Alors que la première version du projet de loi sur la transition énergétique sera prochainement présentée au Conseil Economique, Social, et Environnemental après un examen au conseil des ministres en avril, il semblerait que l’électricité produite de façon décarbonnée soit au coeur de la stratégie française pour les prochaines années. Ce qui devrait réjouir le PDG d’EDF Henri Proglio, récemment auditionné par le Conseil national du débat sur la transition énergétique.

 L’électricité est-elle le levier sur lequel la transition énergétique française doit s’appuyer? Cette phrase, prononcée par le PDG d’EDF Henri Proglio lors de son audition par le Conseil national du débat sur la transition énergétique, semble correspondre à la conviction actuelle de l’Etat: la priorité doit être de décarboner l’économie française.

 

« L’Agence Internationale de l’énergie, le GIEC… la plupart des scénarios de prospective énergétique le montrent : l’électricité est un levier de décarbonation efficace, parce qu’elle peut être produite sans CO2 à des coûts maîtrisés et parce qu’elle peut se substituer aux énergies fossiles dans les usages » a notamment déclaré le patron d’EDF.

 

Mais pour devenir un levier de décarbonation efficace, encore faut-il que l’électricité soit produite par des énergies renouvelables ou par le nucléaire, qui émettent peu ou pas de gaz à effet de serre tout en assurant une électricité bon marché. Malgré les déboires de l’EPR, l’expérience de la France dans le nucléaire reste un atout majeur.

 

Le déficit commercial est en grande partie causé par la facture énergétique (près de 70 milliards d’euros d’importation de matières fossiles en 2012). Des efforts importants d’efficacité énergétique doivent être entrepris dans les transports (32% de l’énergie consommée en France) et dans le bâtiment (44% de l’énergie consommée en France). Il faut donc également s’assurer que les prix de l’électricité ne s’envoleront pas.


Si le mix énergétique reste au même niveau, la France bénéficiera des prix de l’électricité les plus compétitifs d’Europe d’ici 2030. Proglio souligne d’ailleurs que « même avec un taux de production de 73 %, l’électricité d’origine nucléaire reste compétitive par rapport aux autres moyens de production. Et les travaux de prolongation du parc coûteront certes 1 milliard d’euros par réacteur, mais ils dégagent chacun 200 millions d’euros d’Ebitda annuel ».


De quoi assurer une place de choix pour l’industrie nucléaire dans la transition énergétique et susciter l’envie chez nos partenaires allemands. En effet, l’Allemagne s’est elle aussi lancée dans la transition énergétique mais celle-ci coûte extrêmement cher aux producteurs d’électricité. Le premier producteur allemand d’électricité RWE a vu ses résultats plonger en 2013, avec une perte nette de 2,8 milliards d’euros. C’est la première fois en soixante ans que le groupe affiche un résultat négatif. Et il table sur « une nouvelle nette contraction du résultat en 2014 ». Le choix de l’Allemagne de sortir du nucléaire en compensant par le charbon s’avère donc extrêmement néfaste pour ses entreprises.