Lundi : J’ai passé ma journée à faire de l’administratif. Et aussi, j’ai eu en contact mon premier tchadien lorrain ! Je suis trop contente ! Il développe des actions en faveur des écoles dans les quartiers défavorisés  à N’djaména. Il me dit être prêt à s’engager à mes côtés, qu’il n’a pas connu beaucoup d’association qui « bougent ». Alors que là, il est prêt à mettre la main à la pâte !

A côté de ça, j’ai eu une acceptation de Mac Alex qui est d’accord pour m’aider à organiser le concert « Pour l’Amour du Tchad » le 14 février, sur le Tchad… Mac Alex utilise son micro et sa plume pour combattre l’injustice. C’est un jeune africain journaliste qui a envie d’accompagner des changements positifs dans son pays. Il lutte en chantant la chance à tenter, et en même temps ce jeune prodige prépare un master en éthique et gouvernance, option paix et gestion des conflits. Rien que le titre du diplôme qu’il prépare donne des frissons. Je ne savais même pas que ça existait ce genre d’examen… Honte à moi.

 

Mardi : Je trace à Chalons en Champagne. Je dois accélérer le mouvement et rattraper mon retard maintenant car ce que j’ai marché dans Paris, je ne l’ai pas marché vers l’Est. Je « triche » donc un peu ce jour…

Arrivée à la ville, direction Cathédrale, on me renvoie à l’église qui ne trouve aucune solution pour moi par manque d’effort de leur part. 2 dames. La 2ième me dit qu’on aurait pu appeler une liste de noms de personnes susceptibles d’accueillir les pèlerins mais la numéro 1 n’avait pas envie et la 2 ne pouvait pas aller à son encontre. J’ai atterri à la mairie où la jeune Mélissa a fait tout ce qu’elle pouvait pour m’aider. On a appelé la croix-rouge : nada. On a appelé la gendarmerie, le commisariat : niente. On a appelé le foyer des jeunes travailleurs : ils disent non, puis rappellent en disant oui. Je traverse le village, je tchatche, je remplis un papier, et elle me demande 19€. Là je râle. Je dis « Oh ! Je vous demande le gîte et le couvert, vous me dîtes oui et maintenant vous me réclamez 19€ ? C’est bon, ciao ! Je me casse. Le temps passe. J’ai faim. Je m’achète une frite. Avec un peu de graisse dans le corps, ça va me réchauffer. Je vais passer ma première nuit dehors pensais-je ? Alors là, si c’est le cas, je ne vais pas leur faire leur pub à Chalons ! J’ouvre mon ordi et j’y lis un commentaire de Mum me demandant de la contacter rapidement ! Je pense qu’elle a lu mon appel sur facebook. Même pas. Elle pensait que j’avais changé de numéro de téléphone, mon gsm ayant cassé. Du coup, je lui explique mon souci.

 Elle appelle les environs de Chalons et tombe sur un genre d’association qui s’occupe des malades de pèlerinage. Les gens me rappellent et viennent me chercher. Ils étaient de Courtisol. 80 ans le papi et la mami ! Quels sourires ils ont eu en arrivant ! « Bonjour Nathalie !» me disent-ils en ouvrant la portière de la voiture. Il était 20h40. Pour eux, ce n’était pas un hasard. Ils m’ont vu arriver comme une grâce. Tout d’abord parce que l’appel venait du Lot et Monsieur était né dans le Lot ! Ensuite étant à la retraite depuis longtemps, le numéro de l’association ne devrait même plus être dans l’annuaire !

Des années qu’ils n’avaient pas reçu un appel pour cela ! Ils s’avèrent que madame était infirmière avant. Et monsieur était un docteur en médecine générale ainsi qu’un… diacre permanent ! Il veillait et veille encore, aux besoins des plus démunis. Il a déjà fait des baptèmes, des mariages et… « Avez-vous déjà fait la bénédiction d’un pèlerin ? » « Non, jamais. Je n’ai jamais eu cette occasion » me dit-il pensif, mais avec un éclair espérant de joie dans les yeux… « Et bien si vous le souhaitez, vous allez pouvoir faire votre première bénédiction… » lui dis-je. « Ah oui ?! C’est vrai ? Vous voulez ? » me demanda-t’-il pour être sûr. « Oui, je le veux. Demain matin avant mon départ. » Comme il était heureux. Je l’ai vu dans ses yeux. Et comme sa femme était heureuse pour lui… Je vous ai dis qu’il m’a dit « devant sa femme », qu’il avait une femme exceptionnelle ? Et que sa femme a répondu qu’elle avait un mari exceptionnel ? Que c’est beau de voir autant d’amour entre 2 personnes malgré les années passées. Ca c’est du mariage !

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Mercredi : Au petit matin, après le petit déjeuner, le monsieur me fit signe qu’il y avait « la bénédiction du pèlerin ». Je sais qu’il n’oubliera jamais, et que je suis « protégée » jusqu’à la fin du chemin !

Je pris ensuite mon chemin jusqu’au soir ou alors là, je fus vraiment dégoutée. Ce fut pire que lorsqu’un curé me dit non. C’est carrément un membre de ma famille qui m’a rejeté ! C’est vrai que ça faisait bien 10 ans que je ne l’avais pas vu, mais ma tante, la soeur de mon père m’a envoyée bouler parce qu’il y avait la rentrée scolaire des gosses.

Je n’aurai pas dû écouter mon autre tante, je n’aurai pas dû demander son numéro et je n’aurai pas dû appeler. Ca m’apprendra à écouter mon intuition… Ca n’aurait pas dû m’étonner, au bout de temps d’années, elle n’allait pas m’ouvrir les bras. Heureusement que je n’étais pas une inconnue. Je n’étais que la fille de son frère…

Je repense aux tchadiens de Paris qui m’ont ouvert grand leur coeur, leur appartement. Le dernier me l’a carrément laissé pour moi toute seule et a été dormir ailleur (Merci Ousman !). Je repense à tous ces gens rencontrés à travers le pays qui m’ont ouvert leurs bras sans me connaître. Je ne juge pas, du moins j’essaye. Je ne juge pas je ne juge pas je ne juge pas. Aaah que c’est dur de ne pas juger…

Je fais une constatation blessante. On ne choisit pas sa famille. Il y a certains membres où il vaut mieux faire une croix dessus définitivement : survie psychologique. S’ils veulent être dans l’ignorance et bien qu’ils y restent. On ne peut pas sauver tout le monde. Je ne dis pas qu’elle était à sauver mais si j’avais été Jésus réincarné, là, elle aurait loupé le coche. Et ce n’est pas de l’orgueil, c’est juste que ça aurait pu être le cas. Tant pis. Ainsi soit-il.

De toute manière je suis mieux là où je suis, chez les soeurs Carmélite. Elles, ce sont des bonnes chrétiennes car elles ne m’ont pas rejetée. J’ai mangé, j’ai ma chambre pour moi toute seule, j’ai mon silence et ma tranquilité. C’est bon. Et la « grande » soeur était contente de m’écouter parler, elle. Elle m’a dit que ça redonnait de l’espoir d’entendre mon projet. Merci ma soeur, snif. J’en suis venue à me demander si je devrais pas me faire soeur moi aussi. Elles ont la belle vie les soeurs. Elles prient en chantant, elles cousent leurs couettes, elles sont loin des problèmes. Elles doivent en avoir aussi mais ils me semblent tellement minime par rapport à ceux du monde extérieur. Vous pensez que je devrais me faire chère-soeurs ? Je n’aurai plus besoin de me tracasser pour le travail… Ouai mais bon, j’aime bien quand même être sur le terrain…

Je vois un papier où est écrit « Je suis là où tu es » Ex.3,14 (C’est le Pi des maths ?).

 Au fait, c’est quoi les soeurs carmélites ? Ce sont les soeurs de l’ordre de Carmel. Et qu’est-ce que le Carmel ? C’est un ordre religieux catholique divisé en 2. Il y a la branche apostolique (les carmes) et la branche contemplative (les carmélites). Leur tradition spirituelle est riche grâce à 3 docteurs (si j’ai bien compris) : Thérèse d’Avila, Jean de la Croix et Thérèse de l’enfant Jésus. Thérèse de l’enfant Jésus… Oh mais oui, c’est l’ordre dont fait partie Soeur Anièce ! D’accord ! Donc c’est en quelque sorte une carmélite soeur Anièce. A part qu’elle a quitté l’ordre puisqu’elle s’occupe des malades et qu’elle n’est plus une contemplative. Mais tout le monde continue à l’appeler « Soeur ». Il faudra que je lui demande plus de précisions.

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Jeudi : En route direction Etain. Quand j’arrive au village, le curé n’est pas là. Il est parti à Verdun… Je vais à la mairie et là ils appellent la croix-rouge mais la chambre disponible ne l’est plus car quelqu’un y est depuis 15 jours et n’en sera parti que le lendemain justement. On ne peut pas le mettre dehors parce que j’arrive ça c’est sûr… Bon, quelle autre solution ? Rien. Rien ? Vous avez une salle des sports ? Un tatami ? Un couloir ? Une cuisine ? Une salle des fêtes ? Vous avez bien quelque chose ? La secrétaire de la mairie appelle la mairie du village d’à côté. Rien. Un autre village. Il y a peut-être bien un logement mais dépourvu de tout matériel, vide à néant. Ok pas de problème. Vous aurez bien une couverture à me prêter. Oui mais… Il faut d’abord contacter le maire ou les adjoints du maire et blablabla et blablabla. Ok. Donc je n’ai toujours rien, à moins que le maire ne m’appelle en sortant de son boulot. Je retourne au café central où j’y avais bu un thé juste avant. La femme me donne un coup de main et nous faisons tous les gîtes et chambre d’hôte du coin. Mais rien pour moi. On a même pensé au foyer des travailleurs et donc avons redemandé en mairie car il y aurait des chambres de libres. Mais non… Là je trouve que ça commence à devenir grave. Imaginons que je vive en couple et que d’un coup je me fasse tabasser et que je sois à la rue.

Et bien mon maire m’aurait laissé à la rue ? Heureusement que je n’avais pas de gosses avec moi ! C’est grave quand même ! En tout cas, effectivment, selon les circonstances, il est difficile de trouver un logement en France. Quand on dit que de nos jours si vraiment on ne veut pas être dehors on ne l’est pas, c’est faux. Car à moins d’avoir un cdi, de l’argent ou une âme charitable qui vous ouvre la porte de sa maison, et bien si vous êtes à le rue vous y restez…

D’un coup « Pouss » à une idée. Il pense à un docteur gentil qui aurait des logements. Il m’accompagne chez le docteur. J’explique rapidement l’histoire à celui-ci. Et cette belle âme directement me dit « Venez à la maison ». Alleluya ! Il appelle sa femme pour lui demander son accord puis me propose de revenir à 20h car aucun des 2 n’y était avant. Qu’est-ce que ça fait du bien que des gens vous fassent confiance ! Me voilà donc chez Yves et Sophia. Ce fut un bonheur que de converser avec eux…

Yves est docteur mais également président de l’association Pôle santé. Un de ses buts : économiser l’argent public. Comment ? En coordonnant les pratiques médicales, en réfléchissant à la situation sanitaire, en améliorant le service rendu à la population, et en mettant en oeuvre des vacations de spécialistes. A côté de ça, il oeuvre pour aider les toxicos à se sortir de leur misère. Ca c’est du docteur ! Et avec toutes les heures qu’il doit passer à l’extérieur entre ses patients et ses associations, il se prive « pour la bonne cause » de sa famille qu’il ne doit pas voir souvent…

 

Vendredi : Cette journée a été longue et courte à la fois. C’est ma dernière, demain c’est fini… Snif… J’ai pris tout mon temps. J’ai traversé un village où j’ ai vu une maison remplie de dinosaures… Oooh ! Des dinosaures ! Je pense à ma fille qui en était fan pendant toute son enfance. Elle aurait pu donner les noms de chacun. Je crie « Oh oh il y a quelqu’un ?! », mais non, personne. Je suis allée sonner chez tous les voisins pour savoir où était cet artisan fabuleux. Mais même les voisins n’étaient pas là. Ca doit être un village fantôme…

J’arrive à Doncourt les Conflans, chez la femme d’un neveu du mari de la présidente. Il y a son fils et sa femme qui est marocaine. Ils viennent d’avoir une superbe petite fille, souriante comme tout. Le fils qui était né catholique s’est reconverti à l’islam et donc ne mangeait pas en même temps que nous. Ca nous a fait rire parce que sa femme était musulmane avant lui et ne fait pas le ramadan et lui qui est nouveau est encore plus pratiquant qu’elle ! Je demande si je peux poser quelques questions, pour continuer mon tour du monde des religions. Il me dit oui.

Je voulais savoir ce que représentait le ramadan pour lui. Il me dit que c’était un mois béni qui efface les mauvaises actions. Ce mois est gratifiant car tu passes par l’épreuve du jeûne, ce qui est bon pour le corps et pour l’esprit. En même temps c’est un mois de partage et d’invitation où on fait tous des bonnes actions. Le ramadan se pratique 1 fois par an selon les mois lunaires et dure 28 ou 29 jours. J

e lui ai demandé ce qui l’avait poussé à devenir musulman, par amour pour sa femme afin de l’épouser ? « Non, me répondit-il Cela avait commencé bien avant. » En fait depuis des années ils cotoyaient des musulmans qui étaient de bonnes personnes et qui lui apportaient les bonnes réponses. Ce fut un apprentissage par le dialogue. Il y apprit une autre philosophie de vie, par rapport à la mort aussi. Il y acquit moins de stress et plus d’apaisement.

J’ai remarqué dans mon tour de France qu’il y a de plus en plus de jeunes français chrétiens qui se reconvertissent à l’Islam. Beaucoup étaient des drogués ou alcooliques et ont trouvé leur salut dans cette discipline.

Je profitais de l’occasion pour lui poser les questions que je n’aurai peut-être pas osé poser auparavant par peur de manquer de respect.

Je lui demandais : « Est-ce que tu n’as pas de pression le fait de devoir faire les 5 prières chaque jour ? » Parce qu’il y a des heures à respecter comme j’avais appris sur Besançon. Et quand on travaille ? Et si on a rendez-vous chez le docteur ?

Apparemment, ce n’est pas si « carré » que ça, dans le sens où ils peuvent s’adapter à la situation et faire la prière à leur retour chez eux, s’ils ne peuvent la faire là où ils sont au moment où ils auraient dû la faire.

Enfin il m’expliqua qu’il y avait 5 pilliers dans l’islam :

  1. L’attestation de foi qui s’appelle la chaada où l’on reconnaît qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que Mohamed est son prophète.

  2. La prière.

  3. Le jeûne : ramadam

  4. L’aumône. C’est un genre de taxe, de dîme qui d’à peu près 5€ par personne et que l’on donne soit à la mosquée, soit à un pauvre, en fonction du niveau de vie. (D’ailleurs, à Chalons, un jeune musulman m’a donné 10€ pour moi, que j’ai mis pour l’association)

  5. Le pèlerinage ! Celui-ci est l’accomplissement de leur religion. Il est facultatif dans l’obligation des 5 pilliers de l’islam parce que c’est en fonction de la santé de chacun et des moyens financiers pour y aller. Celui-ci se passe à la mecque, en Arabie Saoudite.

 

Samedi : A peine réveillée, à peine partie qu’on commence déjà à me mettre la pression au bout du fil ! Mais ce n’est pas possible ! « Nianiania tu dois être à 15h devant la cathédrâle et pas plus tard car le maire t’attend à 15h15 avec tout le monde dans la grande salle » Je croyais que c’était 15h30 ? « Non ça a été décalé d’1/4 d’heure, on ne peut pas les faire attendre. Ils se déplacent tous exprès. Il y aura les journaliste, la radio etc » Ok, ok. C’est bon, j’ai compris.

J’avance donc d’un bon pas au petit matin… Quelques camionnettes s’arrêtent. Ils voudraient tous m’avancer. Mais non ! Je vous dis que je veux y aller à pieds ! Par contre si vous voulez m’écouter 2 mn, je vais vous raconter… Et blablabla ! Et blablabla ! Et hop, 16€ par là ! Et hop ! 10€ par ici ! Hi hi ! Jusqu’au bout, je vous le dis !

Je rencontre ma tante et une autre à Gravelotte avec qui je prends un thé dans un petit café… Si je l’avais écouté, je serais carrément venue chez elle. Hors de question ! Si j’y vais je vais rencontrer soeur Agnès et c’est à 15h que je dois la voir, pas avant, sinon ça ne fera pas naturel et je ne me vois pas faire semblant de ne l’avoir jamais vue si je l’ai déjà vu avant. En plus, tout le monde sait que je ne l’ai jamais vu.

J’arrive à Ars sur Moselle, devant l’église. J’espère y voir quelques personnes. Ceux qui m’avaient dit qu’ils feraient les derniers kilomètres avec moi. Personne n’est venue… Si ! Vincent ! Celui connu avec la radio de Valence dont je porte le nom homonyme de son amie décédée. Ah ben au moins un ! Il m’a même ramené de la soupe à la tomate et du pain. Il est resté une bonne heure avec moi en attendant les autres au cas où ils viendraient. Quelques tchadiens ? Non… Un seul m’a téléphoné : Didier qui aurait aimé être présent. Ses compatriotes étaient tous en vacances…

Vincent part. Il va garer sa voiture à la cathédrâle et me rejoindra sur le dernier kilomètre. Il n’a pas l’entrainement ni les chaussures pour marcher ne serait-ce que 10 km… Ce n’est pas grave. D’un côté je préfère les savourer toute seule ces derniers kilomètres…

J’avance, j’avance, j’avance doucement… tout doucement… Je ne voudrais pas arriver trop vite… arrive_nathalie137.jpg

Ah voilà ma tante Jocelyne qui vient pour faire les 3 derniers kilomères avec moi. Mais pourquoi elle marche si vite ? Il n’est que 14h ! On a largement le temps ! Ah non mais j’y crois pas ! Voilà Christiane mon autre tante, la présidente de l’association et en voiture en plus ! Mais fichez le camps qu’est-ce que vous me faites ?! On a peur que tu sois en retard tu es sûre que tu ne veux pas qu’on t’amène ou qu’on t’avance un peu ? Nooooooooon ! Je t’ai dis que je serais là à 15h j’y serais à 15h ! Nooon en plus il y a soeur Agnès dans la voiture ! Mais j’y crois pas ! Je lui ai dis pourtant que je ne voulais pas la voir avant mon arrivée ! C’est quand même dommage d’attendre 3 mois pour la voir au point final et qu’elle vienne me gâcher la surprise de ma fin en venant avant l’heure ! Ah noon ! Je vous tourne le dos ! Je ne veux pas vous voir ! C’est bon ! Filez ! Allez allez filez ! Ouillle ouille youuuuh grrrrrrr !

 Même pas arrivée qu’ils me mettent déjà la pression. Je vais me casser et faire demi-tour c’est clair. Ooooh attention ! Bon sang ! Co…rd ! Oh noon c’est pas vrai voilà que j’ai dit mon premier gros mot depuis 3 mois ! Moi qui avait dit faire le chemin de Bienadie je ne suis même pas arrivée que je m’énerve sur ce chauffeur qui ne s’est pas arrêté au passage piéton. Oh nooooooooon je ne peux pas retourner à la civilisation… Je préfère ma vie de nomade, c’est plus facile même quand c’est dur… On aperçoit la pointe de la cathédrâle. On est à 10 mn d’elle. Quelle heure est-il ? 14H40. Attendez là, c’est bon, on a le temps. Venez on va boire un coup. Et hop on fait connaissance avec hervé avec qui on s’échange les coordonnées. Il a déjà construit une maternité à Madagascar. Il peut peut-être donner quelques conseils… Just in case.

14h50, ok ok on y va ! Ouhh et bien ! Il y a un peu de monde ! Quelques personnes que je ne m’attendais pas à voir du tout. Ah ma copine Yvelise ! L’amie de mon enfance, toujours là, à la rescousse quand j’ai besoin d’elle. C’est la plus fidèle, plus que moi encore… Quelques membres de la famille chez qui je ne suis pas allée depuis des années. Mais ils sont là pour m’accueillir. Et soeur Agnès. Enfin soeur Agnès je peux te voir, te toucher, te sentir, t’embrasser. C’est bon de faire ta connaissance ! Bon, il est où l’avion ? On file sur le Tchad ? Photos photos photos ! Nicole ! Tu es venue, super ! Et même Sophia et ses 2 filles chez qui j’avais logé 2 jours plus tôt… Elle avait dit qu’elle viendrait et elle est venue… snif… Il y a même Yves qui a suivi toute l’histoire depuis le début, et Framboise malgré son handicap très handicapant, qui s’est déplacée. Elle a même ramené 2 copines qui m’ont ramené des fleurs !

Allez, on fait la photo de groupe et on file à la mairie ! Ooh oh ! Qui va là ? France 3 Lorraine et son caméraman ! Où est le caméraman du départ ? J’aurai aimé qu’il soit là, mais il a été muté. C’est lui qui m’a donné le premier don, lui qui m’a glissé le premier billet dans la main en me chuchotant « pour vous encourager… ». Nous grimpons les escaliers. Ouh la classe !

Oooh il y a les 2 adjoints au maire et un monsieur de la culture qui forme à la croix-rouge ! Ouahh ! Qu’est-ce qui se passe ? Pleins d’éclair dans les yeux ! Tout le monde prend des photos ! Bon ça va je suis contente. Je prends la parole, je raconte un peu l’histoire en gros, je mime un peu, je fais rire les gens. Et quand l’adjoint dit qu’il va aider Africalor, je lui fait un gros bisous sur la joue ! Il y a Chérie Fm qui veut me questionner, et une radio africaine aussi, ainsi que le républicain lorrain. Eh ?! J’ai soif moi. On me donne une coupe de coca… J’ai faim ! Il n’y a que des gateaux aux oeufs… Bouhouhou je suis allergique aux oeufs. Tant pis, il me reste un bout de sandwich au fromage…

Le temps passe vite. Il est 17h. Nous repartons. Direction la voiture. Nous attendons mon oncle qui a du mal à avancer avec la maladie de Parkinson. Ma tante stresse car elle ne trouve plus son ticket de parking. Voilà qu’elle est obligée de payer toute une journée pour qu’ensuite nous retrouvions son ticket dans le coffre de la voiture.

Enfin nous voilà à la maison. Je vais pouvoir me laver. Je suis restée 2h dans la salle de bain. Quel luxe ! J’en avais accumulé en 3 mois ! Hi ! Hi ! Je plaisante bien sûr, j’ai pu me laver quasiment tous les jours. Il n’y a que lorsque j’étais hébergée dans les presbythères que je repartais pas lavée. Sauf une fois grâce au moine à la lumière qui m’a emmené chez Laura pour que je puisse prendre une douche au petit matin.

Voici le moment du repas où je mange des bonnes niocchis miam miam ! Et surtout où j’ai vraiment eu le loisir de faire réellement connaissance avec soeur Agnès. Nous avons bien ri à nous raconter quelques anecdotes.

Voilà, à la fin de ce périple, à mon dernier jour de marche. La somme de dons récoltés tout au long de cette aventure est de 5636€. J’attends encore 950€ de promesse de dons + d’autres dons dont je ne connais pas le montant mais que des personnes ont dit qu’ils enverraient. On verra bien !

Ici se termine le Tome 1 des aventures de Nathalie M., du Tour de France pour une maternité. soeur_agns_une_consultation.jpg

Demain commencera le Tome 2…

Je vous embrasse tous bien fort et vous remercie de m’avoir soutenue en me suivant tout au long de ces 3 mois.

Merci aussi à C4N de m’avoir sponsorisé avec cet ordinateur qui m’aura permis d’écrire mes articles et de rester en connexion avec tout le monde.

Merci encore aux donateurs de tout genre pour vos soutiens psychologiques ou financiers, pour avoir ouvert la porte de votre maison, la porte de votre coeur. Merci à ma tante Christiane Pernet qui a fondé l’association. Si elle ne l’avait pas fait, je n’aurai pas marché vers ce but… Merci à Agnès pour son dévouement auprès de ses patients, pour son courage et sa force de caractère.

Et un derniers MERCI à Tous Mes Lecteurs ! Hip hip hip ! Hourraaaaaaaaaa !