Les hauts fonctionnaires anticipent-ils déjà une victoire de Hollande ?

Dans la haute administration, il semblerait bien qu’on n’attende pas le résultat de l’élection présidentielle pour commencer à se placer ! Déjà, au mois de janvier, le candidat socialiste avait ressenti le mouvement. Le 10 janvier, 300 experts étaient venus alimenter sa réflexion. François Hollande en avait bien conscience et il s’était adressé à eux en ces termes : « Je sais que certains d’entre vous sont aussi là parce qu’ils cherchent des postes…Ils ont raison, car des postes, il y en aura… »

Dimanche 19 février, François Hollande avait dénoncé « L’Etat UMP » et il avait prévenu "L’Etat UMP, un système dans la police et la justice". Il avait alors averti « que les hauts fonctionnaires qui sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d’autres s’il était élu à l’Elysée ».

François Baroin Ministre de l’Economie n’avait pas apprécié qu’on s’en prenne aux hauts fonctionnaire et avait rétorqué « c’est assez choquant, nous sommes un pays très structuré, c’est normal de travailler avec des gens de confiance, ça ce n’est pas choquant, c’est anormal de prendre l’opinion publique à témoin pour jeter l’anathème sur des grands serviteurs de l’État »

La riposte de Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Sarkozy fut encore plus percutante et basée sur un air « de chasse aux sorcières » ! Si Hollande est élu « il y aura une chasse aux sorcières qui sera suivie d’une purge »… « Il menace des fonctionnaires et fait peser un espèce de climat de défiance », a-t-elle déclaré. (D’après La Dépêche) 

Après çà, comment voulez-vous qu’on n’ait pas peur ! Les hauts fonctionnaires ont donc compris, pour la plupart. Certains auront beaucoup de mal à se recaser mais d’autres anticipent déjà une alternance !

Pierre Moscovici, porte parole du candidat socialiste a précisé que « ce n’est pas la chasse aux sorcières, ça s’appelle ce qui s’est toujours passé en République, le remplacement non pas de tous les fonctionnaires – car il en est de très loyaux – mais de ceux qui, politiquement, se sont investis ».

Mais où sont les hauts fonctionnaires qui veulent déjà changer de camp ? Dans les réunions de travail organisées pour le candidat socialiste. Par exemple, les députés PS ont vu arriver des jeunes talents dans leurs réunions… Ils venaient des ministères stratégiques et ils étaient prêts à mettre leurs compétences au service de l’opposition actuelle, selon Le Parisien.

On ne peut pas bien sûr en mesurer l’importance, mais on sait que des directeurs de cabinets ministériels n’ont pas hésité à faire des rappels à l’ordre. Comme par exemple, celui d’Alain Juppé, Ministre des Affaires étrangères,  qui n’avait pas hésité en janvier à dire à ses hauts fonctionnaires d’Alain Juppé aux Affaires étrangères : « chacun, ici, a la liberté d’avoir des convictions politiques. Mais chacun est aussi tenu au secret professionnel. Il est important dans cette période que le ministre puisse compter sur votre loyauté de fonctionnaires. »

Parfois certains hauts fonctionnaires passent à l’attaque, comme ce mystérieux groupe Calvignac, réunissant une douzaine de hauts fonctionnaires du ministère de l’intérieur qui a publié dans le Monde, le 21 février, un article qui accable Nicolas Sarkozy. Ils critiquaient alors « un pouvoir inefficace, injuste et partisan », des nominations de faveur, un Etat qui a perdu son crédit en s’obstinant dans la défense d’intérêts particuliers », et ils appelaient à l’alternance. Mais certains proches du PS ne les voient pas d’un bon œil ! Ils pensent qu’ils ont peur pour leur carrière, s’il y a un changement de majorité.

A la veille de chaque élection présidentielle, ce débat sur les hauts fonctionnaires est posé ! Comme nous sommes loin de « la République irréprochable » que Nicolas Sarkozy nous avait promis en 2007, il y aura encore des polémiques sur les changements de personnels au niveau des ministères et d’autres institutions d’Etat, sans que le changement prenne l’ampleur qu’on lui connaît aux Etats-Unis, lorsqu’un nouveau Président est élu.

Pour les hauts fonctionnaires qui commencent à changer de camp, c’est peut-être un peu tard… Mais on dira que c’est humain ! S’il y a déjà des mouvements c’est qu’ils ont déjà fait leur pari sur le vainqueur de la prochaine élection présidentielle.

 

(capture d’écran sur vidéo Dailymotion – 2007)