Les années de plomb de l’information

La controverse sur le rôle et le devenir des media de masses et de la télévision en particulier est d’actualité dans presque tous les pays du Maghreb en mal, à des degrés divers, de liberté d’expression. Mais l’article publié par le journaliste marocain Abdessamad Bencherif Présentateur de l’émission tendance sur la chaine « M2 » et son ex Chef de rédaction des informations sort nettement du lot en abordant la question d’une façon qui jette la lumière sur les enjeux  et le véritable rôle de la télévision et des médias en général dans des pays en phase de transition vers la démocratie. « Vingt ans après le lancement de la deuxième chaine la télévision ne doit plus servir à la commercialisation des messages d’éloges, à faire la propagande et à assassiner les compétences » titre le journaliste le texte original en arabe de son article dont la présente traduction à été publié par « le journal hebdomadaire » du 7 au 13 Mars 2009 :

Par Abdessamad Bencherif

Plusieurs observateurs et operateurs, quelles que soient leurs positions, leurs convictions et leurs tendances intellectuelles et politique, reconnaissent à l’unanimité que la décision du roi Hassen II de lancer la deuxième chaine en 1989 démontrait une vision politique proactive et un génie exceptionnel. Le royaume devait en fin disposer d’un organe d’information qui préparerait les marocains intellectuellement et psychologiquement à plusieurs transitions « politiques, juridique, économiques, culturelles et de génération ». Le lancement de 2M n’était pas une simple coïncidence ou un caprice d’information dicté par les facteurs éphémères de la conjecture. Ce projet d’information s’inscrivait dans le cadre des transformations politiques, économiques et sociales que le Maroc à commencé à vivre dés la fin des années 1980 et dans le cadre des changements internationaux de cette époque, comme par exemple la décadence du bloc communiste. Ainsi lors de sa création la deuxième chaine est vue comme le produit d’une vision proactive, venue satisfaire les besoins et les exigences de la société marocaine, hanté par le désir de rejoindre la caravane du progrès qui a touché les mass media partout dans le monde.

On dépit de toutes les créatiques qu’on peut faire de l’expérience accumulée de 2M, cette chaine a réalisé au début des années 90, Une percée significative dans le champ de l’information Marocain et arabe et a constitué une nouvelle donne qui a suscité l’intérêt de tous les opérateurs. Vingt ans après, suite à une série de changement, d’évolutions et de décisions, notamment le passage du secteur privé au secteur public, on peut supposer que la deuxième chaine a atteint l’âge de la maturité professionnelle.

Par ailleurs, la concurrence acharnée en matière d’information et la naissance rapide de centaines de chaines télévision par satellite ont donné au spectateur marocain plusieurs options sans qu’ils soient soumis à aucune orientation ou censure.

Déviation professionnelle

Au moment ou nous célébrons le 20ème anniversaire de la deuxième chaine nous remarquons que le projet d’information initial a connu des entraves au niveau de la rédaction. Il s’est transformé à maintes reprise en une partie à laquelle on a délégué la mission de règlement des comptes avec des partis, des tribunes d’information nationales et arabes des courants intellectuels et associatifs et il s’est à plusieurs reprise substitué au ministère des Affaire étrangères, de la Justice et de l’Intérieure. La deuxième chaine n’a pas hésité à manipuler une partie de l’opinion publique contre une autre, en diffusant des reportages dont les commentaires ressemblaient d’avantage à des communiqués militaires. Cela constitue une déviation dangereuse qui donne le coup de grâce aux enjeux que 2M s’été fixés, les objectifs pour lesquels elle existe. Au lieu de traiter l’information de manière professionnelle, la chaine a ainsi dévié en diffusant les projets et les initiatives de l’Etat et en faisant la promotion de personnalités qui sont à classer dans le cercle proche des décideurs. Pis encore, Un nombre de personnes qui occupent depuis des années des postes de responsabilité au sein de la deuxième chaine ont opté dans un cadre planifié et écaudée pour l’élimination des competences et s’ingénue par tous les moyens à les neutraliser et  les reléguer dans la case de l’oubli.

Etrangement, aucun directeur général n’est parvenu à mettre fin à ce comportement alors que tout le monde est parfaitement au fait de son caractère dangereux et de ses répercussions négatives sur le rendement, la stabilité et la cohérence de la chaine.

Les 20 ans d’existence de la deuxième chaine ont été réduits aux exploits du directeur général adjoint, de la directrice des informations Samira Sitail et de son assistant Réda Benjalloun. Toute leurs réalisations constituent le bilan et le capital de la chaine en matière d’animation des débats politiques, la commercialisation d’une image idéale sur l’institution monarchique, la défense de l’intégrité territoriale, l’extension de la marge des libertés publiques, l’ancrage des fondement de la réconciliation, l’enracinement des valeurs de citoyenneté, de modernité et de démocratie, la consécration de la pluralité, la diversification, la réhabilitation de l’amazigh, la mise à niveau du champs religieux, économique et agricole, la lutte contre la terreur, le désenchantement politique, l’abandon scolaire, la pauvreté, le chômage, la flagornerie sous toutes ses formes, etc…

Pratiques nuisibles

Ne s’agit-il pas d’un acte de provocation à l’encontre de l’histoire de la chaine, d’une confiscation dégradée, avilissante et haineuse des expériences et des efforts des autres ? qui leur a permis de planifier et d’exécuter ce massacre symbolique contre leurs collègues s’ils croient eux même aux valeurs de confraternité professionnalisme ? est ce en raison des responsabilités qu’ils occupent qu’ils se permettent de s’attribuer tout exploit réalisé tout au log de l’histoire de la deuxième chaine ? Suffit il d’être responsable pour haïr les autres ? si nous admettons qu’un nombre d’erreurs, de bévues et de pratique non professionnelle sont devenus un élément structurel dans le fonctionnement de la deuxième chaine, pourquoi ces pratiques n’ont pas été cernés et leurs auteurs n’ont pas été contraints de répondre de leurs actes et de rendre des comptes ? ou bien jouissent-ils d’un statut particulier vu qu’ils sont protégés par des instances influentes dans l’Etat et qu’ils sont pour ces derniers la seule possibilité pour garantir la continuité d’une gestion conforme aux besoins et aux exigences de l’Etat ? Quels que soient les motifs, il s’agit en premier et en dernier lieu d’une conviction publique : personne n’a le droit de faire appel à son tempérament pour régler des comptes avec des compétences qui ne sont pas d’accord avec sa manière de travailler. Personne n’a le droit de prétendre qu’il entretient une relation solide avec un établissement fort et influent, avec un organe ou une instance capable de prendre des décisions dans le domaine de l’information, ou faire de la responsabilité un outil pour tuer la compétence, l’intelligence, les valeurs et la déontologie qui constituent la quintessence et l’âme du journalisme.

Le petit cercle qui monopolise la prise de décision en matière d’information dans le secteur public ne s’est pas rendu compte que de telles pratiques nuisent à la télévision. Car la promotion par l’image, la commercialisation dus discours d’éloge, de glorification et de propagande ne peuvent induire personne en erreur. Les pratiques dont nous avons parlé n’appartiennent-elles pas aux années de plomb dans le domaine de l’information ? Meme si cette question englobe une grande charge d’amertume et de sarcasme aussi.

Le Journal Hebdomadaire du 7 au 13 Mars 2009 (30/31)
Version originale en arabe sur le blog de l’auteur

La controverse sur le rôle et le devenir des media de masses et de la télévision en particulier est d’actualité dans presque tous les pays du Maghreb en mal, à des degrés divers, de liberté d’expression. Mais l’article publié par le journaliste marocain Abdessamad Bencherif Présentateur de l’émission tendance sur la chaine « M2 » et son ex Chef de rédaction des informations sort nettement du lot en abordant la question d’une façon qui jette la lumière sur les enjeux  et le véritable rôle de la télévision et des médias en général dans des pays en phase de transition vers la démocratie. « Vingt ans après le lancement de la deuxième chaine la télévision ne doit plus servir à la commercialisation des messages d’éloges, à faire la propagande et à assassiner les compétences » titre le journaliste le texte original en arabe de son article dont la présente traduction à été publié par « le journal hebdomadaire » du 7 au 13 Mars 2009 :

Par Abdessamad Bencherif

Plusieurs observateurs et operateurs, quelles que soient leurs positions, leurs convictions et leurs tendances intellectuelles et politique, reconnaissent à l’unanimité que la décision du roi Hassen II de lancer la deuxième chaine en 1989 démontrait une vision politique proactive et un génie exceptionnel. Le royaume devait en fin disposer d’un organe d’information qui préparerait les marocains intellectuellement et psychologiquement à plusieurs transitions « politiques, juridique, économiques, culturelles et de génération ». Le lancement de 2M n’était pas une simple coïncidence ou un caprice d’information dicté par les facteurs éphémères de la conjecture. Ce projet d’information s’inscrivait dans le cadre des transformations politiques, économiques et sociales que le Maroc à commencé à vivre dés la fin des années 1980 et dans le cadre des changements internationaux de cette époque, comme par exemple la décadence du bloc communiste. Ainsi lors de sa création la deuxième chaine est vue comme le produit d’une vision proactive, venue satisfaire les besoins et les exigences de la société marocaine, hanté par le désir de rejoindre la caravane du progrès qui a touché les mass media partout dans le monde.

On dépit de toutes les créatiques qu’on peut faire de l’expérience accumulée de 2M, cette chaine a réalisé au début des années 90, Une percée significative dans le champ de l’information Marocain et arabe et a constitué une nouvelle donne qui a suscité l’intérêt de tous les opérateurs. Vingt ans après, suite à une série de changement, d’évolutions et de décisions, notamment le passage du secteur privé au secteur public, on peut supposer que la deuxième chaine a atteint l’âge de la maturité professionnelle.

Par ailleurs, la concurrence acharnée en matière d’information et la naissance rapide de centaines de chaines télévision par satellite ont donné au spectateur marocain plusieurs options sans qu’ils soient soumis à aucune orientation ou censure.

Déviation professionnelle

Au moment ou nous célébrons le 20ème anniversaire de la deuxième chaine nous remarquons que le projet d’information initial a connu des entraves au niveau de la rédaction. Il s’est transformé à maintes reprise en une partie à laquelle on a délégué la mission de règlement des comptes avec des partis, des tribunes d’information nationales et arabes des courants intellectuels et associatifs et il s’est à plusieurs reprise substitué au ministère des Affaire étrangères, de la Justice et de l’Intérieure. La deuxième chaine n’a pas hésité à manipuler une partie de l’opinion publique contre une autre, en diffusant des reportages dont les commentaires ressemblaient d’avantage à des communiqués militaires. Cela constitue une déviation dangereuse qui donne le coup de grâce aux enjeux que 2M s’été fixés, les objectifs pour lesquels elle existe. Au lieu de traiter l’information de manière professionnelle, la chaine a ainsi dévié en diffusant les projets et les initiatives de l’Etat et en faisant la promotion de personnalités qui sont à classer dans le cercle proche des décideurs. Pis encore, Un nombre de personnes qui occupent depuis des années des postes de responsabilité au sein de la deuxième chaine ont opté dans un cadre planifié et écaudée pour l’élimination des competences et s’ingénue par tous les moyens à les neutraliser et  les reléguer dans la case de l’oubli.

Etrangement, aucun directeur général n’est parvenu à mettre fin à ce comportement alors que tout le monde est parfaitement au fait de son caractère dangereux et de ses répercussions négatives sur le rendement, la stabilité et la cohérence de la chaine.

Les 20 ans d’existence de la deuxième chaine ont été réduits aux exploits du directeur général adjoint, de la directrice des informations Samira Sitail et de son assistant Réda Benjalloun. Toute leurs réalisations constituent le bilan et le capital de la chaine en matière d’animation des débats politiques, la commercialisation d’une image idéale sur l’institution monarchique, la défense de l’intégrité territoriale, l’extension de la marge des libertés publiques, l’ancrage des fondement de la réconciliation, l’enracinement des valeurs de citoyenneté, de modernité et de démocratie, la consécration de la pluralité, la diversification, la réhabilitation de l’amazigh, la mise à niveau du champs religieux, économique et agricole, la lutte contre la terreur, le désenchantement politique, l’abandon scolaire, la pauvreté, le chômage, la flagornerie sous toutes ses formes, etc…

Pratiques nuisibles

Ne s’agit-il pas d’un acte de provocation à l’encontre de l’histoire de la chaine, d’une confiscation dégradée, avilissante et haineuse des expériences et des efforts des autres ? qui leur a permis de planifier et d’exécuter ce massacre symbolique contre leurs collègues s’ils croient eux même aux valeurs de confraternité professionnalisme ? est ce en raison des responsabilités qu’ils occupent qu’ils se permettent de s’attribuer tout exploit réalisé tout au log de l’histoire de la deuxième chaine ? Suffit il d’être responsable pour haïr les autres ? si nous admettons qu’un nombre d’erreurs, de bévues et de pratique non professionnelle sont devenus un élément structurel dans le fonctionnement de la deuxième chaine, pourquoi ces pratiques n’ont pas été cernés et leurs auteurs n’ont pas été contraints de répondre de leurs actes et de rendre des comptes ? ou bien jouissent-ils d’un statut particulier vu qu’ils sont protégés par des instances influentes dans l’Etat et qu’ils sont pour ces derniers la seule possibilité pour garantir la continuité d’une gestion conforme aux besoins et aux exigences de l’Etat ? Quels que soient les motifs, il s’agit en premier et en dernier lieu d’une conviction publique : personne n’a le droit de faire appel à son tempérament pour régler des comptes avec des compétences qui ne sont pas d’accord avec sa manière de travailler. Personne n’a le droit de prétendre qu’il entretient une relation solide avec un établissement fort et influent, avec un organe ou une instance capable de prendre des décisions dans le domaine de l’information, ou faire de la responsabilité un outil pour tuer la compétence, l’intelligence, les valeurs et la déontologie qui constituent la quintessence et l’âme du journalisme.

Le petit cercle qui monopolise la prise de décision en matière d’information dans le secteur public ne s’est pas rendu compte que de telles pratiques nuisent à la télévision. Car la promotion par l’image, la commercialisation dus discours d’éloge, de glorification et de propagande ne peuvent induire personne en erreur. Les pratiques dont nous avons parlé n’appartiennent-elles pas aux années de plomb dans le domaine de l’information ? Meme si cette question englobe une grande charge d’amertume et de sarcasme aussi.

Le Journal Hebdomadaire du 7 au 13 Mars 2009 (30/31)
Version originale en arabe sur le blog de l’auteur

Lire la suite : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2009/03/24/les-annees-de-plomb-de-l-information.html.

3 réflexions sur « Les années de plomb de l’information »

  1. Qu’il me soit permis de profiter de la publication de votre article sur notre site, pour demander, à celles et ceux, qui vous liront de ne pas oublier surtout que cela fait, maintenant, [i][u][b]380 jours DE TROP[/b][/u][/i] que le Gouvernement tunisien réduit son peuple à l’obscurité, à la nuit, au silence, à la non culture, aux échanges de savoirs… en censurant [b]come4news[/b] !

    Alors, [b][u][i]l’union faisant la force[/i][/u][/b], il faut faire céder le pouvoir tunisien ! Rendez-vous en masse, pour faire part de vos indignations rédigées sous forme de commentaires sous cet article de [b]SOPHY[/b] : [i][b]« C4N Censuré en TUNISIE : « UN AN DEJA  » !! »[/b][/i], [url]publié le 8 mars 2009[/url]
    [url]http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=25305[/url]

  2. [b]Puis, histoire d’être efficaces, nos amis tunisiens pourraient traduire cet article de SOPHY en langue arabe, ce qui serait un plus pour faire avancer l’interdiction formelle de la censure[/b]

  3. [u]Merci à nos amis Tunisiens, qui ont eu la gentillesse de traduire mon appel en langue arabe, que je vous reproduis tel quel :

    [b]يمر اليوم 380 يوما على حجب موقع « كوم فور نيوز » [[/b] [url]http://www.come4news.com[/url] [b]] و بذلك تحكم السلطة في تونس على الشعب بالصمت و الضلام ومحاصرة الثقافة و حرية تبادل المعرفة.
    و بما أن في الإتحاد قوة لا بد من الضغط على النضام التونسي نطلب منكم التضامن جميعا و ذلك بواسطة ترك تعليقاتكم على مقال : « سنة تمر على حجب كوم فور نيوز في توتس » على الرابطة التالية:[/b]
    [url]http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=25305[/url]

    [b]دومينيك ديتيلوي
    صحفي
    Ecrit par : Dominique Dutilloy | 24/03/2009
    et traduit par nos amis Tunisiens sur :[/b]
    [url]http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2009/03/24/les-annees-de-plomb-de-l-information.html[/url]

    Qu’ils en soient ici remerciés…

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