Le volcan Merapi sur l’île de Java… 3° partie.

L’éruption explosive, du Young Merapi, du 26 octobre 2010 est-elle dépendante du séisme ayant frappé les Îles des Mentawaï ?


« Indonésie : Éruption du volcan Merapi après le séisme de Sumatra… Le volcan indonésien Merapi, situé sur l’île de Java, est entré en éruption mardi, quelques heures seulement après un séisme de magnitude 7,7 qui a déclenché un tsunami faisant au moins 413 morts et des centaines de disparus sur la côte de Sumatra… », ainsi s’exprimaient, en termes plus ou moins semblables, dès le 26 Octobre, tous les médias… et colportaient le fait controuvé que l’éruption volcanique était, tout comme pour le tsunami, la résultante du séisme…


 
Certes les Îles des Mentawaï se situent dans l’Océan Indien, au large des côtes Ouest de Sumatra, en Indonésie, et le séisme du 25 Octobre 2010, magnitude 7.7, se localise au Nord-Est de la Fosse de la Sunda, sur le Mentawaï Ridge, profondeur 20 Kilomètres s’incisant sur le plan de Wadati-Benioff(4) ; le volcan Merapi, se situe sur l’Île de Java, en Indonésie, à l’Est de la dite Fosse de la Sunda, à quelques 300 kilomètres de celle-ci, et, à ce niveau, la profondeur du Plan de Wadati-Benioff est estimée à 170 kilomètres. Mais le Merapi se circonscrit à plus de 1.000 kilomètres au Sud-Est des Îles des Mentawaï et de l’épicentre du séisme sus-cité.

Certes le Merapi fait partie intégrante de l’Arc volcanique de la Sunda, un arc s’étendant sur plus de 2.000 kilomètres, – les Îles de Sumatra, de Java, de Bali, Lombok, Sumbawa, Flores -, et, tout comme les Îles des Mentawaï, partie intégrante de l’avant-arc, – une chaîne de reliefs composée de 131 îles, îlots et rochers séparés de l’Île de Sumatra par le détroit de Mentawaï. Les principales îles en sont les Îles Simeulue, Nias, Batu et Mentawaï. Cette chaîne ressurgit plus à l’est pour former les chaînes montagneuses de Sumba et du Timor –, il se situe en surplomb de la convergence de deux plaques tectoniques, la plaque Indo-Australienne subductant sous celle de la Sunda qui porte le plateau continental englobant les Îles de Sumatra et de Java, et le plateau océanique de Nias supportant l’avant-arc. Mais, à la différence du plateau continental de la Sunda possédant toutes les propriétés d’un continent, – lithologie acide, forte épaisseur de la croûte continentale, histoire géologique -, le plateau océanique de Nias, quasi-inexistant à l’ouest de l’île deSumatra, – dans la zone de subduction ou la plaque océanique plonge sous la croûte continentale – , est, de plus, en conflit avec le plateau asiatique sous lequel il s’enfonce à la vitesse de 5,2 centimètres par an. En outre, au différent de l’Île de Java, le plateau océanique de Nias est incluse dans un système orogénique.


 
Certes, les Îles des Mentawai et les Îles de Sumatra et de Java se situent dans une zone sismique et volcanique sensible où les subductions s’y succèdent depuis le Dévonien, – période dominée par la formation du super-continent Gondwana dans l’hémisphère Sud, l’ensemble des océans étant en phase de fermeture -, le Carbonifère et le Permien, – système géologique où toutes les masses de terre, à l’exception d’une portion de l’Asie du Sud-Est, se sont agglomérées en un seul super-continent appelé Pangée. – Mais si la convergence, au niveau des Îles des Mentawaï, à une vitesse de 5,9 centimètres par an, se réalise dans un axe Sud-Ouest/Nord-Est, celle-ci est quasi frontale, vitesse de 6,5 centimètres par an, au niveau de l’Île de Java.


Les prémices de l’éruption explosive, du Young Merapi, du 26 octobre 2010.


Dès le 22 septembre 2010, le Center of Volcanology and Geological Hazard Mitigation, – le C.V.G.H.M. -, et le Pusat Vulkanologi & Mitigasi Bencana Geologi, Badan Geologi, – le P.V.M.B.G. -, avertissent que la sismicité, autour et dans l’édifice du Young Merapi, décelée depuis le début du mois de Septembre, tant dans la fréquence des secousses que dans leur magnitude, est en constante progression. Des observateurs postés, certains à Babadan, 7 kilomètres à l’Ouest de l’édifice volcanique, d’autres à Kaliurang, 8 kilomètres au Sud, signalent, le 12 Septembre, avoir entendu le grondement sourd d’une avalanche de matériaux volcaniques dévaler les flancs du volcan. Mais difficile en est d’en déterminer l’origine : celle-ci avait-elle était provoquée par un séisme dont l’hypocentre se serait situé dans la corps du bâti vulcanien ? Ou par une poussée du magma andésitique engorgeant la sortie du cratère ? Des questions auxquelles il est inadéquat, les deux hypothèses pouvant s’avérer plausibles, d’y répondre.


 
En effet si la sismicité est croissante, l’inflation du dôme de lave, découverte dès le mois de Mars, est, parallèlement, en accroissement au niveau basal. Cette inflation varie entre 0,1 et 0,3 millimètres jours et, inéluctablement, presse sur le dôme en lui-même, fragilisant le haut de l’édifice, créant des fissures sur ses bords, le rendant, de fait, instable et branlant. Conséquence directe, laissant à penser à un éboulement sommital partiel, le 13 septembre 2010, des plumes, composées de gaz et de matériaux volatiles, de couleur, pâle sont aperçues s’élevant, en une colonne de 800 mètres de hauteur, au-dessus du cratère. Bien plus, le 16 Septembre, sous une grosse poussée magmatique, l’inflation croît, brutalement, de 11 millimètres.

A partir du 19 Septembre jusqu’à la fin du dit mois, et tout le long de celui d’Octobre, la fréquence des tremblements de terre, en alternance avec des plumes volcaniques qui s’échappent du sommet du cratère, un dégazage permanent et une inflation galopante, atteignant des niveaux de 8,5 centimètres jour, du dôme de lave, est en continuelle augmentation et les secousses, aux magnitudes variant entre 2.0 et 3.5, se centralisent, en essaims, au niveau basal du volcan. Le 20 septembre, le C.V.G.H.M., élève le niveau d’alerte volcan, – sur une échelle de 1 à 4 ou, suivant les pays, de 1 à 5 -, au niveau 2.


Aux veilles de l‘éruption explosive, du Young Merapi, du 26 octobre 2010.


D’après le « Djakarta Globe », le vendredi 22 Octobre 2010, 7 séismes profonds, 34 séismes volcaniques superficiels et 321 séismes volcaniques multiphases sont enregistrés, 93 épisodes émissifs de coulées laviques sont constatés et l’inflation du dôme de lave, de 8,5 centimètres, le mercredi 20 Octobre, croît à 16 centimètres. De fait, le C.V.G.H.M. relève le niveau d’alerte volcan de 2 à 3 sur une échelle de 4. Simultanément, les autorités locales prennent les dispositions drastiques qui s’imposent, interdisant toute circulation sur les routes menant au volcan, délimitant une zone d’interdiction de 8 kilomètres de rayon avec, pour centre, le cratère sommital et obligeant les habitants, vivant sur les flancs du Young Merapi, à déserter leurs villages, à se replier au-delà de cette limite, et, surtout, à s’écarter des couloirs de drainage des flux pyroclastiques.


 
Le volcan est célèbre pour les effondrements cataclysmiques de son dôme de lave qui génèrent des coulées pyroclastiques transitant sur des distances plus ou moins égales à 6,5 kilomètres, les touristes sont déclarés « persona no grata » dans la zone interdite et les mineurs de sable doivent cesser, impérativement, leurs activités. Parallèlement, les autorités envisagent l’évacuation de la zone et s’activent à préparer les routes en vue d’une telle alternative. Les volcanologues attachés auMerapi Volcano Observatory, – Observatoire Vulcanologique du Merapi -, redoutent, après celle de Mars 2006 au 09 Août 2007 ayant entraîné évacuation des habitants, mort d’hommes et dégâts importants aux propriétés terriennes et aux habitations, une nouvelle éruption engendrant des coulées de lave sur 24 kilomètres de longueur, et des coulées pyroclastiques conséquentes qui pourraient lécher les abords de la ville de Yogyakarta, au Sud du volcan, distante de plus ou moins 26 kilomètres.

Les 23 et 24 Octobre, les coulées de lave commencent à affluer dans la Vallée de la rivière Gandol, laissant présager la probabilité d’une éruption imminente. En corrélation avec l’éruption explosive de 2006, le Pusat Vulkanologi & Mitigasi Bencana Geologi, Badan Geologi constate que les distensions provoquées par l’inflation galopante du dôme de lave est plus rapide cette fois-ci et l’accumulation de gaz aérosols impliquent une pression plus importante pouvant aboutir à une éruption explosive de type de celle qui s’est produite du 25 Novembre 1930 à Septembre 1931, Indice d’Explosivité Volcanique (VEI) 3, volume de lave supérieur à 26 millions de mètres cubes, volume de tephra supérieur à 1,7 millions de mètres cubes, 13 villages anéantis et un bilan catastrophique de 1.400 victimes recensées.


 
Concomitammant, au lieu des 321 séismes volcaniques multiphases mémorisés le vendredi 22 Octobre, le samedi 23, 525 sont enregistrés et le dimanche 24, ce nombre est de 672, et les jaillissements de lave augmentent, passant de 93 à 183, le samedi et, avec un taux d’inflation du dôme de lave de 42 centimètres, à 217 épisodes laviques le dimanche. Toutes les suppositions sur le type d’éruption sont émises : soit une une éruption Péléenne avec des coulées pyroclastiques et des ruisseaux de lave, soit une éruption Plinienne ou Vesuvienne, beaucoup plus explosive, éjectant cendres, roches et matériaux volcaniques à plus de 25 kilomètres d’altitude, avec ou sans coulées pyroclastiques. Une seule certitude en est : « Le Young Merapi connaîtra une éruption explosive, comme en 1930 et ne vomira pas seulement du gaz comme en 2006, mais nul ne peut savoir, en date du 24 Octobre, malgré l’éminence de l’aléa volcanologique, quand le volcan entrera en éruption et combien de millions de mètres cubes de matériel volcanique il vomira. »

Le 25 octobre 2010, sur sollicitation du Center of Volcanology and Geological Hazard Mitigation, – plus de 650 séismes multiphases le dimanche 24 Octobre et plus de 350, dont un de magnitude supérieure à 5,5 sur l’échelle ouverte de Richter, en moins de 12 heures le lundi, et une colonne de lave s’élevant à environ 1 kilomètre d’altitude au dessus du cratère sommital -, le gouvernement indonésien élève l’alerte au niveau 4 : éruption imminente. Les villageois, vivant dans un rayon de 10 kilomètres autour du volcan, environ 19.000 personnes, concernées dans un premier temps, sont sommées d’évacuer les régions menacées.


Notes.


(4) Le Plan de Wadati-Benioff est la surface plus ou moins complexe formée par la distribution des hypocentres des séismes associés à une subduction. Il se se définit en décrivant les effets du phénomène de subduction, plutôt que sa cause.

Le plan de Wadati-Benioff montre une disposition remarquable des foyers sismiques. Les séismes superficiels, dont la profondeur du foyer n’excède pas 100 kilomètres, sont les plus fréquents. Ils se localisent essentiellement entre la fosse et la zone volcanique. Les séismes plus profond ont une caractéristique remarquable : la profondeur de leurs foyers augmente lorsque l’on s’éloigne de l’arc magmatique.

19 réflexions sur « Le volcan Merapi sur l’île de Java… 3° partie. »

  1. bien lu je me suis fait une reflection un peut reveuse car une casserole de cassoulet sur une plaque chauffante presente les (bulles au centre)donc a une certaine temperature voir la ressemblence? 🙂

  2. Je ne sais pas, mais je n’ai jamais fait la comparaison…

    mais une casserole de cassoulet…excellent à la graisse d’eau… et un chaudron volcanique… la ressemblance est peu probable…

  3. Peut-on vraiment prévoir maintenant à quelle force un volcan peut arriver en éruption et vers quelle date ?

    Y a -t-il des fausses alertes ?
    Peut on dans une chaîne comme celle-ci, se tromper de volcan, penser qy’un va entrer en éruption et qu’en fin de compte c’en est un autre ?
    Les cheminées communiquent-elles à l’horizontale ?

  4. Tout d’abord, SybilleL, il est à penser qu’un volcan est rarement simple… ou il fait partie d’un complexe volcanique, comprenant cônes, dômes,cônes faillés, cônes fissuraux, cônes adventifs, évents thermiques et géothermiques…. et tous les conduits sont reliés au volcan-mère… ou il fait partie d’une chaîne volcanique et les divers complexes volcaniques qui composent cette chaîne sont indépendants les uns des autres…

    Dans un complexe volcanique, il peut se produire une éruption alors que celle-ci était attendue dans une bouche voisine… mais c’est le même complexe volcanique…

    Au différent, avec tous les éléments qui sont mis en œuvre pour ausculter les volcans, il est difficile d’émettre de fausses informations scientifiques… Si les possibilités d’une éruptions est décelée… seul le temps de celle-ci peut différer…

    Par contre, l’étude des séismes profonds dont les hypocentres se situent à plus de 180 kilomètres de profondeur, à l’aplomb des volcans de subduction situés dans les arcs volcaniques, sont des sources d’information sans commune mesure car, plus le séisme est profond, plus il est aisé de savoir, à quelques jours près s’il peut se produire une éruption, la lave montant de quelques centaines de mètres à un ou kilomètres par jour…

    En fait, la réponse à ta question mériterait la rédaction de plusieurs articles

  5. Et je m’empresserai de venir les lire!

    Il me semble que les seïsmes jouent un peu au ping pong avec les ondes au niveau des séïsme!
    Bien que je n’y connaisse rien en géologie, e, regardant les seïsmes depuis 18 mois, j’imaginais aisément un séisme au niveau de la Grèce, ou ses environs, mais très proche !!

    Ai-je tort?

  6. SybilleL, à ce sujet je t’invite sur mon site où je ne parle pratiquement que de séismes et d’éruptions volcaniques de lire l’articel

    http://desorchideesetdesorties.20minutes-blogs.fr/archive/2010/11/03/seisme-de-magnitude-5-6-en-serbie-des-morts-des-blesses-et-d.html

    article où j’y xonsigne, dans un chapitre :
    « …Si celle-ci ne se propage pas, tout particulièrement dans les environs du Chili ou le long de la Fosse de la Sunda, d’autres foyers sismiques vont s’activer. Aucune partie du monde, pas moins l’Europe, la France, l’Italie et les Balkans, ne sont à l’abri de tels phénomènes avec des magnitudes égales ou supérieures à 5.5 avec déclenchement de tsunamis en Adriatique et en Méditerranée… »

    Amicalement

    Raymond

  7. Duranr ces dernières 24h c’est LaSuiss qui a ressenti un petit séïsme!

    Je vais aller voir votre (ton) site !

    Pour l’a,ecdote, j’ai entendu un séïsme parcourir l’échine de la terre dans le jura en hiver 2005 ou 2006, je n sais plus, mais j’ai entendu les courant, le seïsme courire, ce grondement souterrain, je l reconnaitras ntremille!

    l est arriv sous nous et ma fille et moi avons failli recevoirun meuble surla tronche, puisil et repartitoujours avec c bruit!
    Une année auparavant presque jour pou jour, dans la mison de Longmaison dans le Doubs, j’avais vu la poutre au dessus de moi faire des vagues!
    Une gosse poutre de 50cm! elle n’a pas changé de forme après, mais je jure que je l’ai vue tanguer !

    Je n’ai plus eu de vision ou de sons depuis que nous avons déménagé!
    Mais c’était très impressionnant, autant la vision que le son !

  8. Hi hi Veritas, je ne parle pas de l’oeil de mon voisin!
    Mais de la poutre qui était au dessus du coufine de mon bébé !

    Ca fait un drôle d’effet de voir une poutre porteuse faire des vagues et reprendre sa forme !

  9. Et le bruit du séisme qui passe, c’est comme le hurlement d’une bête qui court à une vitesse phénoménale en soulevant la terre !

  10. « [i]Et le bruit du séisme qui passe…[/i] », SybilleL

    En fait, on entend le bruit, d’abord, sourd, comme un grognement… ensuite vient le séisme en lui-même, quelques secondes ou quelques minutes après… souvent après un temps de silence oppressant… Et, lors, tout bouge par le fait des ondes circonscentriques qui se propagent…

  11. Si j’ai subi dans le massif du Jura 3 années de suite des tremblements de terre (toupiti) c’est la seule fois où je l’ai entendu arriver !

    Ca fait bizarre, car on n’a pas de mémoire de faits antécédant et par conséquent, ce qui se passe est 2 fois plus impressionnant!
    Pour juste bouger un meuble sans le faire tomber, il n’était vraiment pas violent !
    Pour nous le danger était ailleurs, si le séisme avait été fort, on se retrouver la maison en contrebas, dans le bois, la maison était construite sur une ancienne décharge et au bord d’une pente à 15% !

  12. Non mais c’est vrai , SybilleL, ça doit faire drolement peur !
    (drolement au sens etymologique de troll , mauvais génie) .

  13. Et vous qui êtes-vous AnastaB pour vous autoriser à poser de telles questions frisant le ridicule ?

  14. Catalan66270, pourquoi vous énerver ainsi après AnastaB, il n’avait peut-être pas consulté votre profil. C’était une question, une simple question qui peut-être dénotait l’intérêt à votre activité ?

  15. Mais Nathalie M., je ne me suis pas énervé… j’ai constaté seulement… car je suis respectueux des autres comme je le suis de moi-même… cool et sans prise de tête inutile.

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