« Sauvez l’école », c’est le titre du Télérama de cette semaine qui me fait réagir. En tant qu’ancien enseignant, je ne pouvais pas rester insensible à un appel aussi dramatique. A qui s’adresse-t-il ? Qui donc a la capacité de sauver notre école ? Va-t-elle donc si mal qu’il faille la sauver ? Chaque année, à la rentrée, on fait le même constat et malheureusement, on est obligé de déplorer l’aggravation de la situation. L’école ne joue plus son rôle et laisse trop d’enfants au bord de la route. La faute à qui, me direz-vous ? Depuis des lustres, les ministres de l’éducation, de droite comme de gauche, y sont tous allés de leur petite réformette sans que rien ne s’arrange bien au contraire. Les enseignants sont découragés par ces changements incessants et les élèves paient les pots cassés.

Monsieur Peillon, qui n’est sans doute pas le plus bête du lot, part avec de bonnes intentions. Le problème est qu’il ne nous dit pas comment il compte réformer notre école pour en faire enfin une école de la réussite. Les vieux briscards comme moi savent que le nœud de l’affaire est avant tout dans la formation. Formez de bons maîtres, vous aurez une bonne école. Alors que monsieur Châtel, en France, a supprimé la formation des enseignants, surtout pour des raisons budgétaires,  la ministre belge de l’éducation propose de porter la formation des maîtres belges à cinq ans ! Cherchez l’erreur. Mais quand je parle de formation, je pense aussi aux formateurs. Faut-il oser dire que le rôle des IUFM ne fut pas toujours à la hauteur ? Ne serait-il pas le moment d’aller voir dans les pays où ça marche ? Changer notre façon d’enseigner, oui mais pour cela il faut aider les enseignants qui ne changeront pas leurs habitudes sans être accompagnés. Rappelez-vous comment on a sacrifié une génération d’élèves en imposant les « maths modernes » sans aider les instituteurs à maîtriser les notions dans les années 70. La formation continue est désormais réduite à sa portion congrue.

Faire réussir l’école est un enjeu majeur pour notre pays et plutôt que de nous pomper l’air avec leur débat sur l’identité nationale, il aurait été plus judicieux de rassembler toutes les compétences pour avancer des solutions.

Oui, bien former nos maîtres ça coûte sans doute trop cher et les résultats ne se verront que dans dix ans et plus.