"Les contes du cimetière", ce livre pour enfants paru en octobre 2007, et parfois difficile à trouver, a tout de même fini dans ma bibliothèque à Noël.

127 pages de morales, d’humour noir (bien entendu, ça reste bon enfant), d’anecdotes sur la vie. Un bel album richement illustré par Tony Ross, et écrit par Martin Waddell.

Tony Ross est surtout connu pour avoir dépoussiéré les vieux contes traditionnels avant de les remettre au goût du jour. Ici, sa patte artistique colle parfaitement aux thèmes abordés.

Quatorze histoires qui feront frissonner vos enfants, plus de plaisir que de peur.

 

L’ouverture constitue l’un des meilleurs contes. "Jouan le Froid" raconte les péripéties, pour le moins glauques, d’un "brave petit gars" maigrichon et affamé, prêt à tout pour obtenir sa soupe, y compris à se fournir en os auprès des habitants du cimetière, gardé par un vieux squelette, Jouan le Froid.

 

"La jeune épousée", qui suit "Jouan le Froid", a également tout de la bonne histoire. Une très bonne surprise se cache dans les dernières pages. Elle ne manquera pas de vous surprendre. Oui, même les grands enfants se laisseront emporter par ces lignes.

 

Un poil plus légère, "Il n’y a plus de beurre" aborde l’égoïsme et ce qui en découle. Quand un nouveau fermier prend la relève d’un autre, vieux et plein de sagesse, voilà ce que l’on obtient. Six pages d’un fait plus que jamais d’actualité. L’avarice.

 

Pour ce qui est de "Danse avec Fanch", joli récit mélancolique et profond, il aborde le manque, la tristesse. Mieux vaut ne pas en dire plus et laisser la surprise aux lecteurs.

 

Ah la la, la vie nous paraîtrait tout de suite plus belle si l’on avait un "Tom Coquin" à la maison. Histoire efficace s’il en est, qui nous montre combien les gens nous manquent quand ils ne sont plus là. A méditer…

 

"Maligne Petite Dora" ou l’espièglerie adulte. Petite fille qui s’est mis en tête d’épouser un prince, et qui se retrouve prise au piège à cause d’une tante trop bavarde et qui veut trop bien faire. Histoire fraîche et amusante.

 

"Le Fantôme du bois des Goules" fait office d’interlude. A être trop téméraire, on finit toujours par tomber sur un fantôme, non ?

 

"Le champ qui scintillait" rappellerait à n’importe qui Gulliver, bien que le fond soit très différent. De petits êtres riches, un avare (décidément). Devinez un peu ce qu’il va se passer et amusez-vous du sort que lui réservent ces étranges créatures.

 

La confiance en l’autre, cela ne vous évoque-t-il pas un concept lointain plutôt négligé de nos jours ? "La Dame de Llyn Y Fan Fach" aura tôt fait de vous rafraîchir la mémoire et, surtout, d’apprendre cette notion de confiance à vos enfants.

 

"L’Ogremitaine", lui, fait davantage penser aux contes traditionnels. Deux tailleurs, l’un aux doigts de fée, l’autre trop pressé, un ogremitaine à vêtir sur fond de pari, de défi. Et une fin malicieuse, bien plus que la Malicieuse Petite Dora croisée quatre histoires auparavant.

 

"Le fantôme de Porlock" est intéressant dans le sens où il explore le côté vivant, romantique d’un esprit. D’un côté, la population effrayée devant cet être qui déambule dans les rues. De l’autre, lui, le fantôme de Porlock, égaré depuis la nuit des temps, lui semble-t-il. Un récit doux et touchant, qui ne manquera pas de faire réfléchir sur la vision que nous pouvons avoir des fantômes.

 

La famille c’est sacré, n’est-ce pas ? Visiblement, le vieil homme de l’histoire semble ne pas s’en apercevoir assez tôt. "Bonnet de Joncs" se veut optimiste dans le sens où tout devient possible, du moment que l’on s’en donne les moyens. Plus facile à dire qu’à faire, je vous l’accorde, mais le récit n’a jamais dit que ce serait une partie de plaisir.

 

"Déménagement clandestin", voilà un conte qui nous fait préférer notre place de lecteur à celle d’Horace et Henriette, vieux couple de fermiers ennuyé par un gobelin.

 

Pour finir, "Les veilleurs" relate le décès simultané de deux personnes alors que le cimetière s’apprête à fermer définitivement ses portes. Mais alors, qui en gardera l’entrée pour l’éternité ? Pour les Brady, pauvres, et les Fergal, riches, pas question qu’il s’agisse de leur défunt. S’engage alors une stupide course contre la montre (d’assez mauvais goût, de surcroît). L’histoire est racontée comme on assiste à une cent mètres. Si l’écriture n’est pas tip-top de par sa manière d’enchaîner les péripéties, sa chute, en revanche, aurait de quoi mettre d’accord les Brady et les Fergal s’ils ouvraient un peu les yeux.

 

"Les contes du cimetière" ravira petits et grands, pour peu que vous soyez resté un enfant dans votre esprit. Une découverte, une immersion dans un monde où tout semble possible, le pire comme le meilleur.