L’avènement de l’internet et de la téléphonie mobile en Afrique ont été salutaires à bien des égards. Les populations restées longtemps enclavées à cause de l’inaccessibilité des moyens de communication, ont pu trouver l’outil ô combien puissant pour faire entendre leur voix si longtemps étouffées. A voir leur hyperactivité sur les réseaux sociaux et dans les blogs, on comprend combien de fois ces millions de jeunes à travers tout le continent éprouvent le besoin d’explorer d’autres cieux et de partager leurs expériences. Il y a eu aussi la création de plusieurs emplois qui ont absorbé une partie du chômage sur le continent.

 Cependant, revers de la médaille, l’internet a aussi suscité et révélé des vocations moins recommandables chez les jeunes gens. Et on n’a eu même droit à l’invention du néologisme « Cybercriminalité ». En Cote d’ivoire, la spécialité la plus prisée est l’arnaque. Les individus qui s’illustrent dans cette pratique, on les appelle les « Brouteurs ». Ce sont pour la plus part de jeunes gens qui ont appris l’informatique sur le tas. Déscolarisés et sans emploi, ils ont appris l’art de l’usurpation d’identité et de titre. Ils ont surtout appris à imiter parfaitement l’accent européen. Galvanisés par le rythme du coupé décalé, tendance musicale qui prône l’apologie du style vestimentaire et l’étalage de l’argent, ils extorquent à leurs victimes des sommes énormes via le net, par des procédés tout aussi variés qu’efficaces. Il y a n’en qui se font passer pour des femmes en quêtes d’hommes, pour des veuves héritières, de grands hommes d’affaires, bref, tout ce qui peut attirer quelqu’un dans un piège insoupçonnable. Leurs pigeons de prédilection, les occidentaux bien sûrs, trop crédules et naïfs pour se méfier d’une arnaque évidente.

En cote d’ivoire, quoi qu’ils soient traqués par la police scientifique, les « brouteurs » sont très célèbres. Les filles les adulent à cause de leur style de vie à cent à l’heure. Ils dépensent sans compter. Dans les discothèques et autres dancings de la capitale, les discs jokeys chantent leur louange. Ils financent même la production de certains albums musicaux par le butin de leurs différents forfaits. Et comme pour ne pas déroger à la tradition africaine, à toutes leurs « opérations », ils associent le mysticisme. Les marabouts sont donc mis à contribution et les brouteurs sont prêts à tout pour satisfaire aux exigences des charlatans. Ils entreprennent des voyages périlleux, notamment au Benin dans les sectes vaudou, dans l’espoir de trouver un puissant talisman capable de faire prospérer leur « business ». Malheureusement, certains y trouvent la mort. D’autres par compte ont du succès et font les beaux jours de la cybercriminalité en Cote D’ivoire.

Au-delà de ce phénomène, règne un réel problème. En Cote d’ivoire, plusieurs enfants quittent très tôt le domicile familial pour diverses raisons et se retrouvent livrés à eux même. Les structures sociales d’accueil, à causes de nombreuses difficultés, ne parviennent pas à leurs apporter l’assistance nécessaire. Et lorsque se pose pour ces adolescents le problème de la survie, la facilité est la seule initiative qui semble s’imposer à eux