Le Triomphe blanc?

Je vous demanderai tout d’abord de vous fermer les yeux.

Imaginez un monde où il vous est impossible d’obtenir un quelconque prêt de la part de n’importe quelle banque pour pouvoir démarrer un projet qui vous tient à coeur. Imaginez un monde où vous avez besoin de la permission d’un ministre pour pouvoir léguer vos biens à vos enfants. Imaginez un monde où une grande partie de la population dit de vous que vous êtes un gros paresseux riche qui profite du système, alors que vous vivez sous le seuil de la pauvreté. Imaginez un monde où on semble vous dire qu’il est impossible pour vous de réussir. Imaginez un monde où vous êtes considérés comme étant moins qu’un humain. Un monde où le taux de mortalité infantile est pratiquement le double de la moyenne, où le taux de chômage est le double de celui des autres habitants du même pays…

Bienvenue au Canada, dans le monde des réserves et des bandes autochtones. Leur vie est régulée par une loi, la Loi sur les Indiens, créée en 1867, qui fixe clairement leurs droits. On entend souvent dire «Les Indiens, ils payent même pas d’impôts» ; «Ils payent pas de taxe, les chanceux» ; «Ils profitent du système» ; «Ils sont ben riches, le gouvernement les fait vivre»; et parfois, on entend pire encore. Ces faits sont-ils vrais? Voyons voir.

Selon l’article 45.3 de cette Loi: « Nul testament fait par un Indien n’a d’effet juridique comme disposition de biens tant qu’il n’a pas été approuvé par le ministre ou homologué par un tribunal en conformité avec la présente loi.» Ainsi, pour que le testament d’un Indien soit valide, il doit être accepté par le ministre des affaires indiennes. Intéressant. Je suis sûr que le ministre n’a pas autre chose à faire que de contrôler ce que les autochtones inscrivent dans leur testament.

Article 91.1: «Nul ne peut, sans le consentement écrit du ministre, acquérir la propriété de l’un des biens suivants, situés sur une réserve : une maison funéraire indienne; un monument funéraire sculpté; un poteau totémique; un poteau sculpté de maison; une roche ornée d’images gravées ou peintes.» Votre ami autochtone a pris une roche qu’il a trouvée sur le sol de sa réserve, il l’a peinte pour la rendre jolie et vous la donne. Grosse erreur, vous pourriez avoir une amende ou aller en prison. L’article 93, quant à lui, indique qu’il faut la permission du ministre (ou de son représentant) pour enlever des minéraux, des pierres, du sable, du gravier, de la glaise, de la terre, des arbres, des jeunes arbres, des arbrisseaux, des broussailles, du bois de service, du bois de corde ou du foin d’une réserve, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 500 dollars et/ou un emprisonnement d’une durée maximale de trois mois. D’autres articles disent également que les Indiens doivent absolument avoir l’accord du surintendant pour pouvoir donner des légumes provenant de sa réserve à une personne extérieure à la bande. Faisons un test: qui est le surintendant en ce moment? Réponse: Il n’y en a plus.

Les Indiens paient-ils des taxes et des impôts? Ils ne paient en effet aucune taxe sur les produits qu’ils achètent ou font livrer dans la réserve. Et ils ne paient pas d’impôts quand ils travaillent dans la réserve. Malheureusement, il n’y a aucun Wal-Mart dans les réserves, et les emplois ne sont pas légions. Donc, un autochtone qui vit dans la réserve mais qui a un travail «en ville» a des impôts comme tout le monde. Il est obligé de payer ses taxes fédérales et provinciales sur ses achats en dehors de la réserve (c’est-à-dire la quasi-totalité de leurs achats, pour une grande partie d’entre eux). Ils n’ont pas de rabais sur l’essence (malgré ce que certaines personnes disent) et n’ont pas davantage le droit de faire du braconnage que les non-autochtones.

Est-ce que les autochtones sont des arnaqueurs? Bien entendu qu’il y a des autochtones qui cherchent à profiter du système, mais il y a également des Québécois francophones de race blanche qui arnaquent! Chaque peuple a son lot de «crosseurs», si vous me permettez l’expression, et ce n’est certainement pas l’apanage des Premières Nations.

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