d’abord, une distinction de l’intelligence.

 

Qu’y a t-il de plus beau que de lire un texte qui vous transporte par la richesse de ses mots et vous apprend en même temps comment écrire par la syntaxe qu’il montre, et de plus tout en servant à la connaissance c’est donc une richesse universelle.

La syntaxe fonction primordiale de l’écriture dans la construction de la phrase, dans l’association des mots avec les règles de grammaire, le pluriel, la conjugaison, la mise en apposition, la phrase dans la phrase par les parenthèses, enfin cette ponctuation qui a le privilège de faire apparaître, le fait ou l’état d’une chose ou d’une personne que l’on doit retenir en premier, ceux qui doivent marquer l’esprit du lecteur. Cette richesse de l’écriture qui traduit la pensée, peut être plus ou moins comprise suivant la façon dont elle est représentée.

C’était les idées que présentait Jules Ferry il vaut mieux être capable de rédiger un récit, de faire n’importe quelle composition Française, dût-on même la semer de quelques fautes d’orthographe, si le travail est bien conçu et s’il sert à montrer l’intelligence du candidat.

 

Alors faut-il simplifier l’orthographe comme le souhaite François de Closets ?

 

Bien que plus scientifique que littéraire, je ne suis pas doué pour les lettres, mais la rédaction d’un texte n’est pas une exclusivité des littéraires, je vais présenter quelques difficultés que j’ai eues à surmonter tout en ayant déjà au départ fait mon choix, ne rien changer.

 

Dans l’élaboration de la phrase l’apposition permet de qualifier un fait un nom, par exemple, «L’auteur, Pierre, ce personnage illustre, vient d’écrire un livre». Dans ce cas l’apposition précise qui est l’auteur. On aurait tout aussi bien pu écrire «L’auteur vient d’écrire un livre» ce qui implique que l’auteur soit déjà présenté dans le texte sans cela la phrase est imprécise. On pourrait aussi écrire «Pierre, l’auteur, ce….» qui est une forme plus usuelle. De même, «L’auteur, Pierre ce personnage illustre, vient….» ou bien «Pierre, l’auteur ce personnage illustre, vient…» dans le premier cas la phrase est plus exacte car c’est Pierre qui est le personnage le plus illustre, dans le second cas «auteur» n’est qu’une fonction de Pierre et ne peut être un personnage. Il convient donc de faire attention au placement des mots qui peut conduire à faire une faute de coordination. On pourrait aussi écrire «L’auteur, Pierre, ce personnage illustre, et réformateur, vient d’écrire un livre». La conjonction de qualité «et» introduit l’adjectif réformateur qui précise celle de Pierre. On a donc deux possibilités,

1- L’auteur, Pierre, ce personnage illustre, et réformateur, vient d’écrire un livre, ou,

2- L’auteur, Pierre ce personnage illustre et réformateur, vient d’écrire un livre.

On voit que la forme 1 met l’adjectif réformateur plus en évidence que la forme 2 par la mise en apposition donnée par les virgules, l’auteur du texte a donc le choix suivant ce qu’il veut faire ressortir pour le lecteur. On pourrait aussi écrire :

3- l’auteur, Pierre, ce personnage illustre et réformateur, vient d’écrire un livre.

Cette forme est plus séduisante et mon avis la meilleure car elle met Pierre en évidence ainsi que sa qualité illustre et réformateur.

 

Notre écriture permet cette souplesse car les trois formes sont possibles. On voit ainsi la subtilité qu’elle offre qui, n’étant pas simple, nous conduit à construire la phrase dans notre tête, et si ce que l’on veut écrire n’est pas clair, on n’a bien des difficultés pour exprimer notre pensée. De plus, l’écriture nous permet de comprendre ce que nous écrivons, de mettre de l’ordre dans notre pensée en nous posant des questions.

 

Autres exemples, «Pierre m’a tué», c’est Marie qui écrit, pas d’accord car Pierre a tué «qui» Marie, participe passé placé après le verbe. «Pierre et Marie les avait vu jouer…..», dans ce cas le participe passé est suivi d’un infinitif ne s’accorde pas puisque Pierre et Marie ne font pas l’action de jouer, Pierre et Marie avaient vu jouer «qui» les enfants par exemple, placé après le verbe pas d’accord. «Les enfants que Pierre et Marie ont vus jouer….» il y a accord puisque Pierre et Marie font l’action de voir, Pierre et Marie ont vus «qui les enfants». «L’histoire que j’ai lue», j’ai lu «quoi» l’histoire, accord. Par contre, «j’ai lu l’histoire» pas d’accord, j’ai lu «quoi» l’histoire placé après le verbe.  Les subtilités de notre écriture ne s’arrêtent pas à ces exemples d’accord du participe passé placé avant ou après le verbe, mais amènent de la réflexion.

 

Cela dépend du verbe, si c’est le verbe être nous savons qu’il s’accorde avec le sujet, «Pierre et Marie sont fatigués», deux accords, qui-est-ce qui «sont fatigués», c’est Pierre et Marie, seulement fatigué prend le masculin pluriel par la faute de Pierre, encore un machisme de l’homme, les deux devraient être possibles.

 

Cette subtilité fait le charme de notre orthographe que d’aucuns voudraient la simplifier par le fait qu’elle est source de difficultés d’autant que ce n’est pas toujours aussi clair et simple. Et c’est vrai que, comme beaucoup, j’ai fait des fautes de syntaxe et d’accords et que même actuellement je me demande si j’écris correctement. Seulement plus je prends de l’âge plus je trouve que notre écriture est riche. Par exemple, l’orthographe des mots, d’aucuns disent qu’elle n’a plus d’importance et que mettre un accent circonflexe sur le «a» de âge n’a pas d’importance, puisque ce qui compte est de ce faire comprendre. C’est vrai comme le fait de mettre deux «p» à apprendre ou un «l» à élaborer d’autant qu’il existe des correcteurs d’orthographe.

 

Mais notre écriture forme un tout et l’accent circonflexe par exemple sur le «a» de âge comme sur le «u» de coût ou sur le «a» de bâtir ou le «i» de abîme signifie sur les voyelles une intonation plus ou moins longue de la voix. Sur les pronoms possessifs le nôtre, le vôtre, les vôtres, voyelles longues qui se distinguent des adjectifs, notre, votre, voyelles courtes, mais ce n’est pas simple.

Prenons l’exemple de demi, ou demie. Une «demi-part», deux «demi-litres», demi adjectif est invariable et dans ce cas et il y a un trait d’union. Demi est toujours singulier mais s’accorde en genre lorsqu’il vient après un nom «une part et demie», deux heures et demie.

La cédille qui représente le son «s» devant les voyelles «a», «o»,«u», ça, reçu maçon, façon, par contre le «c» lorsqu’il est placé devant «e» ou «i» se prononce normalement ceci, cette, ceux, ciel, il ne prend pas de cédille, merci, place, glace.

 

Tout ceci est bien compliqué et il n’y a rien d’étonnant à ce que François de Closets dans «zéro faute» narre ses difficultés orthographiques.

 

«Ma parole, vous le faites exprès !»

Ils ne pouvaient concevoir qu’un élève, à l’évidence doué pour les études, soit un cancre dans cette seule discipline. (…) J’avais commencé mes études dans l’enseignement privé, et ma famille, assez désargentée, souhaita me les faire poursuivre dans l’enseignement public. Je fus donc soumis à un examen probatoire afin de valider mon entrée en troisième. Le résultat fut catastrophique. Le lycée ne pouvait m’admettre qu’en me faisant redoubler ma quatrième et, qui moins est, dans la filière «technique», celle des laissés-pour-compte. Mes parents refusèrent et s’imposèrent les sacrifices indispensables pour que je puisse poursuivre ma scolarité sans redoublement. Je n’ai rejoint le lycée public qu’en classe de philo, après la première partie du baccalauréat. Que s’était-il passé ? (…) J’avais été sacqué en raison d’une orthographe défectueuse. Quel aurait été mon avenir si j’avais dû me soumettre à ce verdict ? Cet échec m’aurait vraisemblablement fait perdre pied. Nul parmi les nuls, je n’aurais décroché au mieux qu’un bac de miséricorde (à l’époque, le baccalauréat n’était pas encore un certificat d’études secondaires).

Mais faut-il pour autant sacrifier notre écriture aux textos envoyés sur internet ou notre langue pour celle de Shekespeare. Non bien sur, et même si l’on fait des fautes, qui n’en font pas ? Ce n’est pas grave car de toutes les façons, même une orthographe dépouillée de ses difficultés restera difficile pour tous.

 

En fait personne n’est nul en orthographe, mais il est facile d’oublier les règles.

 

Il est évident que pour des enfants l’apprentissage de l’écriture est difficile et il faut bien admettre que beaucoup écrivent de mémoire sans vraiment appliquer les règles, et quand une difficulté survient, que l’on soit enfant ou adulte on ne sait plus comment s’en sortir. En fait on utilise peu de mots, toujours les mêmes, ce qui fait que l’on s’en sort.

Et si l’on se tourne non pas vers notre passé, mais vers les évaluations internationales actuelles, on peut constater avec quelque surprise, pour nous, Français qu’aucune d’entre elles ne met en avant des évaluations en orthographe, mais qu’elles se focalisent sur les niveaux comparés en lecture, en mathématiques, en sciences ou en langue vivante. En définitive, doit-on, peut-on sortir de notre focalisation sur l’orthographe ? Voir ici.