Violences en lycée professionnel.

    Les violences au Lycée T.Gautier, à quelques pas de la Bastille devraient donner lieu à un plus vaste débat que la simple relation d’une tentative d’étranglement (tout de même) et des menaces de mort. S’indigner du fait divers risque de masquer le symptôme.

    Quelles sont les parties en cause ? Certes les élèves, puis les parents, les enseignants et le système éducatif. Chacun a sa part de responsabilité.

    Les lycées professionnels sont reconnus comme des entités particulières à partir de 1977. Auparavant, il s’agissait souvent de LTP : lycées techniques et professionnels.

    Dès l’origine, je parle d’un temps que j’ai connu, l’établissement « noble », qui offrait une montée par ascenseur social était le lycée général. Le second ordre, voire le succédané était le LTP. Même si l’on pouvait accéder par exemple à l’Ecole des Arts et Métiers.

     Ainsi donc la dévalorisation de ces lycées est d’origine dans la tête de beaucoup de parents donc par capillarité dans celles des élèves, mais aussi dans celles d’enseignants, pas tous, et de l’Education Nationale qui n’a pas toujours pourvu ces lycées coûteux en matériel, et en frais de maintenance. D’ailleurs les coupes budgétaires en enseignants furent plus nombreuses en proportion sous L. Chatel.

    Comment s’étonner ensuite que la violence y soit plus fréquente et plus forte que dans les lycées d’enseignement général ? Tout et tous concourent à la méfiance, au déclin, au dénigrement de cette filière alors que des réussites positives y sont possibles, souhaitables. Ne manque-t-on pas de candidats pour des postes correctement rémunérés en cette période de crise ?

     Après un demi-siècle de dévaluation des activités manuelles, il est indispensable de revaloriser ces enseignements. Dans les esprits surtout, et ce n’est pas une mince affaire. Tant que cette révolution mentale n’aura pas lieu depuis le sommet de l’Etat jusque dans les toutes les familles, il est peu probable que l’on fasse le choix positif de cette filière. A tous les niveaux du conseil pédagogique et de l’information, il faut démonter la pensée négative du choix par défaut et vanter ses réussites.

    Les entreprises doivent aussi contribuer à cette tâche en acceptant plus de candidats à la formation en alternance.

    Ce n’est pas à la Proviseure adjointe qu’il faut tordre le cou mais à un état d’esprit bien français (en Allemagne la valorisation va jusqu’à l’excès inverse) qui n’a que trop duré.