Le vrai Sarkozy : Président du clivage et de l’extrême droite

Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet à Matignon de Dominique de Villepin et aujourd'hui député UMP de l'Eure, vient de publier Des hommes d'Etat, chronique au quotidien de trois années dans la coulisse du pouvoir. Ce qui nous intéresse ici dans son témoignage est ce qu'il révèle du cynisme de Nicolas Sarkozy, de la façon dont il manipule l'opinion, adoptant des positions non pas parce qu'il pense qu'elles sont bonnes pour la France mais simplement dans le but de se faire élire.

Deux exemples très clairs sont livrés lorsque le futur Président affirme : "pour faire de la politique, il faut cliver. On a le texte sur l'immigration : je dis pas qu'il est parfait, mais au moins on clive, les socialistes sont mal à l'aise. Et puis on a la prévention de la délinquance : je dis pas que c'est bien ou pas, la prévention de la délinquance, je dis que les Français attendent ça, ils veulent qu'on soit ferme, et ils voient que les socialistes sont mal à l'aise. Alors qu'est-ce qu'on attend ? C'est que du bonheur, ça !"

La définition que donne le Robert du verbe cliver est intéressante : "fendre (un corps minéral, un diamant) dans le sens naturel de ses couches". Ce qui donne dans le sens abstrait : "séparer par plans différents". Ce que Sarkozy veut cliver n'est pas un corps minéral ni un diamant mais le corps électoral.

D'autres entretiennent l'ambition de rassembler, mais sa stratégie personnelle est justement inverse. Quant au "sens naturel de ses couches", de quoi s'agit-il concernant l'opinion? Il s'agit d'opposer gauche et droite, basiquement : progressisme et réaction, prévention et répression. Ses textes sur l'immigration ou la soi-disant prévention de la délinquance sont-ils utiles au pays ? Ce n'est pas le problème de Sarkozy.

Il les justifie en se réjouissant qu'ils embêtent les socialistes et qu'ils correspondant à ce que "les Français attendent". Est-ce utile, pertinent, efficace de durcir la répression de l'immigration comme de la délinquance ? Peu importe : sondages en mains, il prend les mesures flattant l'opinion. Parfaite illustration de la démagogie et du populisme. Une enquête indiquerait que les Français sont favorables à la peine de mort qu'il proposerait son rétablissement. Autre exemple : "Moi, j'ai dit : il y a une crise morale en France et cette crise, c'est la crise du travail.

Bon, je prétends pas que c'est génial, mais c'est un point de départ. Il y a autre chose : la France, c'est pas fini. C'est un thème qui marche bien aussi. Je l'ai vu à Charleville-Mézières, un beau déplacement. Lorsqu'on dit aux gens qui sont là-bas : la fonderie, l'industrie, Charleville-Mézières, c'est pas fini, ils accrochent, je vous garantis qu'ils accrochent". Trouver des thèmes qui plaisent à l'opinion, peu importe qu'ils soient bons ou mauvais. Et puisqu'il s'agit de cliver gauche et droite, quel meilleur moyen qu'adopter carrément les positions de l'extrême droite ?

Une démarche consciente et volontaire : "Pour nous, l'élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd", annonce-t-il ainsi. Ce qui est corroboré par l'ouvrage de L_aube_le_soir_ou_la_nuit_couv_Yasmina Reza, L'aube le soir ou la nuit, qui rapporte le propos suivant : "Je vous dis une chose. Si on n’avait pas l’identité nationale, on serait derrière Ségolène. On est sur le premier tour, mes amis. Si je suis à 30%, c’est qu’on a les électeurs de Le Pen. Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge". On y trouve aussi une illustration de la façon dont Sarkozy choisit et défend ses thèmes, dans la conversation suivante :
"Nicolas : (répétant une phrase de son discours de Bercy) Entre Jules Ferry et 68, ils ont choisi 68… Bon, c’est limite mauvaise foi…
Yasmina : Je suis contente de te l’entendre dire…
Nicolas : (il rit) Oui. C’est même terrifiant de mauvaise foi, mais enfin, il faut y aller !"

Voilà donc clairement livrée la personnalité politique du Président : un homme qui est prêt à dire n'importe quoi – ce qu'il fait régulièrement (toujours ?) – pourvu que ça serve son ambition.

Et qui, pour conquérir l'Elysée, a attiré vers lui les électeurs du Front national, flattant ainsi ce qu'il y a de plus bas dans l'âme humaine : la haine, l'exclusion, le repli sur soi, le racisme, la violence. Mais gare au retour de bâton : le Président du clivage pourrait devenir celui de la guerre civile.

6 réflexions sur « Le vrai Sarkozy : Président du clivage et de l’extrême droite »

  1. Je me demande où il a étudié cette cristallographie sous rayons X ???
    Dans le grand Albert , peut-être !

  2. On va certainement au casse gueule avec ce type,je n’en doute pas…
    Comment ce bon peuple de France a pu se rendre aux urnes pour se rattacher a Sieur Sarko. Depuis le temps que cet arriviste voulait le trone!!!Heureux les simples d’esprit de cette nation qui votent pour leurs petites convictions bidons et leurs portefeuilles qu’ils croyaient voir grossir d’avantage.Un programme de rassemblement aussi futile et desuet.Le peuple de cette nation du moins, une majorité a gober les droits de succéssions,travailler plus pour gagner plus etc…Cette partie du peuple est crédule,irréfléchi,malléable a souhait.La sottise populaire engendre de telles situations.Un petit auteur a écrit je cite:( La paresse de réflexions de l’individu le mène souvent a son désabusement. Olivier.p 2001 ).Bye.

  3. PRENONS LE PARI « IL SERA DEMIS »
    élection = piège à cons …
    le vernis commence à se fissurer , à s’écailler, les ministres « gadget » ne suffisent plus à combler l’inexistance même d’un gouvernement digne de ce nom
    il n y a pas de programme , il n y a que des décisions prises à l’emporte pièce ; le spectacle donné à la planète est d’une grande tristesse
    les actes de mr Sarkosy se révèleront d’une gravité extrême à n’en point douter (son manque de lucidité sur les problémes sociaux, le pouvoir d’achat, sa politique étrangère, ses déclarations à l’encontre de l’Iran, l’abandon de la politique du général de Gaulle à l’égard du monde arabe,…) ; ceci se paiera fort cher pour les français
    que dire de cette décision de donner à la France une première dame connue quelques semaines avant le mariage ; un comportement d’une légèreté inouïe ; la vie privée de cet homme m’importerait peu si c’était monsieur Dupond, or, il s’agit du Président de la République Française
    cet homme est un usurpateur , la fonction est trop importante pour ses frèles épaules
    gageons que mandat s’achèvera avant la fin du quinquennat; il sera démis par le peuple
    bien à vous

  4. La démission va être difficile et douloureuse, car la bête est bien accrochée au pouvoir par ses griffes .
    C’est une plaie qui s’est abattue sur le peuple français .

  5. Voter juste un petit droit de semblant d’expression du populo!!!
    Bonsoir Bertrand,j’ose espérer que ce que vous dites verra son accomplissement.Olivier bonsoir,sans doute qu’il nous faudra attendre 2012;car l’esprit Français a perdu depuis longtemps sa vivacité ,son coté rebel et révolutionaire,cedant toute cette énergie a la faiblesse et au j’m’en foutisme.Chacun pour soi,tant que tout va bien pour moi. ( deplorable mentalité populaire ).Bonne soirée a vous tous.

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