D’accord, c’était le chantier naval turc Proteksan Turquoise qui avait livré le Yogi, 60,2 × 9,4 × 60 m (quatre étages au-dessus de la ligne de flottaison). Mais son suivi et ses contrôles de sécurité avaient été supervisés par le CSN (Centre de sécurité des navires) de Saint-Nazaire. Il a coulé vendredi matin au large de la Grèce, plutôt inexplicablement, à la suite d’une avarie en salle des machines (il était motorisé par deux moteurs Caterpillar 3512b pour atteindre les 17 nœuds).
Amis consommateurs, si vous aviez réservé le Yogi (pour env. 378 000 euros la semaine, plus provisions de bouche), et les 15 membres de son équipage (dont sept officiers français), afin de vous offrir une croisière en Méditerranée, n’y comptez plus. On déplore en effet la perte de cette embarcation au large de l’île de Skyros, en mer Égée, ce matin.
Le Yogi n’était manœuvré que par huit officiers et hommes de bord et n’avait pris aucun passager.
Tout l’équipage a été évacué vendredi matin 17 février par deux hélicoptères.
Après une collation, ses marins pourront goûter aux soupes populaires qui font les délices des Grecques et Grecs frappés par la crise et l’austérité imposée par la BCE, le FMI et la Commission européenne.
C’est un coup dur pour le pavillon français qui compte moins de douze yachts à son RIF (Registre international français). C’était le 17e et le plus gros « poids lourd » (792 tonnes) du registre, depuis le 15 avril 2008. Il répartissait ses douze passagers dans six cabines et leur proposait un bain à remous, un bar, une salle de massage, et quelques « coins » de relaxation câline.
La traversée d’hier avait été plutôt venteuse mais on n’avait tout d’abord décelé qu’une avarie mécanique. Il s’est lentement couché par tribord avant de se renverser, après le sauvetage de l’équipage, réfugié à bâbord. Sa dernière apparition remarquée, en septembre 2011, avait été le salon nautique de Monaco. Mais il fera très certainement encore parler de lui. Son propriétaire, la société Nigel Burgess (ou Stéphane Courbit, voir infra) va sans doute avoir quelques mots avec les experts de Saint-Nazaire et son architecte, Jean-Guy Vergès.
Je n’ai absolument aucune idée de ce qui a pu arriver au Yogi. Je remarque simplement que sa piscine était dotée, en son fond, d’un large « hublot » pour créer « une magnifique atmosphère et diffusée une lumière iridescente d’aquarium ».
Je ne sais pas non plus si le Yogi allait vers la Grèce ou en revenait et s’il devait rapatrier ou non des icônes, des ciboires, de l’or en barre, ou des immigrants afghans bloqués à Chypre. Amis réfugiés politiques, méfiez-vous aussi du Sirius (ex-Leo Fun), réaménagé par Jean-Guy Vergès. Avant d’appareiller, jetez un œil sur le fond de la piscine.
Pour mémoire :
Conception : Proteksan Turquoise & Jean Guy Verges
Longueur : 60,20 m
Largeur : 9,40 m
Tirant : 3,30 m
Jauge : 792 t
Moteurs : 2 × Caterpillar 3512B 1750 ch
Générateurs : 2 × C9 CAT 148 kW
Carburant : 1000 m³
Autonomie : 5 000 milles
Propriétaire : Stéphane Courbit
Paris Match a pris le temps de consulter le registre du TGI de Paris pendant que je suivais la presse maritime internationale.
Bravo François Labrouillère et David Le Bailly car la concurrence donnait le propriétaire inconnu voici encore quelques heures. Mais, sérieux, Chers Confrères, vous fallait-il préciser que dépêcher deux hélicos et une frégage pouvait susciter des remarques incongrues ?
Vous consignez en effet :
« En pleine crise budgétaire, ces images de l’armée venant au secours d’un yacht pour milliardaires n’ont pas manqué de susciter des commentaires acerbes à Athènes. ».
N’est-ce point mesquin ?
Je découvre à l’instant votre prose et la mention du propriétaire : Lov NB 49, filiale Lov Group Invest, de Stéphane Courbit, propriétaire des hôtels Airelle de Courchevel et Pan Dei de Saint-Trop’. Ce n’est pas Bernard Tapie, Stéphane Courbit, mais un ex-producteur de télévision, proche du pouvoir actuel, qui avait revendu sa société à Endemol et Telefonica. L’amour n’a pas de prix, la sécurité non plus.
Liliane Bettencourt, bien conseillée par Éric Woerth, qui s’était distingué dans la facilitation des paris en ligne (Lagardère et Courbit), lui avait prêté 143 millions d’euros. Les paris sportifs rapportent moins, ces derniers temps. Bah, les assurances paieront, sans doute. Il n’y avait pas le feu à bord, et il n’y en a pas encore au lac de Stéphane Courbit. Il animait « Combien ça coûte ? ».
C’est combien BetClic (Courbit et Société monégasque des Bains de mer), à présent ? En janvier dernier, Le Point rapportait que Courbit avait utilisé l’argent des Bettencourt pour couvrir une partie de son déficit (50 millions d’euros). Qu’il avait aussi massivement licencié chez BetClic, rompu le parrainage avec l’OM, le club marseillais.
Sécurité d’abord
Ne nous dites pas que les plongeurs de la Française des Jeux et du PMU étaient à l’œuvre en Grèce, quand même ? Ou qu’un skieur ayant trouvé un mégot oublié dans sa suite aux Airelles (facturée dans les 35 000 euros la nuit) ait voulu manifester son mécontentement ?
Au prix du mètre linéaire, sachant que le Reborn de Bernard Tapie aurait coûté un million d’euros du mètre, ce Yogi serait revenu à 60 millions au bas mot. Le Reborn est un peu plus coûteux en salaires (équipage de 31) pour deux cabines de mieux. Comptez 800 000 euros la semaine. Mais la sécurité n’a pas de prix. Qui lésine risque gros (selon le HCR, plus de 1 500 naufragés en Méditerranée en 2011, sur 59 500 passagers environ, estimation quasi officielle).
C’est quand même cocasse. Une frégate et deux hélicoptères pour repêcher moins d’une dizaine de marins. Alors que les autorités italiennes ont bloqué à quai le Cap Anamur, bateau allemand, qui repêche des naufragés ayant embarqué en Libye.
Le Cap Anamur avait été auparavant empêché d’accoster avec ses passagers naufragés.
Le 11 février dernier, 11 Somaliens périssaient et 34 autres étaient portés disparus dans le golfe d’Aden. Il y a eu 14 rescapés (plus de 130 noyés entre la Somalie et le Yémen en 2011).
P.-S. – Une vieille règle qu’on enseignait dans les écoles de journalisme voulait qu’une photo sépia ou niveau de gris (noir et blanc, tramée gros) soit plus dramatique qu’une couleur (tramée fine). Le médialogue que je suis à mes heures vous le déconseille : cela n’est plus crédible pour des photos d’actualité. Et puis, vous pouvez décompter les articles faisant état du naufrage du Yogi et ceux évoquant celui des Somaliens (supra) dont le navire, au nom rarement cité dans la presse internationale, avait dérivé cinq jours avant d’être localisé. Le noir ne fait plus recette… Je sais, je sais, je ne devrais plus donner de leçons incongrues : l’article ci-dessus est trop long, tout est mélangé, on n’y comprend rien, et il n’y a pas de photo de ce pauvre Courbit, même pas une mention du Costa Concordia, &c. Au fait, il est allé récupérer son équipage en jet ? Ach, déficit de sémillante et mystérieuse Moldave en passagère clandestine, opportunité photo limitée.
[b]J’avance une hypothèse: que ne ferait-on pas pour toucher la prime d’assurance?, mais je me trompe sûrement![/b]
[b]Ceci explique-t-il cela?: Stéphane Courbit connaît une période difficile : il doit trouver 143 millions d’euros que la milliardaire Liliane Bettencourt avait investis l’année dernière dans son groupe et qu’il a promis de rembourser.
[url]http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120219.OBS1759/stephane-courbit-perd-son-yacht-dans-un-naufrage-en-mer-egee.html[/url][/b]