Ce livre plaisant à lire est paru en juillet 2007 mais les fermetures d’usines, les bilans du premier semestre pour les entreprises, et les licenciements diffus le replacent au devant de l’actualité. Il ne m’a pas subjugué. Ce n’est pas pour me faire une réputation de chroniqueur intègre qui a résisté au charme indéniable de l’attachée de presse des éditions Michalon, Gustavia Lashermes, que je le relève. Gustavia est craquante, non, je plaisante : elle est beaucoup plus que cela, et si vous trouvez des critiques cinglantes d’auteur·e·s de Michalon, interrogez-vous : Gustavia aurait-elle remis le chroniqueur à sa place après avoir subi un rentre-dedans trop insistant ? C’est vous dire…
Non, il se trouve que, lorsque j’ai vu que le magazine Tips était lancé par le fondateur de la revue « pipeule » Entrevue, je me suis senti interpellé par ce titre, Éloge du miséreux, de l’art de bien vivre avec rien du tout. Et je dois avouer que, d’une manière certaine, j’ai surtout trouvé un élogue du traîne-savate (lequel peut faire frénétiquement du sport, par exemple), du slacker. Mabrouck Rachedi consacre d’ailleurs ses meilleures pages aux slackers dont il se dit l’un des dignes (car digne, il l’était, le reste, le restera avec ou sans boulot salarié ou rémunéré) représentants de ce côté de l’Atlantique. Pour l’art de bien vivre avec peau de balle, l’appel à la « zen attitude » n’est pas mal du tout, mais question trucs et astuces, on trouvera mieux ailleurs. Il y a bien sûr des tuyaux pour déjouer les pièges du Pôle « Emploi » et de ses plus zélé·e·s adeptes d’une promotion rapide, mais pour écornifler ou faire quelques sous, ce n’est pas le parfait guide de la débrouille…
Pour se blinder, mieux vaut Orwell, Lafargue, Russel…
Les meilleurs textes valant éloge de la paresse ou de l’oisiveté sont sans doute moins allègres parfois que la prose (fort plaisante) de Mabrouk Rachedi, mais on moins, on les trouve généralement gratuitement en ligne si on arrive à squatter un ordinateur public connecté. Voyez, ainsi, la défense et illustration de la mendicité par George Orwell. Il n’y a guère que le Malevitch que je n’ai pu trouver (si quelqu’un·e avait un lien vers un texte complet…), ni en français en texte intégral (La Paresse comme vérité effective de l’homme), ni en cyrillique ou toute autre écriture. Le texte, aux éditions Allia, est souvent vendu moins de six euros. Là, j’ai trouvé que pour les quelque 160 pages, composées en corps plus que confortable, avec un interlignage qui aurait pu être réduit, 14 euros, c’est honnête, sans plus. Il n’aurait pas été superflu de consentir un peu plus d’efforts pour réduire pagination et prix.
« Quand le travail est aliénation, quand nous devenons des zombies, nous souhaiterions que tout le monde baigne dans le même malheur. Parce que, hein, c’est quand même nous qui payons les impôts, non ? Eh bien oui, continuez de payer pour que le miséreux puisse vivre quand vous dépérissez. Ce sera autant de malheureux en moins. ». Question argumentation, c’est un peu rapide, jeune homme (ou déjà vieil homme usé par les galères, la faim, le froid, le manque d’hygiène ? allez savoir… Michalon en dit bien peu sur son auteur censé être un « jeune analyste financier multidiplômé dont le brillant parcours l’a conduit pendant plusieurs mois à fréquenter l’ANPE et à vivre avec le RMI »). Les ex-nouveaux précaires (surdiplômés en lettres, langues, sciences sociales, mais aussi ingénieurs surnuméraires, post-doctorant·e·s en biologie, &c.) auraient sans doute pu, très nombreux, mener un travail d’anthropologue pour structurer et étendre le propos. Formé, sans doute aux chiffres, à optimiser les ventes ou les placements d’un magazine tel Tips, ou Entrevue, Rachedi reste un peu superficiel, dilettente (et donc cohérent avec lui-même). C’est un peu court, mais distrayant.
Une table des matières éloquente
Sans doute formé à faire des présentations, des rapports délayant les infos pour faire semblant d’en avoir d’originales ou d’abondantes, Mabrouck Rachedi a au moins concocté une vraie table des matières. Certains chapitres sont décomposés en pratiquement autant d’entrées que de paragraphes (de vrais paragraphes, pas d’alinéas cependant). En voici un rapide et très incomplet survol (j’en saute et parfois des meilleures, en tout cas de bonnes, d’entrées…).
I – Bienvenue dans un monde de condescendance, de précarité et de misère…
• la tarte au chômage ;
• les formations : et au milieu coule une rivière.
II – Préserver ses acquis sociaux
• Face au conseiller ANPE
~ Le profil du non-emploi
a) les lettres de refus ;
b) le projet X.
• Face à l’assistante sociale ;
• Face au formateur ;
• Les lettres de motivation
3) les lettres manquées
a) l’acrostiche freudien du winner
b) le « téléstiche » freudien du loser
c) la « méthode Coué » du miséreux
• En famille
III – Survivre en milieu hostile
IV – Le miséreux face à ses prédateurs
• le « sarkozyste » ;
• le recruteur.
V – Les joies de la misère
VI – Le nirvana du précaire : le slacker.
Bref, cette table couvre les pp. 163-166 et le « mot de la fin » et non de la « faim » précède, à partir de la p. 159. J’en ai vraiment sauté, des entrées. En revanche, Mabrouck Rachedi ne « tire pas à la ligne ». Enfin, pas trop
Encore un court extrait ? « Fixer un mur blanc pendant une heure, quand ce n’est pas un Malevitch, c’est un véritable sacerdoce, cela demande un entraînement forcené, un art de la paresse consommé. (…) Neuf fois sur dix, la journée se terminera comme cela, dans la contemplation de son nombril ou de celui de son voisin ; très rarement, elle se poursuivra dans un cocktail, une soirée, un bar, un concert, un vernissage…». Pour ne pas être slackerissime, l’auteur a donc consacré du temps à son ouvrage pour Michalon (et sans doute beaucoup plus de temps à convaincre divers autres éditeurs). Mais il parvient, en slacker modéré, à devenir cet « espèce de magicien délivré du mensonge d’être vrai. À l’image du poète de Mallarmé, il est tel qu’en lui-même, mais l’éternité ne saurait le changer. ». Admettons.
En tout cas, livrez-vous, à l’aide d’un moteur de recherches, à une exploration de la Toile en partant de l’expression « Mabrouck Rachedi ». Vous devriez trouver d’autres choses divertissantes, voire émouvantes. Mandor, journaliste de radio de 77FM à Meaux, semble, sur son blogue-notes, convaincu par Le Poids d’une âme, l’autre livre de Rachedi. Laissez-vous peut-être convaincre vous aussi par ce roman ayant pour thème la banlieue. C’est chez Jean-Claude Lattès éditeur, qui nous dit que Rachedi, né en 1976, vit à Vigneux-sur-Seine, est titulaire d’un mastère (ex-DÉA) d’analyse économique. Cherchez un peu davantage sur la Toile. Il en vaut la peine…
Faire de l’argent avec la misère des autres (l’éditeur), comment s’installer dans la misère (le lecteur / soi-dit en passant qu’un SDF ne peut acheter le livre)…etc…
Comment vivre avec votre maladie.
Parceque vous n epouvez la combattre vu que c’est le medecin qui vous l’a refilé…
Premier principe pour lire ce livre :
1/ la pauvreté est une invention humaine (pas du pauvre évidemment)
2/ le client n’est jamais roi, toujours le pigeon
3/ l’argent est une fraude dès le départ et la créationmonétaire est une illusion…
Avec ça vous avez de quoi lutter RELLEMENT contre la crise et sa fatalité.
Cordialement.
Bonjour Jef Tombeur,
Je n’ai pas pour habitude de commenter les papiers, surtout quand ils sont bien écrits et argumentés – et celui-là est TRES BIEN écrit et argumenté.
Merci pour vos encouragements pour la suite. Je vous retourne les encouragements que votre talent et votre intégrité méritent (résister à Gustavia, moi, je ne saurais pas faire).
Résister, oui, mais mollement…
Cher Mabrouck,
Je vous comprend, et croyez bien que je résiste mollement, très faiblardement, à Gustavia, même si…
N’empêche, vous auriez pu au moins faire ce commentaire. Vous êtes aussi l’auteur d’un _Le Petit Malik_ chez Jean-Claude Lattès, et cela m’avait échappé.
Je me suis rattrapé depuis…
http://www.lepost.fr/article/2009/05/09/1528368_tips-mag-fait-l-eloge-du-misereux_0_1878206.html?#reaction_1878206
Sans rancune aucune, car je vois que mes appréciations mitigées ne sauraient nous fâcher durablement.
[b]Jef, Le Professionnel!!
Professeure, à la retraite, découvrant l’informatique il y aura deux ans au mois de juin!!
N’ayant jamais touché un clavier de sa vie, j’avoue que l’exercice d’écriture, me met beaucoup plus à l’aise, que la présentaion d’un Livre, comme vous l’avez fait ICI,
Et pourtant je n’en suis pas à mon premier essai!!
N’ai jamais eu de problèmes, et les articles ont bien marchés!!
A l’avenir, je mettrai « l’ISBN » (çà veut dire quoi cet acronyme)?
Les deux articles relatant un livre paru :
[url]http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=22745[/url] et
celui -ci :
[url]http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=22462[/url]
Je ne sais pas si j’ai mis tout ce que j’aurai dû mettre mais aucune réclamation des auteurs ou éditeurs, alors….
[b]Maintenant je vais voyager sur vos articles…[/b]
Meuh, non, c’était pour faire genre… (pour Sophy)
Pour Sophy…
En fait, il y a deux types d’ISBN désormais.
Les International Standard Book Numbers sont deux
Le 9 chiffres et le 13 chiffres…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Numéro_international_normalisé_du_livre#.C3.89volution
On peut évidemment, dans des bibliographies, se passer de l’ISBN, mais pas, si on peut les connaître, des éditeurs et lieux de publication…
J’ai été effectivement un peu spécialisé en histoire du Livre.
Mais je suis surtout cireur de pompes des maisons d’édition (non, pas vraiment, mais je suis l’adage de Barnum, there’s no bad publicity as long as the name is spelled right).
Eh, c’est ainsi que j’ai aussi parfois des services de presse.
Un peu comme les nouveaux manuels envoyés à certains profs de français… 😉
[b]OUI, Jef, j’ai cliqué sous les liens que vous avez laissé sous mon article, et me suis retrouvée sur le site Michalon!!
Mais puisque j’ai acheté le livre en librairie, et ne l’ai pas commandé par internet, suis p’tet pas obligée de mettre l’ISBN ?
Quel parcours, Jef tombeur……
Votre vie Professionnelle a surement été plus trépidante que la mienne!
Mais çà, je vous l’ai déjà mis dans votre livre d’Or!!
Je viendrai quémander une leçon (lol), quand le besoin s’en fera sentir….
Bien à Vous
SOPHY[/b]
Ah, les parcours… (pour Sophy)
Parti de Rien, Revenu de Tout… Parti d’en rire (ou en sourire…)
Non, effectivement, l’ISBN ne sert vraiment que lorsqu’on veut traquer un bouquin, souvent épuisé.
Pour les auteurs, cela fait « vrai livre » (c’est une obligation pour le dépôt légal en France, mais non respectée pour un quart des ouvrages déposés, sans conséquence), et surtout, le plus grand répertoire des libraires de France mentionne généralement tous les livres munis d’Isbn qui viennent de paraître.
Donc, si le sujet intéresse un libraire, il va peut-être (pas assurément) chercher à l’obtenir s’il entre dans le cadre d’une des spécialités de sa librairie.
Certaines bibliothèques sont aussi abonnées à cet hebdo.
Voir aussi
[url]http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1988-03-0206-003[/url]
Il faut savoir qu’un livre non répertorié par Livre-Hebdo (Cercle de la librairie) ne figure pas sur Electre (répertoire électronique) et donc que, pour des tas de libraires et bibliothécaires, il n’existe tout simplement pas si une recherche Google ou autre ne le repère pas…
[url]http://dodey.perso.libertysurf.fr/acq2.htm[/url]
Voir aussi :
[url]http://bibliographienationale.bnf.fr/BibNatFra.html[/url]
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