L'entretien qu'à donné le président de la République ce jeudi soir sur les chaînes de télévision française était plutôt attendu : après de très mauvais résultats dans les sondages y compris pour le bilan de sa première année à la tête de l'Etat, il devait convaincre, notamment autour du pouvoir d'achat, mais aussi sur la communication de l'Elysée ainsi que sur les réformes prévues.

L'exercice relevait naturellement plus de la communication que du véritable bilan et a bien confirmé le nouveau style que souhaite se donner le chef de l'Etat : de l'humilité, de la sobriété, loin de l'arrogance supposée des premiers mois. A huit reprises, le président admettra avoir pu faire des erreurs. L'échec des municipales pour la droite et les mauvais sondage, qui confirmaient le mécontentement des français sur le style du président, en rapport avec sa fonction présidentielle, après son voyage en yacht ou le mariage un peu pipeule du président, juste après son divorce, y sont sans doute pour quelque chose. De fait il semblerait même que le ton de la voix ait été travaillé.

A une question sur les immigrés clandestins, le chef de l'Etat répond qu'il n'est pas roi et qu'il n'a pas à faire les lois seuls, ce qui est bien vu. De fait il s'agit peut-être également de ne pas trop décevoir la branche la plus à droite de son électorat de départ aux présidentielles, qui se serait déjà très largement évaporée. On ne peut que se féliciter également d'une petite mise au point : dans l'embauche des immigrés clandestins, des patrons profitent au passage d'une main d'oeuvre bon marché, sans toujours s'acquitter des impôts habituels sur leurs salariés sans papiers, allant jusqu'à prétendre ignorer la situation de leur état civil.

Sur les questions économiques, le président laisse tout de même le spectateur un peu perplexe. Il n'y est pour rien, le prix du pétrole, la conjoncture économique, l'Etat qu'il faudrait dégraisser, etc, etc. Le discours est à peu près le même que celui du candidat Sarkozy, mais un peu moins volontaire. Il n'est plus question d'aller chercher soi-même la croissance, la France est aussi dépendante de la situation internationale. C'est un aveu d'impuissance, la promesse en plus de préparer le terrain pour son retour, en dégraissant le mammouth pour commencer : un retour à la réalité en somme.

C'est d'ailleurs sur ce sujet que le président a fait la seule déclaration vraiment concrète de son discours : financer le revenu de solidarité active en y consacrant les sommes allouées à la prime pour l'emploi, ce qui revient à déshabiller Paul pour habiller Jacques, les primes pour l'emploi étant habituellement réservées aux personnes les plus démunis, lesquelles ont parfois un emploi régulier. Le président reviendra certainement sur la chose ou sur le terme, ainsi qu'il en donné l'habitude pour d'autres réformes annoncées, d'autant que cette annonce-ci est tout à fait maladroite. Enlever des avantages aux tout petits contribuables après en avoir donné aux plus gros mécontentera forcément une bonne partie de l'opinion.
Le président a aussi plaidé pour remettre la France au travail, une évidence qui s'impose, mais qui s'oppose à une autre évidence : pour travailler il faut de l'emploi et le plein emploi n'est pas pour aujourd'hui. Un discours sur l'éducation nationale cohérent : inutile de rajouter toujours des fonds et du personnel pour des résultats improbables.
 A travers cette fermeté sur différents sujets, le président retrouve un peu du ton du candidat qu'il fut il y a un an, mais il n'apporte rien de réellement nouveau. Il faudra pour convaincre joindre le geste à la parole.
Les Français étaient certainement prêts à supporter beaucoup en appelant Nicolas Sarkozy à la présidence, mais le sont-ils encore? Il faudra pourtant que tôt ou tard des décisions énergiques soient prises, sans quoi la situation française n'évoluera pas. Comme chacun le sait, ces décisions seront impopulaires mais s'imposeront d'elles-mêmes si personne ne prend le taureau par les cornes.
Yvan Rioufol, qui soutient l'esprit de réforme de Nicolas Sarkozy se posait déjà la question il y a peu sur son blog  : Nicolas Sarkozy est-il de droite? Même un Sarkozyste convaincu ne saurait nier certaines évidences, l'on évoque donc dans le dernier bloc-note, "l'embrouillamini des projets", mais aussi le nouveau traité européen pour lequel on passera au-dessus des français, ou encore la décision de faire " supprimer l'obligation d'un référendum pour ratifier l'adhésion d'un nouveau pays à l'Union européenne". Tout cela est bien symptomatique de la déception que suscite le président, y compris auprès de ses plus chauds partisans. Et pourtant Yvan Rioufol ne voit pas d'autres alternatives que Sarkozy pour faire évoluer le pays
C'est une direction claire qui est attendue et le respect des promesses du candidat. Ajoutons une chose : le président m'a tant fait penser au candidat, qu'un instant il m'a semblé que ses yeux étaient redevenus bleus, comme à l'époque…