Le ver qui mange les bateaux

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La Baltique est une mer quasi intérieure exceptionnelle. Elle constitue un des plus grands systèmes d’eau saumâtre du monde. En raison de la variabilité de ses conditions hydrophysiques (oxygène et salinité), quelques espèces spécialisées s’y sont développées. Jusqu’il y a peu, cet environnement était préservé du taret, un ver à bateaux qui mange les épaves en bois dans l’Atlantique et dans les mers du Sud.

 

 

 

 Au fond de la Baltique, des vestiges sous-marins reposent par centaines depuis des siècles. L’eau y est froide et peu salée. Ce qui a permis de préserver des bateaux datant de l’époque des Vikings. Rien que dans les eaux territoriales allemandes, depuis la réunification, 750 épaves ont été répertoriées. Certaines d’entre elles ont été renflouées et étudiées. Les autres sont rongées par les tarets (Teredo navalis), des mollusques marins xylophages en forme de vers. Ils étaient pourtant absents de ces eaux jusqu’à ce que des bouleversements météorologiques en décident autrement. Les navires qui ont sombré, véritables richesses archéologiques, pourraient disparaître si l’homme ne parvient pas à arrêter le terrible ver…Des changements climatiques ont bouleversé les équilibres écologiques. Début 2003, une tempête a chassé de gigantesques masses d’eau hors de la mer Baltique vers la mer du Nord. Le niveau de la Baltique a même baissé de plusieurs centimètres ! Puis, la situation s’est violemment inversée. Les eaux de la mer du Nord, nettement plus riches en sel et en oxygène, se sont engouffrées dans la Baltique. L’écosystème vulnérable de la mer a été modifié. Cela ne reste qu’une hypothèse, mais les scientifiques se sont alors aperçu que le bois des épaves commençait à être rongé par les tarets. Ce serait une grande perte. Le fond de la majeure partie des océans se trouve à des kilomètres de profondeur. Ici, outre leur bonne conservation, les vestiges sont accessibles. La profondeur moyenne de la mer Baltique n’est que de 55 mètres. Les archéologues peuvent mettre la main sur de véritables bijoux. L’exemple du «Vrouw Maria» est significatif. Il s’agit d’un bateau néerlandais qui a coulé en 1771. Il avait à son bord d’innombrables trésors artistiques destinés à Catherine la Grande… D’autres découvertes dépassent le cadre de l’archéologie marine : la cargaison du «Schooner Jônkôping», un deux-mâts en bois suédois, a été ramenée à la surface. Il avait coulé en 1916, torpillé par les Allemands. Il transportait 5.000 bouteilles de Champagne et 67 tonneaux de vin et de cognac destinés aux officiers du Tsar. Si les tonneaux ont pris l’eau, le Champagne est resté d’excellente qualité…