Le volcan Merapi sur l’île de Java… 4° et dernière partie.

L‘éruption explosive, du Young Merapi, du 26 octobre 2010.


Contrairement à ce qui a pu être annoncé par les médias, ce n’est pas le mardi 26 Octobre 2010 mais la veille, le lundi 25, que le Young Merapi est rentré en éruption par le truchement de trois épisodes explosifs majeurs, à 07 h 04 Temps Universel, – 14 h 04 Heure locale -, 07 h 24 Temps Universel, – 14 h 24 Heure Locale -, et 08 h 15 Temps Universel, – 15 h 15 Heure locale -, avec épanchements de coulées laviques qui ont atteint les bases des flancs méridionaux et sud-orientaux. Ce même jour, 222 événements sismiques volcaniques superficiels et 454 événements sismiques multiphases déclenchant, pour certains, des avalanches de matériaux et des flux pyroclastiques sont enregistrés par le personnel du Center of Volcanology and Geological Hazard Mitigation.



Pour seule information, déniant, de fait, les assertions des gazetiers affirmant le contraire, le séisme de magnitude du moment révisée de 7,5 à 7.7 ayant frappé au large des côtes Sud-Ouest du Pulau Sibarubaru, dans le Kepulauan Mentawai, en Indonésie, s’est produit, le même jour, à 14 h 42 Temps Universel, – 21 h 42 Heure Locale -, soit plus de 7 heures après la première éruption majeure ayant, elle, affecté le Young Merapi. Comme quoi, avant d’être véhiculées et jetées en pâture aux lecteurs majoritairement candides, les informations et les « scoops » médiatiques mériteraient d’être réellement vérifiés, contrôlés et corrigés. Une erreur parmi tant d’autres mais, en définitive, une somme d’erreurs commises journellement, sur nombre d’événements, s’accumulant et portant total discrédit à la caste journalistique.


Chronologie des événements éruptifs du mardi 26 octobre 2010.


Les éruptions, – de type plinien ? ou vulcanien ? -, débutent, le mardi 26 Octobre 2010, à 10 h 02 Temps Universel, – 17 h 02 Heure locale -, et plusieurs suivent à 10 h 18 Temps universel, – 17 h 18 Heure Locale -, 10 h 23 Temps Universel, – 17 h 23 Heure Locale -, 10 h 30 Temps Universel, – 17 h 30 Heure Locale -, d’une durée de 2 à 9 minutes, à 10 h 42 Temps Universel, – 17 h 42 heure Locale -, une crise plus importante d’une amplitude de 33 minutes Puis, un calme relatif s’installe jusqu’à 11 h 00 Temps Universel, – 18 h 00 Heure Locale -, lorsque d’importants grondements se font entendre, des grondements étagés à 11 h 10 Temps Universel, – 18 h 10 Heure locale –, 11 h 15 Temps Universel, – 18 h 15Heure Locale -, 11 h 25 Temps Universel, – 18 h 25 Heure Locale -, se poursuivant jusqu’à 11 h 45 Temps Universel, – 18 h 45 Heure Locale -. Elles se caractérisent par une succession de douze d’explosions de forte ampleur générant des coulées pyroclastiques et des nuées ardentes qui dévalent, à des vitesses voisines de 500 kilomètres/heures et à des températures oscillant entre 600 et 800° C., les versants Ouest-Sud-Ouest et Sud-Est de l’édifice volcanique.


Ces coulées pyroclastiques et ces nuées ardentes sont accompagnées de roulements sourds laissant présager des avalanches de matériaux vulcaniens consécutifs à des effondrements partiels du dôme de lave et du bâti sommital, et d’un panache de tephras, –majoritairement des cendres -, de gaz chauds et de fumées toxiques s’érigeant, en colonne, à environ 4.500 mètres d’altitude et, sur sa partie basse ayant corps de surge volcanique, déboulant le long des pentes qui sont densément peuplées car très fertiles.Et l’incandescence du cratère est nettement visible depuis le poste d’observation de Selo, sur le flanc Nord du volcan, et apercevable de Yogyakarta, en son Sud-Sud-Ouest, de Surakarta, en son l’Est, et de Semarang, à plus de 60 kilomètres, en son Nord.

Dans un communiqué du 26 Octobre, le Volcanic Ash Advisory Centres, – le V.A.A.C. -, de Darwin(5) précise, même, la présence de cendres à plus de 18 kilomètres d’altitude, au-dessus de l’édifice volcanique, des cendres dérivant vers le Sud et le Sud-Ouest en direction de l’Océan Indien, démontrant, s’il en doit être, la violence des explosions, d’une part, et, d’autres part, les effondrements qui peuvent se produire dans la partie sommitale du Young Merapi. En effet, dans son communiqué, le V.A.A.C de Darwin, annote ; « Altitude du Merapi : 2.947 mètres. », soit une diminution de son cône, s’en tenir compte de l’inflation qui s’est accumulée sur son dôme de lave depuis le mois de Mars, d’au moins 21 mètres, ce confirmant les prévisions émises dès le 24 Octobre : « Le Young Merapi connaîtra une éruption explosive, de type plinien ou vesuvien, comme en 1930 et ne vomira pas seulement du gaz comme en 2006… »


Outre les douze explosions, durant toute la journée du 26 octobre, le personnel du Center of Volcanology and Geological Hazard Mitigation répertorie et enregistre 232 événements sismiques volcaniques superficiels et 269 événements sismiques multiphases déclenchant des avalanches de matériaux et des coulées pyroclastiques, particulièrement affectant le flanc Ouest du bâti vulcanien, 4 jaillissements de lave, 6 nuées ardentes et un panache de cendres, de gaz et de fumées toxiques.


Les conséquences de l’éruption du Young Merapi, les 25 et 26 Octobre 2010, sur les populations.


D’après la presse locale, tout particulièrement le « Djakarta Globe », même si plusieurs éruptions mineures se sont déjà produites les jours précédents, même si l’ordre d’évacuation a été promulgué par les autorités, environ 15.000 personnes n’auraient pas encore déserté les villages implantés sur les versants du volcan et les abords proches de celui-ci. En effet, si les femmes, les enfants et les personnes âgées ont accepté d’être déplacés vers des lieux plus sûrs, les hommes, eux, ont refusé abandonner leurs maisons pour s’occuper de leurs champs, de leurs cultures et leurs bétails.



Les nuées ardentes, les chutes de cendres et les gaz toxiques ont tué 36 personnes, toutes victimes de brûlures graves, dont une journaliste de Vivanews et Mbah Maridjan, le juru kunci du Merapi, –le gardien spirituel du volcan pour les habitants locaux -, blessant plus ou moins grièvement des milliers d’autres, et anéantissant des villages, tout particulièrement celui de Kinahrejo. Par ailleurs des chutes de cendres ont été recensées à Yogyakarta et à Cilacap, à plus de 120 kilomètres au Sud-Est de l’édifice.


Quels risques de destruction totale de son cône pour le Young Merapi ?


Au 26 Octobre 2010, au soir, nul ne peut douter que l’éruption du Young Merapi, présentant, dans ses premiers jours, des similitudes avec celle qui s’était produite le 25 Novembre 1930 et qui avait perduré jusqu’en Septembre 1931, – Indice d’Explosivité Volcanique (VEI) 3, volume de lave supérieur à 26 millions de mètres cubes, volume de tephra supérieur à 1,7 millions de mètres cubes, 1.400 victimes recensées -, puisse se résumer en une crise éruptive volcanique de seulement quelques jours, voire une ou deux semaines au plus. Certes, l’usage veut que de petites éruptions ont lieu tous les deux ou trois ans et de plus importantes tous les dix à quinze ans, que la précédente en date, de Mars 2006 au 09 Août 2007, Indice d’Explosivité Volcanique (VEI) 1, volume de lave supérieur à 4 millions de mètres cubes -, se soit déroulée sur une durée supérieure à un an. Il n’en paraît pas être vrai, de l’adage, pour la présente car lIndice d’Explosivité Volcanique, de niveau 1 ou 2 pour la journée du 25 Octobre, doit être, pour celle du 26, estimée à, au moins, 3, un fait laissant présager une crise importante, voire cataclysmique ou paroxysmale, se prolongeant sur les mois à venir.



Le Young Merapi se situe sur un arc volcanique, – l’arc volcanique de la Sonde -, s’étirant sur plus de 2.000 kilomètres, connu pour produire de grandes catastrophes telles, celles historiques, du Krakatoa, en 535, – Indice d’Explosivité Volcanique estimée à 8 -, avec formation d’une caldeira de 50 kilomètres de diamètre ayant donné naissance au Détroit de la Sonde séparant Sumatra de Java ; du Tambora, en 1815, – Indice d’Explosivité Volcanique estimée à 7 -, qui avait une altitude de 4.300 mètres perdant, en quelques heures, 1.500 mètres de hauteur, occasionnant la mort de 92.000 personnes et créant une caldeira de 6 kilomètres de diamètre, profonde de 600 mètres ; à nouveau du Krakatoa, les 26 et 27 Août 1883, – Indice d’Explosivité Volcanique estimée à 6 -, les autorités hollandaises chiffrant le nombre total de victimes à 36.417 et laissant une caldeira de 7 kilomètres de diamètre ; le Mont Kelud, en 1586, meurtrier, avec environ 10.000 victimes, et, en 1919, tuant 5.115 habitants de l’est de Java, au Sud de la grande ville de Surbaya ; et le Mont Agung, sur l’Île de Bali, en 1963, – Indice d’Explosivité Volcanique estimée à 5 -, entraînant dans la mort 1.553 personnes. Enfin, il ne se peut omettre l’éruption de Toba, sur l’Île de Sumatra, datée de -73.000 ± 4.000 ans, – Indice d’Explosivité Volcanique estimée à 8 -, laissant une caldeira de 100 kilomètres de long sur 30 kilomètres de large remplie par un lac, le lac Toba, Elle est considérée comme la plus récente éruption d’un « supervolcan. » Le total des matériaux éruptifs émis était d’environ 2.800 kilomètres cubes, dont 2.000 kilomètres cubes d’ignimbrite et 800 kilomètres cubes de téphras et de cendres.



En outre, et non des moindres, l’histoire du Merapi, depuis sa création, au cours du Pléistocène, très probablement dès le Pléistocène inférieur, est ponctuée par des effondrements de son bâti vulcanien : des échantillons ont été datés, sur le Gunung Bibi, un volcan inactif dans le complexe Merapi, de 670.000 ± 25.000 ans ; des dépôts basaltiques et des coulées pyroclastiques ont été relevés sur les pentes des cônes volcaniques du Plawangan et du Turgo, en périphérie de la cadeira laissée par le Od Merapi, estimés à 40.000 ± 15.000 ans ; vers – 2.000 ± 75 ans, marquée par des épisodes de grandes coulées andésitiques entrecoupées de nuées ardentes, surtout lors de la « série Batulawang » qui s’est achevée par un événement majeur de type Mont Saint-Helens qui a quasi arasé toute la partie Ouest du volcan, laissant, dans sa morphologie, une grande dépression en forme de fer à cheval ; et, enfin, depuis le cratère  fissural de Pasarbubar qui, suite à une éruption ou plusieurs éruptions sub-pliniennes et phréato-sub-pliniennes, vers – 120 ± 75 ans, qui ont produit une série de déferlantes ensevelissant des temples éloignés et atteignant l’emplacement de l’actuelle ville de Yogyakarta.

Alors une question se pose : Le Merapi sera-t-il à nouveau, dans un temps plus ou moins bref, son activité étant cyclique, le siège d’un événement paroxysmal ou colossal comme il en a déjà commis, au moins 4 d’entre eux attestés scientifiquement et répertoriés, dans un passé historiquement récent et paléolithiquement lointain ?


Bener, le 27 Octobre 2010

Raymond Matabosch


Notes.


(5) La région couverte par le Centre d’Annonce de Cendres Volcaniques de Darwin, – l’un des neuf V.A.A.C. créés pour aviser l’industrie aéronautique internationale de l’emplacement et du mouvement des nuages de cendres volcaniques -, inclut l’Australie, l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et une partie des Philippines. Cette région a vu quelques-unes des éruptions les plus grandes connues à l’histoire.

4 réflexions sur « Le volcan Merapi sur l’île de Java… 4° et dernière partie. »

  1. Un très bon article en 4 partie fait par un connaisseur. Je trouve juste le français un peu curieux, comme si l’auteur n’était pas de langue maternelle française. Très bien écrit quand même…

  2. En fait, pir, en seulement 4 parties j’ai concentré ce que j’aurais dû écrire en 10 parties au moins, ce qui donne une dialectique un peu curieuse… avec des virgules, de points virgules… etc… etc… avec des mots généralement peu usités dans le français tel qu’on le parle, un français parlé qui est devenu coutumier de l’écriture…

  3. C’est curieux où vous prenez toutes ces données très détaillées.

    En effet, il faut citer comme même les auteurs et/ou les articles où vous prenez l’information.

    L’expression « éruptions sub-pliniennes et phréato-sub-pliniennes, qui ont produit une série de déferlantes » est complètement faux car les éruptions pliniennes ne forment pas les déferlantes ni nuées ardentes.

  4. « L’expression « éruptions sub-pliniennes et phréato-sub-pliniennes, qui ont produit une série de déferlantes » est complètement faux car les éruptions pliniennes ne forment pas les déferlantes ni nuées ardentes.  »

    Ah bon… vous vous y connaitrez, AnastaB ? A croire que non… Et le Vésuve, en 79 ?… c’était quoi comme éruption ? décrite par Pline… d’où vient Plinien…

    Quant « citer comme même les auteurs et/ou les articles où vous prenez l’information… », tout dépend de l’auteur de l’article s’il puise dans ses propres archives pourquoi se citer… ? Vous pouvez me le dire ?

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