Juste une petite anecdote pour étayer mon propos : il y a quelques jours, alors que je venais dire un petit bonjour à ma chère maman, 82 ans, j’aperçois sur sa table un tract politique que je m’empresse de feuilleter. Il s’agissait de la profession de foi d’un jeune prétendant à la députation, Boris Ravignon pour ne pas le nommer, notamment connu pour avoir été jusqu’il y a peu un conseiller de Nicolas Sarkozy. Le jeune homme aux dents longues, conseiller municipal à Charleville-Mézières et conseiller général, vient donc de perdre sa place à l’Elysée et espère bien devenir député dans une circonscription d’habitude acquise à la gauche. (55 % des électeurs ont voté pour Hollande) 

Ma mère me demande : « C’est qui celui-là, de quel parti il est ? » 

Je dois dire que cette question m’étonne mais lorsque je relis attentivement le tract, je m’aperçois que rien ne permet en effet dans la prose du candidat de savoir qu’il appartient à l’UMP et qu’à aucun endroit il n’est fait mention à Nicolas Sarkozy dont il se vantait il y a peu d’être un influant conseiller. Au contraire, le filou a choisi comme suppléante une syndicaliste FO et il insiste beaucoup sur son enracinement local, en essayant de faire croire que le travail d’un député est avant tout dans sa circonscription. 

Evidemment, tout le monde n’est pas au fait de l’actualité politique locale et je me suis demandé combien de personnes pouvaient, comme ma mère, être bernées par un tract incomplet dans lequel le candidat se vante de quelques actions bénéfiques pour notre département. Il oublie de dire que sa position à l’Elysée lui avait permis sans aucun doute d’obtenir des petites choses mais que ce serait moins facile aujourd’hui qu’il avait quitté le « château ».

Est-il normal qu’un candidat investi par un parti entretienne le flou sur cette appartenance ? Est-ce volontaire ou un malheureux oubli ? Je pense que certains électeurs n’y verront que du feu et voteront sans savoir à qui ils ont réellement à faire. J’avoue que j’ai profité de mon influence sur ma maman pour la persuader que, comme elle avait voté pour François Hollande, il serait plus judicieux de choisir un autre candidat. A quoi ça tient, la démocratie !