(à la manière de JM…)
Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde.
Nul ne l’aura oubliée, cette réplique extraite des Tontons flingueurs, devenue proverbiale par la grâce gouailleuse de Michel Audiard. On ne se souvient pas toujours hélas à bon escient, qu’il crut bon d’assortir la tautologie d’un salutaire mode d’emploi : « C’est même à ça qu’on les reconnaît ! ». Et pourtant, un homme averti …
Arrivés à ce point de l’article, je comprendrais aisément votre perplexité, amis lecteurs, si vous en étiez à vous demander de quoi (ou même de qui) il va traiter. Il est vrai que les sujets de la plus brûlante actualité ne manquent pas pour illustrer ce propos !
Alors, afin de ne pas entretenir exagérément le suspense, je préciserai d’emblée qu’il ne s’agit pas d’évoquer les turpitudes administrativo-judiciaires d’un ex-bateleur aujourd’hui soupçonné de sévir en « trois-bandes », organisées ; ni des frasques de cet autre qui, pour s’être fait prendre la main dans le sac, est rendu responsable de la faillite de son parti pour 11 malheureux millions, lesquels ne font pourtant que s’additionner (algébriquement) aux 44 qui avaient déjà amplement suffi à le mettre dans le rouge (dont 4 du seul fait de n’avoir pas respecté, sciemment, la parité de rigueur parmi ses candidats).
Et, puisqu’on parle de cyclistes, ce billet ne dira rien non plus de celui qui, fort de ses aveux expiatoires et de son expérience sept fois renouvelée, a bien failli désespérer le bon peuple en lui assénant sans ménagements que « le Tour ne peut pas se gagner sans dopage » ; ce qui ne signifie pas pour autant que tous ceux qui se doperont (ou plutôt, qui se « prépareront », selon la terminologie officielle des directeurs « sportifs ») le gagneront !
Non, l’objet sera beaucoup plus terre à terre, puisqu’il s’agit de « vous », de « moi », de « nous » quoi.
Encore conviendrait-il sans doute, sans abuser, de bien faire la différence sémantique entre ces divers pronoms, non sans faire remarquer qu’ils excluent le « tu » (moralisateur, qui tue) et le« je » (celui du « messa-je » de l’affirmation de soi) tous deux chers aux psychologues calembourdesques modernes.
De constater, enfin, qu’ils négligent tout autant « eux ». Il ne conviendrait en aucun cas de confondre celui-ci avec « vous » ; pour s’en convaincre, il suffit de réentendre cette annonce dont les medias nous ont gâté : « parmi les personnes interrogées lors du sondage, 70 % pensent que NS sera de nouveau candidat ; mais 40 % le souhaitent », qui démontrerait à elle seule, s’il en était besoin, à quel point était fondée la mise en garde sartrienne : « L’enfer, c’est les autres » …
Alors, de vous à moi, où siège-t-elle, cette différence sémantique ? Eh bien, elle est des plus ténues : au « vous » strictement exclusif s’oppose le « nous », résolument inclusif. Et je suis, « moi », celui qui la fait, toute la différence entre ce qui est compris et ce qui ne l’est pas. Compris ?
Mais je prends conscience, parodiant un sketch de Desproges (inconsciemment sans doute, mais en toute inconscience sûrement), que je suis en train d’accorder une proportion démesurée à des préliminaires qui, en dépit de leur incontestable intérêt, diffèrent d’autant la véritable entrée en matière, mettant à rude épreuve la patience légendaire d’un lecteur qui d’ailleurs a peut-être décroché depuis longtemps. Dans ce cas, il serait de ma part de la plus élémentaire prudence, teintée d’un réel respect pour le fidèle opiniâtre qui, bien que las, serait encore là, d’y entrer promptement, tout de go et sans plus tergiverser, dans le vif du sujet ; là, maintenant, tout de suite !
Vous aurez sans nul doute remarqué que c’est un calendrier qui illustre l’en-tête de ce billet, et même un calendrier des plus particuliers, dont le second semestre est nimbé de vert, couleur de l’espoir. C’est qu’il symbolise ce marronnier (qui ne va pas tarder à fleurir, je vous le fiche, mon billet) par lequel, pour stigmatiser le caractère honteusement confiscatoire des prélèvements fiscaux et sociaux, de prévenants chroniqueurs vont faire remarquer que ce n’est qu’au cours du mois de juillet que commence (un énorme ENFIN étant sous-entendu) le travail pour son propre compte.
Gardons-nous de faire grief à ces boute-en-trains (encore qu’à l’heure des évènements d’actualité, ce qualificatif ne soit sans doute pas des plus gratifiants …) de la double erreur qu’ils commettent à négliger le plus fourni de ces prélèvements, celui que l’on nomme TVA.
Du simple fait de son existence (et qu’elle soit indolore n’y change rien) : primo, il est proprement inapproprié de faire débuter dès Thermidor un bénéfice qui en vérité le doit plutôt à Vendémiaire -pour ne pas dire Brumaire- et secundo se réduisent à néant toutes les ratiocinations de ceux qui déplorent que tous les Français ne payent pas l’impôt, puisque tous acquittent la TVA, même en payant pas contents.
Nonobstant une autre erreur, que le fait d’être couramment admise ne dispense pas d’une franche grossièreté : si le second semestre (corrigé des variations mentionnées supra) est bien à« moi », ce n’est pas à « vous » que bénéficie exclusivement mon premier ; c’est à « nous ». « NOUS », donc « moi » inclusivement
Lesdits chroniqueurs seraient donc mieux inspirés de réarranger la ramure de leurs marronniers en précisant que mes gains du premier semestre servent à couvrir mes besoins collectifs, alors que ceux du second peuvent se consacrer à la satisfaction de mes désirs individuels ; mais ils s’en garderont bien puisqu’ils n’en tireraient pas une plus grande popularité.
Tâchons de ne pas anticiper la certitude de cette hypothèse, mais admettons sans barguigner qu’il n’est pas du tout exclu que les différentes enquêtes diligentées à Brétigny-sur-Orge concluent au constat que mi-juillet, lesdits besoins collectifs ne le sont qu’imparfaitement, satisfaits.
PS : au moment de valider vos futurs commentaires, tentez d’oublier, je vous prie, la facilité qui serait de vous en prendre à « eux » (ou à ses formes singulières que sont « lui » et « elle »). Que la paranoïa vous épargne également de « vous » sentir pris à parti, mis en cause : c’est bien de « nous » qu’il a été ici question ; « nous », donc « moi » compris !
(*) cet article a été proposé le 13 juillet ; mais des problèmes techniques n’ont pas permis sa prise en compte. Lorsqu’il a été de nouveau soumis, le 15, ce qui n’était que des intuitions personnelles avait pris du corps, tant sur les voies de Brétigny que sur les pentes du mont Ventoux …
Très bonne approche mais à fouiller car l’UMPS est une véritable souricière à malfrats….
[b]la mise en garde sartrienne « L’enfer, c’est les autres » et quant à soi-même, n’est-ce pas ?
Sartre est un totalitariste qui par cette phrase permet d’excuser toutes rétorsions, tout en la parant de beaux atours par sa forme sibylline afin que ceux qui sont du premier degré la prenne pour autrui
A part cette remarque,
quelle belle écriture JPLT007 ! vraiment ! [/b]
C’est un plaisir de vous lire, vraiment. Un plaisir qui ne coûte rien.
Pour un article alambiqué….Puiss’que vous citez Michel Audiard, l’un des tontons vous aurai dit-« L’est pas facile à trouver ton truc, çà fait un quart d’heure que je tourne autour. » Vous avez du fabriquer de l’alcool clandestin dans une eau de vie.
Merci de votre visite uncle ben, vous qui ne collez jamais !
[i]Alambiqué[/i], je l’admets. J’avais connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner, mais on a arrêté de distiller : les gens devenaient aveugles …