Cette famille italienne, mais qui tire ses racines des terres espagnoles de la petite bourgade de Borja dans la région d’Aragon, va jouer un grand rôle dans la vie politique du XVème siècle de la botte méditerranéenne.

De ses rangs sortent 2 papes, le premier, Alphonso dit Calixte III, de 1455 à 1458 puis le très sombre Rodrigo, dit Alexandre VI, de 1492 à 1503.

Rodrigo, de famille noble,  naît en 1431 à Xativa dans le royaume de Valence. Dès sa jeunesse sa voie est tracée, en tant que neveu puis fils adoptif du pape, il gravit rapidement les échelons de l’Eglise pour en devenir le maître en 1492 lors d’un conclave où il s’assure le nombre nécessaire de voix grâce à des pots de vins.  C’est dorénavant sous le titre d’Alexandre VI qu’il se fera connaître.

Alors qu’actuellement on débat au sein de l’Eglise sur le fait que les prêtres puissent se marier et avoir des enfants, lui, semble-t-il, ne se souciait guère de cela. Un jour, il fait la rencontre d’une jeune patricienne romaine, Vanazzo Catanei, avec qui il a 4 enfants, Lucrèce, César, Giovanni et Francisco. Apparemment adepte de la polygamie, il aura également un enfant avec une fille de 43 ans sa cadette, elle n’a alors que 15 ans alors que ses tempes grisonnantes affichent 58 ans au compteur, cette aventure renforce son image déjà bien peu flatteuse. Ses mœurs peu conventionnelles vont irriter les plus fidèles des catholiques, c’est alors que le futur pape Jean II mène une cabale à son encontre et tente de le déposer en vain. Une nouvelle casserole s’ajoute à son lourd passif quand des accusations de viols homosexuels et de meurtre sur la personne d’Antore Manfredi, dont on retrouvera le corps flottant dans les eaux du Tibre, véritable cimetière à ciel ouvert qui accueille les dissidents politiques depuis la Rome Antique, le vise personnellement.

Afin d’assurer ses arrières, il pratique le népotisme de façon exacerbée et ruinent les riches familles romaines pour dépenser leur fortune dans des entreprises guerrières contre la France lors des guerres d’Italie, sans oublier de s’en mettre une partie dans les poches.

Il est également à l’origine de l’utilisation de la langue portugaise au Brésil, car, lors du traité de Tordesillas en 1494, il réserve cette terre au roi du Portugal et laisse le reste de l’Amérique du Sud aux rois catholiques d’Espagne. Il n’a de catholique que le nom car sa vie privée est loin d’être celle d’une personne abstinente, beaucoup de récits contemporains dont celui du prélat Jean Burchard, présent au Vatican, relate des soirées orgiaques la plus célèbre étant celle du 31 octobre 1501 où, des dizaines de prostitués furent « notées » selon leurs performances bien particulières et avec la participation de ses deux enfants, Lucrèce et César. Outre cette image sulfureuse, il est tout de même un grand mécène et a, grâce aux deniers volés aux aristocrates et à l’Eglise, permis de financer des œuvres d’art comme celles de Michel-Ange.

Sa fin prête à de nombreuses discussions mais il semble qu’il ait été pris à son propre piège en buvant lui-même une coupe empoisonnée par ses soins mais destinée à un rival lors d’un banquet. Il laissera derrière lui une image très noire de la papauté.