Lors de leur sermon du dimanche, les curés de 33 églises américaines ont demandé à leurs fidèles de ne pas voter pour le candidat démocrate Barack Obama lors des prochaines élections présidentielles.

En faisant cela, ils ont violé une loi de 1954 interdisant aux mouvements religieux de se mêler des campagnes politiques ou d'apporter leur soutien à un candidat.

Dans certains cas, certains curés ont même directement demandé à leurs fidèles de voter pour le candidat républicain, John McCain, affirmant que ce dernier avait une vision plus biblique de la politique, tandis que le démocrate Obama faisait preuve d'une "schizophrénie morale " particulièrement lorsqu'il prenait position en faveur de l'avortement et des unions homosexuelles.

D'autres curés, plus prudents, ont simplement déclaré qu'il voterait pour McCain, ce qui est aussi une déclaration politique tombant sous le coup de la loi de 1954, même s'ils s'empressaient de rajouter : « mais c'est ma décision personnelle, c'est à vous de décider, c'est votre décision et je ne serai pas à vos côtés devant l'urne pour surveiller votre vote, mais agissez en conscience »

Un rabbin, interrogé par le journal Washington Post sur les pratiques de ses homologues catholiques a répondu qu'il ne voyait aucune objection à ce que les membres d'un clergé s'investissent dans les campagnes politiques pour autant que ce soit en dehors des temples, des synagogues ou des mosquées. Ceux-ci sont des sanctuaires et ne devraient pas être des lieux d'agitation politique.

Selon Erik Stanley, mandataire de l'association ADF qui œuvre pour la défense des libertés individuelles, c'est à sa demande que les curés auraient agi, pour s'élever contre la loi de 54 qu'il juge anticonstitutionnelle et pour défendre les deux libertés les plus importantes aux yeux du peuple américain : celle d'expression et celle de liberté religieuse. C'est ainsi que plusieurs centaines de curés avaient répondu présent à l'appel de l'association, et même si ce ne sont finalement que 33 curés qui ont modifié leurs sermons du dimanche 28 septembre 2008, c'est malgré toute une victoire pour Erik Stanley, car cette " mutinerie " prouve que les pasteurs estiment eux aussi que la loi de 1954 est inique et que l'homme d'Église se doit de défendre ses fidèles et son église quitte à violer la loi pour dénoncer le danger que représente un des candidats.

La plupart des juristes approuvent l'initiative et reconnaissent que la loi de 1954 connue sous le nom de "Johnson Amendment" avait été conçue pour empêcher certaines sectes et association sans but lucratif de s'opposer à la campagne de Lyndon Johnson au Sénat. Effectivement, admettent les spécialistes, cet amendement est contraire à la liberté d'expression et ne respecte pas la séparation de l'État et de l'Église, car aucune loi ne peut dicter aux hommes d'Église ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas dire lors de leurs sermons.

Après s'être embourbée dans les débats de la crise financière, la campagne présidentielle américaine va-t-elle se terminer en affrontements entre les catholiques qui soutiennent McCain et les protestants qu'Obama va sans doute appeler à la rescousse… à moins qu'il ne soit musulman comme certains l'ont affirmé !