L’entrepreneur en bâtiment pour les nuls

Je suis témoin direct de l’affaire, et croyez moi sur parole cette fois je balance la vérité, j’ai levé la main droite et j’ai juré, sur Dieu et sur ma mère.

Il y a environ un an, mon patron (appelons le monsieur patron) a trompé sa femme et depuis sa vie est partie totalement en vrille. Il a perdu sa maison, sa caisse, son entreprise, une dent (mais ça ça n’a rien à voir) ainsi que son honneur. Et s’il me semble important d’en parler, ce n’est nullement pour aller brûler un cierge à Banneux.

Monsieur patron était indépendant en toiture (milieu de la construction, faut déjà commencer à se rapprocher de l’écran), et à ses côtés j’ai pas mal appris sur la construction, et surtout sur les indépendants du milieu.

 Il faut savoir qu’il y a tout un tas de gens qui sont incapables d’enfoncer un clou, et ce type de personnes, c’est du pain béni pour les entrepreneurs malhonnêtes (car bien sûr, ils ne sont pas tous comme ça. Je dresse ici le portait du fripon qui sent l’argent facile, le beau qui a les dents blanches, celui qui promettra de revenir couper le tout petit bout qui dépasse alors que vous avez déjà réglé le solde final). Et puisque les travaux font partie de la vie, moi je crois que quelques conseils sont de rigueurs (même pour les gens qui savent enfoncer des clous, en fait).

 

D’abord, la règle du jeu c’est payer un acompte (pas plus de 50%, sinon c’est louche) et puis le reste de la facture UNE FOIS LE TRAVAIL FINI! La bonne blague, vous me direz, mais avec ceux qui ont les dents blanches, faut se méfier, ils ont tendance à vous faire verser ce qui reste au fur et à mesure que le chantier avance. C’est pas bon ça. Surtout que le montant de l’acompte (sensé être utilisé pour acheter la marchandise et non pas pour terminer des chantiers préexistants, hein monsieur patron) est plus élevé que la valeur nette des matériaux, et donc l’entrepreneur se fait déjà un peu d’argent avant même de commencer le travail (bon, à la rigueur c’est de bonne guerre, c’est juste que ça me fait marrer quand je lis sur les cartes "devis gratuit"). 

 

Ensuite, sachez que manquer d’indulgence face à l’absence de l’entrepreneur n’est pas un mauvais point, au contraire, et qu’il ne faut pas hésiter à leur mettre la pression. Le temps c’est de l’argent est la devise de la plupart des entreprises (évidemment c’est pas écrit sur les flyers), et ne croyez pas que si votre chantier est en stand by, c’est parce que la camionnette est tombée en panne ou que tous les ouvriers se sont fait kidnappés mais qu’ils seront là, je vous le jure, lundi sans faute. L’organisation est la principale valeur, selon moi, d’une entreprise seine et au moindre signe de désordre … "Mets tes warning!", comme m’a dit un jour un français de la campagne.   

 

Enfin, si comparer les prix est devenu un réflexe, il ne faut pas toujours s’adresser au moins cher. Ni avoir peur des grosses boîtes, d’ailleurs. Restez également sur vos gardes si on tente de vous convaincre d’investir dans une pergola alors que ce que vous vouliez, c’était un petit rond de béton pour faire tenir le parasol. 

 

C’est franchement à regret que ce genre de recommandations à priori anodines soient nécessaires, encore un point en moins pour l’image de la construction dans la société. Ce sont pourtant des métiers aussi variés qu’intéressants, et je suis certain que la plupart des ouvriers sont fiers de dire ce qu’ils font. Mais à cause des nombreux monsieur patron, les gens deviennent méfiants. Et même si il a fait faillite, il reviendra, sous un autre nom, lavé de ses dettes qui tomberont, puisque la loi est ainsi faite.   

 

 

 

 

 

Auteur/autrice : Gabriel Ramirez Flores

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