Déstabilisante par sa simplicité, l’EMDR est une « nouvelle » thérapie censée venir à bout des traumatismes et ce, simplement grâce à des mouvements oculaires !

Popularisé en France par David Servan-Schneider, « l'Eye Movement Desensitization and Reprocessing », qu’on abrège fort heurement par EMDR. Cette thérapie fait grand bruit dans les pays anglo-saxons où les praticiens ont pignon sur rue et se comptent par milliers. Cette thérapie, créée par Francine Shapiro vers 1987, n’a pourtant jamais réellement connu son heure de gloire jusqu’à aujourd’hui.

Atteinte d’un cancer, l’inventrice, habituée des promenades dans les bois, s’est rendue compte qu’elle était fortement apaisée lorsqu’elle balayait le paysage du regard, tout en réfléchissant à ses problèmes. Troublée par cette découverte, elle en vint à conclure que le mouvement des yeux associé à l’idée traumatisante, entraine une « digestion » de ce même traumatisme et donc une véritable cure…

2 ans plus tard, l’étudiante en psychologie termine son doctorat sur le sujet. L’EMDR est né.

Le noyau dur des psychologues restent fort suspicieux face à cette « panacée » dont on ne comprend pas le fonctionnement et que certains associent plus ou moins à des pratiques placebo si ce n’est ésotériques. La théorie à l’origine de l’EMDR n’est pas vérifiée. Certains praticiens se sont d’ailleurs rendus compte que des patients atteints de troubles oculaires, à qui l’ont ne pouvait pas faire exécuter les mouvements des yeux, réagissaient aussi bien si l’on tapotait leurs genoux, l’un après l’autre, de manière rythmique.

Alors EMDR : panacée ou poudre de perlimpinpin ?

Certains praticiens affirment que la méthode classique qui consiste à suivre des yeux le doigt du thérapeute, tout en visualisant l’évènement traumatisant dont on souffre (une agression, un viol, un accident) est efficace, mais que les yeux ne sont pas « si » importants. Pour eux, c’est la stimulation sensorielle alliée aux souvenirs, qui provoquent cette cure. En effet, l’alliance du sentiment de bien-être et de confort dans le cabinet du praticien et celle de l’évènement traumatisant, enverraient des pensées apaisantes vers les centres de la peur situés dans le cerveau. Celui-ci finit donc par tempérer son angoisse et mélanger le traumatisme avec l’idée de bien-être, aboutissant sur la guérison du traumatisme qui devient tout à coup « surmontable ».

En France, l’INSERM a étudié et validé l’efficacité de la technique dans un rapport publié en 2004. (INSERM 2004 : Psychotherapy : An evaluation of three approaches. French National Institute of Health and Medical Research, Paris, France)

Créer pour traiter le syndrome de stress post-traumatique, l’EMDR semble également fonctionner pour surmonter un deuil, certaines phobies et comportements agressifs.

Les détracteurs de la méthode affirment que c’est un effet placebo, une pseudo-science, et que ses défenseurs n’apportent que des constatations, sans se pencher sur de sérieuses études contradictoires.

EMDR est une marquée déposée et elle est représentée en France par l’Association EMDR France. On peut trouver sur leur site une liste de praticiens diplômés, des témoignages de patients, de thérapeutes, et les actualités du mouvement EMDR. http://www.emdr-france.org

A noter qu'en 2002, Francine Shapiro a reçu le Prix Sigmund Freud pour saluer son apport à la psychothérapie moderne.