture de la Sainte-Chapelle après trois années de restauration, le Centre des Monuments nationaux présentait en coproduction avec le ministère de la culture de la République Bulgare une exposition exceptionnelle consacrée aux icônes Bulgares, ainsi qu’à d’autres chefs d’œuvres de l’art orthodoxe balkanique sur une période de seize siècles, du IV aux XIXème siècles.

Cette exposition rassemble une centaines d’œuvres, dont 80 icônes, 7 manuscrits et quatre sculptures, issues des musées nationaux et principalement du département d’art médiéval de la galerie des Beaux Arts de Bulgarie.

Bien que non initié à la culture orthodoxe l’icône, peinture figurative du Christ et des saints représente pour ses pratiquants, la symbolique du culte de leur religion pour la prière, de même que pour les catholiques la représentation du Christ et de ses Saints sous forme de sculptures et peintures de l’époque de la Renaissance, représentent celle de leur culte pour cette même pratique religieuse. Ce sont donc deux symboles de la présence sur terre des Saints pour ces croyants qui se référent à leur divinité dans la prière de leur culte.

Cette représentation iconographique Bulgare exceptionnelle par sa richesse a été conçue dans une scénographie originale dans une aile de la Sainte-Chapelle qui parfois manquait de lumière. Un espace trop confiné manquant de d’air entre les icônes, et de recul pour les comptempler. De plus, il aurait été utile qu’une description vocale sous forme de petits magnétophones accompagne le visiteur pour la compréhension de ces œuvres.

L’analyse de ces icônes de saints orthodoxes montre un art de finesse dans la réalisation des peintures considérées comme sacrées et devant être sensées faciliter la communion avec l’image symbolique des Saints qu’elles représentent. Il faut être initié à cette religion pour apprécier à sa juste valeur la sacralisation de ses peintures exécutées sur des panneaux de bois peints parfois dans des tons sombres sur fonds dorés ornés de pierreries représentant l’image d’un Christ et de Saints de cette religion qui finalement est très proche de la religion catholique. Mais, ces icônes par leur austérité nous montrent, contrairement à la religion catholique, une symbolisation simple, sobre, dénuée de faste et non ostentatoire 

Ce fut un plaisir de retrouver le château de Vincennes resplendissant, remis à neuf après tant d’années, je l’avais connu lors de mon incorporation militaire en 1949, c’est dire s’il a changé.

Cette exposition, ouverte du 13 mai au 30 août 2009, est maintenant terminée.

C’est sur l’invitation d’une de mes amies de pseudonyme cat.LEF que j’ai connu sur le site Come4News que j’ai pu apprécier à la fois le nouveau château et cette exposition d’icônes Bulgares.

Le château de Vincennes.

L’entrée dans la cour intérieure

La cour intérieure vue de l’entrée

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La cour vue de la chapelle

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Le donjon

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La Saint-Chapelle le joyau de Vincennes.

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Les icônes du monde orthodoxe.

Il ne faut pas confondre peintures de la vie courante et icônes, elles ne sont pas des peintures. L’icône ne peut être rangée avec des œuvres picturales.

Au moment ou l’Occident latin, dès le début de l’art roman donne une vie spectaculaire à la sculpture monumentale, l’Orient orthodoxe s’en tient pour des siècles au style ascétique des icônes peintes.

Depuis la Renaissance, la vie et la nature sont figurées par la reproduction sur une surface plane des paysages, du monde, des choses, des humains, des animaux. Et même si les sujets sont tirés de la mythologie, ils sont traduits dans le langage des images terrestres. La peinture expressionniste et la peinture abstraite, appelées à traduire les émotions du peintre et sa perception du monde dans sa vision naturelle des choses, les déforme au point de les rendre méconnaissables ou bien totalement figuratives.

Pourtant, même dans ces cas extrêmes, les différentes expériences sur les couleurs et les lignes ne permettent pas à celui qui regarde de pénétrer dans cet imaginaire qui serait autre par sa nature, dans une dimension spatiale et temporelle, d’atteindre d’autres valeurs.

C’est justement à l’icône qu’a été dévolu ce rôle.

Les icônes ne représentent pas, elles font apparaitre un imaginaire. Elles le manifestent au moyen de différents artifices picturaux, fruits d’une expérience multiséculaire. Dans l’icône la couleur joue un rôle particulier, celui de langage symbolique exprimant non la couleur des objets mais leur lumière et celle des visages humains, lumière dont la source se trouve hors de notre monde physique. Les traits dorés des icônes donnent un visage à la lumière tandis que le fond doré symbolise l’espace «qui n’est pas de ce monde».

L’icône ne comporte aucune ombre, de même que le Royaume des cieux est pénétré de lumière. Elle est non seulement dépourvue de l’espace habituel mais est aussi étrangère au déroulement logique des évènements de cause à effet. L’icône est une fenêtre sur un monde de toute autre nature que le notre, mais cette fenêtre n’est ouverte qu’à celui qui porte sur elle un regarde spirituel. Pour approcher le sens de l’icône, il est nécessaire en effet de la regarder avec les yeux du croyant, pour qui Dieu est une réalité indubitable, une réalité partout présente, présidant invisiblement à chaque événement, témoin invisible et juge du souffle duquel il est impossible de jamais se cacher nulle part.

L’icône trouve son origine dans les portraits funéraires coptes du Fayoum, région d’Égypte, réalisés aux premiers siècles de notre ère. Le copte est une langue afro-asiatique descendant de l’Égyptien ancien. Datant des VIème-VIIème siècles, les plus anciennes icônes parvenues jusqu’à nous sont des encaustiques sur bois, conservées au monastère de Sainte-Catherine, mont Sinaï, Égypte. Elles représentent des visages que de grands yeux et une intense expression rendent quasiment vivants. Outils spirituels conçus pour l’édification des fidèles, les icônes sont destinées à la prière.

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Jean Chrysostome et Grégoire de Nazianze, icône russe du XVIIIe siècle.

Elles peuvent être l’objet d’une dévotion individuelle, et sont dans ce cas de petites icônes généralement sous la forme de mosaïques miniatures, tel le Saint Jean Chrysostome de la collection byzantine de Dumbarton Oaks, début XIVème siècle, Washington, États-Unis. Elles sont plus généralement l’objet d’une dévotion commune, dans ce cas, les icônes du Christ, de la Vierge et de saints sont accrochées les unes à côté des autres au sein de l’iconostase, cloison séparant le chœur (où officie le clergé) de la nef (où se tiennent les fidèles), de l’église de rite orthodoxe, qu’elle soit Byzantine, Grecque ou Russe.

Une peinture symbolique.

En tant qu’outils spirituels, les icônes sont strictement codifiées dans leur contenu et dans leur style, pour être conformes au dogme en vigueur. Pour éviter toute idolâtrie, elles sont réalisées d’une manière austère, délibérément stylisée, qui accentue l’aspect surnaturel au détriment de l’aspect humain et de toute sentimentalité. Ainsi, le naturalisme est découragé, au profit de dessins très géométriques, de même que tous les signes d’individualité artistique. Dans les écoles byzantines, essentiellement grecques et russes, où les plus belles icônes ont été produites, les artistes placent leurs scènes bibliques dans des paysages étranges et symboliques. Parmi ces paysages figurent fréquemment des montagnes symbolisant une proximité avec Dieu et des grottes dénotant un manque de spiritualité, même si leur présence ne vient pas directement en appui du texte biblique. Il est important de noter que l’homme à toujours cherché à représenter sa croyance comme s’il voulait la faire partager et la pérenniser au cours des siècles, et pour cela, il a cherché des supports que ce soit sous forme de peintures ou de statues.

Lorsqu’il s’agit de figures humaines, le symbolisme s’applique à la fois aux attributs vestimentaires et à la pose des personnages. Quant à la lumière qui se dégage des icônes aux fonds dorés ou argentés, elle est le symbole de la lumière divine. Si la représentation du Christ est autorisée dans la peinture d’icône, celle des deux autres composants de la Trinité (Dieu le Père et l’Esprit saint) est proscrite depuis le second concile de Nicée, 787, interdiction réitérée lors du grand concile de Moscou, 1666-1667.

trinite1ba.1251912455.jpgLes Maîtres de l’icône prennent alors l’habitude d’évoquer la Trinité en représentant les trois anges reçus avec hospitalité par le prophète Abraham, comme l’illustre magistralement l’Icône de la Trinité d’Andreï Roublev 1411 ou 1422-1423, galerie Tretiakov, Moscou. L’Esprit saint est pour sa part suggéré par le motif de langues de feu ou d’une colombe comme c’est le cas dans l’art religieux.

C’est au XIVe siècle qu’un moine Russe pieux, André Roublev, a écrit l’icône de la Trinité, telle qu’elle est connue. Un concile de l’Église orthodoxe Russe, le Concile des Cent Chapitres de 1551, qui s’est penché sur la question des icônes, en finalisant les canons iconographiques, a reconnu en cette icône le modèle même de l’icône. L’icône de Roublev est un modèle, pas uniquement au niveau de la technique, quoique ce soit une icône parfaite au niveau de la technique, mais un modèle au niveau des doctrines, car c’est une icône, qui, d’une manière extraordinaire, sert justement l’objet de l’icône, elle est donc une catéchèse sur Dieu, sans le représenter. Quand nous sommes devant cette icône, nous ne sommes pas devant une représentation de Dieu mais devant une catéchèse sur Dieu, et la piété de ceux qui vénèrent l’icône vénère, bien sûr, le mystère trinitaire. Ainsi, nous sommes en présence de Dieu, sans le voir, sans le comprendre.

Dans notre langage humain, nous allons essayer de voir ce que la tradition théologique véhicule par rapport à notre conception chrétienne de Dieu. Les chrétiens sont les seuls, parmi les trois religions monothéistes, à croire en la Trinité. Les juifs et les musulmans n’acceptent pas ce mystère pour eux, les chrétiens sont des polythéistes, des idolâtres, qui adorent plusieurs dieux occidentaux, par André Roublev .

Les icônes bulgares .

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Sainte Nedelya XIXème siècle détrempe sur bois, galerie des Beaux-Arts de Bulgarie.

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Déisis 1495 détrempe sur bois, collection du monastère de Botchkovo. Dans l’iconographie byzantine, le Déisis est une image représentant le Christ en majesté entouré de Marie et de Jean Baptiste. Il faut noter le symbolisme de la main droite. Le Christ tient dans sa main gauche le livre de l’Évangile ouvert et de la main droite, il esquisse une bénédiction. Les doigts sont placés pour former les quatre les lettres Grecques IC XC, signe traditionnel du mot Grec pour Jésus-Christ. I: l’index est droit, C: le majeur est courbe, X: l’annulaire se croise avec le pouce, C: l’auriculaire est courbé.

Dans l’icône traditionnelle du Christ de Pantocrator , la main droite du Christ est représentée dans une pose qui indique les lettres IC X et C.

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Il arrive que sur certaines icônes, le pouce se joigne à l’auriculaire et l’annulaire pour symboliser la Trinité, tandis que le majeur et l’index sont presque droits pour symboliser la double nature du Christ, humaine et divine.

Autre représentation de l’icône de Déisis entre la Sainte-Vierge et Saint Jean-Baptiste qui intercèdent auprès du Christ pour l’humanité.

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La nativité de la Vierge, seconde moitié du XVIème siècle Nessebar, Borislav Tchernev Galerie de Plovdiv.

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Le christ de Pantocrator de l’exposition des icônes Bulgares

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Saint Démétrios à cheval XIXème siècle Borislav Tchernev Galerie Nationale des Beaux-Arts de Bulgarie, Sophia.

Ces icônes sont tirées de la référence Le Figaro.fr/culture.

Les appareils photos étaient interdits, la photos du Christ de Pantocrator de l’exposition a été prise avant la connaissance de l’interdition.