Le 5 mars dernier paraissait dans le Nouvel observateur, un article autour de la violence conjugale, avec pour titre : "Violences faites aux femmes/ Les mots et les coups". S'en suivait la révélation d'une mission d'évaluation, commandée par Rachida Dati et qui serait en cours, pour cerner plus particulièrement les violences psychologique faites aux femmes. Le rapporteur de la mission, le député UMP Guy Geoffroy, s'y exprime : "Trop de femmes sont victimes de véritables entreprises de démolition de leur personne par des conjoints pervers narcissiques".


Le député Guy Geoffroy ne s'attendait certainement pas à recevoir, suite à ses déclarations dans le cadre de sa mission, des courriels sous forme de réclamations. Ils émanent simplement de mouvements impliqués dans la défense des hommes battus, que le député a tout l'air d'oublier. Car si le sujet fait volontiers rire, dans la réalité, et pour les victimes, ce n'est pas le cas.

 

Il va de soi qu'une prise de conscience autour du phénomène psychologique dans les violences conjugales est nécessaire. Une femme n'est pas battue du jour au lendemain par son compagnon. Cela passe par plusieurs phases, et tout d'abord par une véritable opération de manipulation, dans laquelle la femme sera dénigrée et sa personnalité démolie. Il s'agit d'abord d'un rapport de domination. La victime ne comprend pas de suite ce qui se passe. Elle est entrée dans un engrenage qu'elle n'avait pas prévu. Pour les victimes masculines, il en va de même.

 

Si dans cet article les violences faites aux femmes sont fort bien décrites, rien, absolument rien n'est dit des violences faites aux hommes, et pourtant, c'est bien là qu'est le véritable tabou. Ces violences sont mal connues et seraient, dit-on, particulièrement rares, à telle enseigne que rien n'est prévu, comme pour les femmes, pas de centre d'accueil et pas d'accompagnement dédié à cette violence. La situation est pourtant plus fréquente qu'il n'y parait, en témoignent les expériences québécoises, notamment, et elle se rapprocherait de celle des femmes assez sensiblement, y compris quantitativement.

L'origine du combat contre la violence conjugale émane des mouvements féministes et c'est à travers eux qu'il y eut d'abord une prise de conscience et partant une réelle organisation pour la combattre. A l'époque, la femme était parfaitement dépendante de l'homme, tout particulièrement au niveau financier et pour ces féministes, les hommes étaient trop souvent vus comme des ennemis de la femme, des ennemis intimes, à combattre, tout prêt à vouloir l'asservir à nouveau, la cantonnant aux taches ménagères et à la cuisine, lorsqu'ils ne profitaient pas de leur force physique pour la soumettre.

C'est peut-être pour cette raison que la cause des hommes n'est que très marginalement plaidée. L'homme est considéré comme un agresseur en puissance : il a la force physique pour lui, ce qui peut se révéler inutile face à un "adversaire" souvent plus "subtil". En effet, de tous les témoignages d'hommes battus, il ressort que les femmes qui les agressent ne sont pas différentes dans leur cheminement que les hommes violents. Tout commence par un dénigrement systématique de la virilité du compagnon. Critiqué en tant que mari, que père, qu'amant, bientôt c'est sa vie professionnelle et publique qui sera visée, il subira ensuite, généralement, un isolement familial.

La violence envers les hommes est plus souvent psychologique, mais pas uniquement, et une femme qui frappe son compagnon peut souvent le faire en sachant qu'il n'y aura pas de retour : un homme qui frappe une femme devient aussitôt la pire des ordures, et il le sait. Particularité consternante : les femmes violentes attendent le faux pas de leur compagnon, ceci après diverses intimidations et provocations, parfois après une série de gifles. Si l'homme répond de la même manière, elles s'empressent d'aller porter plainte et obtiennent souvent gain de cause, là où l'homme battu ne récoltera qu'un sourire narquois de l'officier de police qui le recevra, quand ce ne sera pas un bon gros rire bien gras.
Naturellement, ces femmes violentes vont grossir les statistiques des femmes battues, de par leur plainte… L' homme battu par sa femme a fatalement honte de lui-même. Il s'enferme dans une attitude de négation, s'il ne part pas aussitôt. Cela n'est pas venu seul et n'est pas plus risible que lorsqu'une femme reste auprès d'un homme violent, en espérant qu'il changera.
Comme les femmes, l'homme a peur pour ses enfants. Face à une personne déséquilibrée, il craint que toute cette violence ne rejaillisse sur eux (et de fait, les statistiques lui donnent raison : les enfants sont plus souvent maltraités par les mères que par les pères). La femme manipulatrice sait très bien ce qu'elle fait, elle n'ignore en rien que la loi sera de son côté, elle n'ignore pas que l'homme sera aussitôt jugé coupable. Elle agit en conséquence.
Sophie Torrent, diplômée du département social de l'université de Fribourg, a consacré un livre sur ce sujet : "Pour la majorité des gens, explique-t-elle, parler d'hommes battus est incroyable, pourtant, la triste réalité est qu'il existe des hommes battus. Sauf que ceux-ci n'en parlent pas et qu'ils ne peuvent, contrairement aux femmes compter sur des ressources communautaires pour les aider à sortit du cycle infernal de la violence conjugale".

Au Québec, une étude relativement récente, estime que 8% des femmes ont subi des violences conjugales, comme… 7 % des hommes. La violence est souvent psychologique, mais elle peut aussi être physique : les femmes sont moins fortes, mais elles utilisent des objets pour compenser, ce qui peut faire des dégâts considérables aussi bien physiquement que psychologiquement. L'on estime également que des suicides peuvent être dûs à le violence psychologique pratiquée par la compagne, bien qu'ici encore, il soit difficile d'émettre des statistiques fiables.

Au Québec, en Allemagne et en Suisses, des centres existent déjà pour accueillir les hommes battus, mais pas en France. Pourtant la situation n'a aucune raison d'être différente, le manque de statistiques réellement fiable est pour beaucoup lié au silence qui entoure cette problématique. D'autant que, puisque les mots manquent, il devient difficile pour les hommes de cerner la violence qui leur est faite.

En France, il n'existe aucun organisme pour les hommes battus et les organismes réservés aux femmes n'accueillent pas les hommes. Ils peuvent, dit-on, contacter le 3919. Une initiative isolée et non officielle existe toutefois : SOS hommes battus, avec un numéro d'appel non surtaxé. La personne qui tient le blog (car il s'agit aussi d'un blog), recense les différents témoignages qui lui sont faits. Le site semble incontournable sur le sujet.
Même un homme corpulent peut être victime de cette violence, face à une personne déséquilibrée, dans tous les milieux et de toutes origines. C'est la raison pour laquelle il ne serait sans doute pas anodin d'écrire au député en charge de la mission d'évaluation (son adresse : [email protected] ), pour que les personnes coupable de violence conjugale soient enfin prises pour ce qu'elles sont en dehors de leur "genre" : une femme aussi peut-être violente, notamment psychologiquement et il se trouve que c'est tout le sujet de l'évaluation.
 
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– 80% des hommes vivant cette  situation seraient pères, parmi eux, 12% sont séparés ou divorcés. Les femmes sont les plus souvent citées dans les violences envers les enfants.
 
– Selon France soir, dans une enquête sur le sujet, 8 à 10 % d'hommes seraient victimes de violences conjugales.

En 2006, 31 d'entre eux sont décédés, soit un décès tous les 13 jours.

Par comparaison, 10 % des femmes se déclarent victimes de violences conjugales et une femme est tuée par son compagnon tous les 4 jours.

 
– Un article de l'Express relate comment des anglais se réunissent dans un pub, avec tous la particularité d'être battus par leurs femmes.
L'article précise que : "Sur 341 victimes de violences domestiques, 45% sont des hommes et 17% des femmes, d'après les conclusions d'un groupe de médecins du Leicestershire, dans un rapport rendu public par le département britannique de la Santé."
 
– L'Express a publié aussi un document sur les maris battus.
 
– La violence conjugale en Europe
 
– une bonne chronique sur un blog sur le sujet
 

– Un article sur SOS papa, une association tournée sur les pères.
 
Sophie Torrent a écrit "L'homme battu" et Yvon Dallaire "La violence faite aux hommes", deux livres qui traitent tous deux de ce sujet.
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