Le Venezuela est actuellement englué dans une grave crise politique et économique. Inflation, pénurie et blocage institutionnel font craindre une explosion sociale dans ce pays ravagé par la criminalité.
La politique
La révolution bolivarienne, nommée ainsi en référence à Simon Bolivar, a été initiée en 1992 par Hugo Chavez lors de son coup d’état. Son successeur Nicolas Maduro est actuellement à la tête de la République bolivarienne du Venezuela. Face à la crise qui secoue le pays, il évoque des pressions des Etats-Unis et de « leurs laquais » qui voudraient détruire la gauche du pays.
La gauche dans toute l’Amérique Latine est en difficulté, à Cuba qui se rapproche des USA après la fin de l’embargo, en Argentine où elle a perdu les élections, au Chili où l’arrivée d’un président de centre droit en 2010 a signé la fin de 20 ans de règne de la gauche, … Au Venezuela, Hugo Chavez est mort en mars 2013 mais son portrait est encore omniprésent dans la capitale Caracas.
Toutefois les acquis sociaux du chavisme ne suffisent plus. Chavez avait financé à 95% son système social pour les pauvres sur les revenus du pétrole mais n’a pas su diversifier l’économie du pays, restée dépendante du pétrole. Désormais, les cours du brut s‘étant effondrés, tous ces acquis sociaux ne peuvent plus être maintenus. La corruption, la violence et l’inflation rendent la situation catastrophique. Le pays ne compte plus que sur une remontée des cours du pétrole pour relever la tête.
L’économie mise à mal
Le pays a tout misé sur ses immenses réserves de pétrole. En effet le Venezuela possède les plus grandes réserves d’or noir (prouvées) du monde. Mais le prix du baril passé de 100 à 50 dollars et l’inflation très forte ont eu raison de l’économie vénézuélienne. L’inflation a atteint 180% en 2015, 700% en 2016 et certaines prévisions annoncent 1700% d’inflation pour 2017… Le modèle économique vénézuélien est remis en question. Le pays est en récession depuis 2013.
La nationalisation de grandes entreprises ont fait fuir les investisseurs étrangers et la corruption endémique ralentit l’économie.
Citybank a annoncé en juillet dernier qu’elle fermait les comptes gouvernementaux et stoppait son activité de banque correspondante. Or les banques correspondantes permettent aux Etats de réaliser leurs transactions financières en euros ou en dollars à l’international. Nicolas Maduro a dénoncé un blocus financier du Venezuela.
L’état d’urgence et l’état d’exception ont été proclamés, ce qui permet au gouvernement de prendre le contrôle de l’approvisionnement et des produits de première nécessité.
Le président Maduro a annoncé une hausse du salaire minimum de 50% en septembre 2016, accompagné d’une revalorisation de 128% des bons d’alimentation. Cependant ceci ne compense pas la très forte inflation et il faut rappeler que le salaire minimum avant augmentation n’était que de 100 dollars.
Ce vendredi 14 octobre, Nicolas Maduro devait présenter le budget 2017 devant l’Assemblée Nationale, constituée en majorité de députés de l’opposition. Cependant les deux parties s’accusent de violation de la loi et même de coup d’état. Le blocage institutionnel continue.
Les conditions de vie des habitants
Les supermarchés sont vides, les produits de base de l’alimentation tels que le riz, le savon ne peuvent même plus être achetés et affichent quand ils sont disponibles des prix rédhibitoires. Les habitants sont obligés de faire la queue devant les magasins pour se procurer ces produits de première nécessité. Même les médicaments manquent dans les pharmacies : certains patients doivent se rendre chez le vétérinaire pour avoir des médicaments pour des greffes par exemple. Les hôpitaux sont pleins et des gens meurent parfois faute de soins assez rapides. Le courant est coupé 4h par jour afin de faire des économies, ce qui rend la vie quotidienne des habitants plus difficile encore.
Face à cette pénurie de 80% des produits de première nécessité et de médicaments, de nombreux habitants franchissent la frontière colombienne pour aller s’approvisionner dans le pays limitrophe, occasionnant d’impressionnantes files d’attente.
La violence est omniprésente, les Vénézuéliens ont peur de se faire voler, blesser voire tuer quand ils sortent dans la rue. Les statistiques indiquent un taux de 119 homicides pour 100 000 habitants… Mais le gouvernement refuse de voir la violence. La liberté de la presse est fragile, il existe de nombreux prisonniers politiques. Leurs familles se battent pour les faire sortir de prison, en organisant des manifestations et en utilisant les réseaux sociaux pour se faire entendre car « dans une prison vénézuélienne, tout le monde est en danger de mort ».
Le 1er septembre a eu lieu à Caracas une manifestation réunissant plus d’un million d’opposants à Nicolas Maduro, dans un pays qui compte 30 millions d’habitants. Les opposants veulent un référendum pour révoquer le président.
Certains Vénézuéliens émigrent pour trouver de meilleurs conditions de vie, un meilleur salaire, un lieu de vie sûr et sans violence afin de construire une nouvelle vie, surtout au Panama, en Equateur et dans quelques autres pays d’Amérique Latine. Des réseaux d’aide se constituent sur la toile et de nombreuses vidéos postées sur You Tube relatent les expériences personnelles des expatriés et leurs conseils pour leurs compatriotes tentés par l’aventure à l’étranger.