Ce gamin pourrait être celui de vos voisins. Ou le vôtre.
Pourtant, l’anthropologie et la datation au C 14 s’accordent : il s’agit d’un néandertalien tardif, reconstitué grâce aux softs de morphing utilisée en médecine légale pour avoir une idée de l’apparence des victimes de crimes lorsque la dépouille est trop dégradée ou réduite à des ossements.
Troublant n’est-ce pas ? Mas ce n’est pas tout ! La science du XXI ème siècle nous apporte chaque jour ou presque de nouveaux éléments propres à rendre acides les mandarins confits.
Le paradigme fragile des espèces distinctes
Longtemps, Neandertal et Sapiens ont été considérés comme deux espèces distinctes. L’interfécondité y était réputée impossible. Et l’on s’interrogeait sur les raisons de la "mystérieuse" disparition des premiers, étalée sur une très longue période où se pratiquaient couramment ce que nous qualifierions aujourd’hui d’échanges culturels et de tranferts technologiques.
De quoi relativiser les pandémies brutales, les dégénérescences ataviques mortifères, les catastrophes naturelles imparables, ou les massacres systématiques pour la possession des
territoires… Toutes théories qui eurent leur heure de gloire.
Mais si, lors de cette cohabitation multimillénaire, on admettait que des hominiens appartenant aux deux groupes avaient pu avoir des relations sexuelles, on prétendait qu’une descendance était impossible. C’était la doxa. Intangible, intouchable, immuable.
Mes professeurs des années 70′ (l’ADN venait à peins d’être découvert) refusaient de réexaminer le dogme de la barrière taxonomique, malgré tous les indices plaidant en sens contraire.
Et puis, la science est venue bouleverser toutes leurs belles constructions intellectuelles.
Premiers indices de terrain
L’idée que le groupe le plus dymanique au plan démographique ait pu absorber l’autre, sans pour autant le génocider, était considéré comme une hérésie.
Pourtant, il y avait un premier indice : la longue cohabitation apparemment pacifique de neandertaliens et d’hommes modernes dans les grottes de Qafzeh, pendant plus de 10.000 ans.
Sur ce site en Israél aujourd’hui, habité il y a environ 95.000 ans, et étudié depuis les années 1930, où trouve des outils communs de type moustérien plus tard exportés en Europe, des restes alimentaires partagés, des ornements identiques, des sépultures et des rites funéraires semblables.
Et surtout un os hyoïde identique permettant la communication par le langage articulé.
Avec quelques squelettes dont l’hybridation est discutée mais qui témoignent de racines communes très proches. Sans trop savoir où classer l’homme de Kebara qui présente des corrélations organiques relevant des deux sous-espèces.
Par ailleurs, depuis quelques décennies on s’étonnait de la découverte en Roumanie, au Portugal et en Turquie de quelques squelettes plus ou moins complets dits mixtes : crânes sapiens possédant le bourrelet sus-orbitaire ou la mâchoire de Neandertal par exemple, ou des ratios bras, avant-bras et thorax modernes associés à des ratios bassin, cuisse et jambe néandertaliens, ou l’inverse…
Les paléontologues les plus ouverts parlaient d’une forme d’évolutionnisme convergent, les plus psychorigides s’en tenaient aux explications classiques : déformations congénitales, rachitisme, maladies osseuses, blessures mal soignées ou encore altérations physiques post mortem dues à la nature des terrains…
Les analyses ADN ont tout chamboulé !
Dans les premières années du XXIème siècle, à l’institut Max Planck, on a su isoler et reconstituer des parcelles d’ADN fossile, en remontant de plus en plus loin dans le temps.
Des analyses d’ADN fossile NS amplifié par PCR (polymerase chain reaction) une technique de biologie moléculaire permettant de copier avec un important facteur de multiplication une séquence
d’ADN en faible quantité ont démontré que nous possédons au moins 4 à 5 % d’ADN néandertalien.
Et le génome NS (Neandertal Sapiens désormais) est loin d’avoir été reconstruit dans sa totalité.
Et si l’on s’arrête aux phénotypes, l’enfant de Gibraltar servant d’illustration est bien plus une variété d’autres humains sapiens qu’une espèce différente.
Le plus extraordinaire est que des allèles du gène microcéphalin qui détermine nos aptitudes à la réflexion et à l’abstraction soit commun et nous ait probablement été transmis par NS. Car nous n’avions pas tout à fait le même géne il y a 40.000 ans.
Et l’apparition de cet apport tardif modifiant le génome de Sapiens Sapiens correspond peu ou prou à la disparition de NS !
Mais ne conviendrait-il pas mieux de parler désormais de fusion ?
Reste à enterrer définitivement le dogme faisant de Neandertal une brute primitive.
Notre cousin était au moins aussi intelligent que nos lointains ancêtres !
Qafzeh :
http://bcrfj.revues.org/1172
Interfécondité prouvée :
http://www.larecherche.fr/content/actualite-sapiens/article?id=27753
Gène micorcéphalin :
http://tomroud.blogspot.fr/2006/10/lhritage-de-nanderthal.html
Enfant de Gibraltar :
http://science-winks.over-blog.com/categorie-10177934.html
L’aire géographique de néenderthal présent en Europe , en Asie mais aussi au Maroc
[url]http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1962_num_59_7_3854[/url]
………De plus, ……les plus anciennes peintures d’Europe pourraient être néandertaliennes
Des peintures réalisées dans des grottes espagnoles remontent à plus de 40.000 ans, selon une datation qui en fait les plus anciennes d’Europe et rend possible le fait qu’elles soient l’oeuvre de néandertaliens, des cousins disparus de l’homme moderne, révèle jeudi une étude.
Cette nouvelle datation effectuée sur 50 peintures néolithiques dans 11 grottes situées dans le nord-ouest de l’Espagne indique que cette pratique artistique préhistorique a commencé en Europe peut-être 10.000 ans plus tôt qu’estimé jusqu’alors.
Les scientifiques à l’origine de cette découverte ont montré qu’une main et des disques peints au pochoir en soufflant de la peinture sur la paroi de la grotte d’El Castillo remontent à au moins 40.800 ans, soit 5 à 10.000 ans plus tôt que des dessins et autres décorations trouvées dans des grottes en France, considérées avant cela comme les plus anciennes en Europe.
« Des indices de la présence des hommes modernes dans le nord de l’Espagne remontent à 41.500 ans, une époque où il y avait encore dans ces mêmes endroits des hommes de Néandertal », a relevé Alistair Pike de l’Université de Bristol au Royaume Uni, principal auteur de l’étude, lors d’une conférence de presse téléphonique.
« Les résultats de cette datation montrent que les hommes modernes seraient arrivés d’Afrique avec la peinture murale comme faisant déjà partie de leurs activités culturelles ou alors, qu’ils auraient développé cette forme d’expression artistique très rapidement, peut-être en réponse à la concurrence avec les Néandertaliens », avec qui ils ont alors co-existé, a-t-il expliqué.
Mais, a-t-il noté, il semblerait que les peintures néolithiques les plus anciennes découvertes à ce jour se trouvent dans des grottes en Europe, et non en Afrique.
Afp | 14 Juin 2012 19h27
Au regard du développement des aires cérébrales de NS et des artéfacts retrouvés, poudre d’ocre, masque, parures funéraires, l’art pariétal devait être dans ses compétences.
Néanmoins, il est très difficile de lui attribuer telle grotte (comme à Nerja 42.000 BP) de façon certaine pour 4 raisons :
– La longue cohabitation avec SS et des échanges culturels; un site peut avoir été occupé alternativement ou simultanément comme à Qafzeh par les 2 groupes d’hominiens,
– L’absence d’un style ou d’une technique spécifiquement NS, du moins en l’état des découvertes et analyses actuelles,
– La difficulté de datation au radiocarbone : les cendres à proximité ne prouvent pas leur contemporanéité, et au delà de 35.000 ans le C 14 est moins fiable.
– La datation à l’isotope d’uranium contenu dans le calcite déposé sur les dessins est plus précise mais on ne peut déterminer quand le dépôt a commencé à se former, trop de paramètres climatiques et géologiques interviennent.