Les éditions collector interdites en hypermarché

Cet été, j’ai trouvé curieux de voir mon hypermarché habituel faire des remises hallucinantes sur les jeux en version collector. 3 à 6 € pour des coffrets neufs comprenant au moins le jeu + une splendide figurine et souvent même des cartes postales, un livre d’artworks et l’ost du jeu. Des packs qui pèsent souvent plus d’un kilogramme et qu’on trouve généralement chers même d’occasion. Je viens d’apprendre ce matin qu’en fait ce n’était pas simplement pour les soldes mais bien pour vider les stocks afin de ne plus posséder un seul collector.

Vendredi dernier sortait le jeu The Legend of Zelda The Wind Waker HD sur Wii U en version simple et en édition limitée. Curieusement, mon hypermarché habituel ne proposait aucune promotion sur ce jeu, alors que pour toutes les grosses sorties il y a des réductions intéressantes. Le jour de la sortie, aucune version collector dans le magasin et apparemment aucune version collector dans les autres magasins, à part les enseignes spécialisées qui obligeaient les joueurs à le réserver.  Je ne me suis pas affolé car l’édition collector du précédent Zelda avait fait l’objet d’une promotion d’un ce même magasin quelques semaines après sa sortie.

Ce matin, je tombe par hasard sur le chef de rayon jeux vidéo. Je lui demande s’il recevra bientôt les versions collector de ce jeu et là il me répond qu’il est maintenant interdit aux hypermarchés de vendre des versions collector. Il connaît bien son travail et semblait vraiment énervé de cette décision. En cherchant cette édition très limitée vendredi, j’avais appelé des boutiques spécialisées qui m’avaient déjà informé que leurs enseignes avaient des avantages par rapport aux hypermarchés, mais je n’avais pas demandé lesquels. Pourtant, je n’ai trouvé aucune loi parlant de cette interdiction.

Je trouve cette décision vraiment très regrettable pour le consommateur car les hypermarchés proposaient toujours des offres très alléchantes, les réductions pouvant atteindre 50 % du prix pratiqué ailleurs. C’était parfait pour les budgets modestes et le nombres de pièces disponibles en magasin était de toute façon limité donc l’impact sur les autres était assez faible. Mais au moins, les règles de la concurrence étaient respectées. Avec cette interdiction, on favorise les grands groupes et non les petites boutiques locales. On favorise aussi les sites de vente en ligne comme Amazon, alors qu’on nous parle sans arrêt de ses méfaits sur l’économie locale ! Une décision vraiment incompréhensible qui, une fois de plus, nuit aux consommateurs. Par exemple, la version collector de The Legend of Zelda The Wind Waker HD sur Wii U se trouve déjà à 180 € sur les sites marchands, pour un prix de départ de 65 €. Cette décision favorise aussi certains groupes : Leclerc, par son système d’espace culturel, parvient à contourner l’interdiction : j’ai acheté ma version collector là-bas, alors que c’est pourtant un hypermarché ! Je sais, on joue sur les mots là et c’est toute la subtilité de la loi car je ne l’ai pas acheté dans l’espace hypermarché mais dans l’espace culturel. Pourtant, au final c’est la même chose et j’ai même dû payer à la caisse de l’hypermarché alors c’est quoi la différence ? La différence, c’est pour le porte-monnaie : j’ai payé 64,90 € une version collector que j’avais à 50 € avant !

Les râleurs habituels vont venir dire que c’est un produit de luxe, loin d’être indispensable, mais il faut voir au-delà : si on commence à restreindre la vente de certaines catégories d’articles, alors on appliquera ces restrictions à d’autres catégories par la suite. Je ne dis pas qu’il faut tout vendre en hypermarché, mais il ne faut pas non plus prendre des décisions qui vont toujours à l’encontre de l’intérêt du consommateur.