Le terroriste d’Oslo tueur de l’Île d’Utoya,

un visage d’Aryen.

Anders Behring Breivik 32 ans

Condamnable pour des crimes contre l’humanité ?

 

Support Wikipedia L’expression de race aryenne utilisée par les nazis affirmait la supériorité des pays nordiques. La «race humaine» aryenne était considérée comme supérieure à toute autre «race» et se devait de conserver ou restaurer sa pureté. Les scientifiques de cette époque utilisaient l’expression «race nordique», dans un contexte où la notion de race humaine n’était pas encore abandonnée, tiré de Wikipédia.

Grand blond regard persan le joint est rapidement fait. Il cultivait sur internet facebook et twiter et sur le site Document no, sa haine du musulman et du multiculturalisme d’une façon plus générale. Il a rédigé pendant trois ans une réflexion de 1518 pages d’un peu de tout et réunies sous le vocable «2083 une déclaration d’indépendance Européenne».

Ce qui est curieux c’est que ce manifeste envoyé par mail dans toute l’Europe à 1003 adresses mail, une heure et demie avant l’explosion du centre d’Oslo en utilisant son pseudo Anders Breivik selon le Guardian, personne ne soit inquiété. Il préparait le lecteur à cette tragédie décrivant minutieusement ses préparatifs, le choix des cibles, la fabrication détaillée des explosifs, le compte à rebours jusqu’à l’attaque finale. En fait, il annonçait son forfait comme une façon de se faire pardonner. Comme beaucoup de ces idéologiques fondamentaux, ils se persuadent en écrivant qu’ils ont raison sans s’apercevoir qu’ils arrivent à être en marge de la société et ne plus voir la dérive de leur réflexion. C’est une mise en condition auto immune qui les persuade d’agir petit à petit dans une démence. Quand il écrit un homme est plus fort avec ses convictions que 100.000 avec des intérêts. On voit là qu’il se sentait porteur d’une remise en ordre de la société multiculturelle, qui, pour lui, ne pouvait que conduire à sa perte. La politique xénophobe d’extrême droite contre l’Islamisme savamment entretenue fut le germe de cette pensée meurtrière voyant que ces écrits restaient sans effets. Le Front national a réagit du coté de Martine le Pen dans un communiqué déclarant ces actes barbares et lâches. Du coté du député Européen Bruno Gollnisch pour dénoncer des informateurs patentés et les manipulations contre la droite nationale, voire un nouveau Carpentras. Puis ce fut Laurent Ozon qui déclencha une polémique expliquant que c’était la hausse de l’immigration qui avait motivé ce carnage. Mais plus encore tant les vieux démons du FN se sentent visé, sont les propos de Jean-Marie le Pen qui embarrassent sa fille Marine. Pour lui, la naïveté du gouvernement et de la société norvégienne était «plus grave» que la tuerie perpétrée par Anders Behring Breivik, qu’il a qualifiée «d’accident !» La Norvège est «un petit pays sympathique, qui n’a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d’abord l’immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l’esprit de ce fou meurtrier, de son acte, mais aussi le terrorisme, qui est un phénomène mondial».

Il se considérait donc un croisé qui devait évangéliser le monde en pleine dérive de mondialisme. Un Templier d’un autre temps comme l’écrivent Abel Mestre et Caroline Monnot dans le Monde.fr, commandeur d’un nouvel ordre templier «un mouvement de croisés», à la fois ordre militaire et tribunal, censé combattre pour «les droits des peuples autochtones d’Europe» et «contre le djihad européen en cours». La croix des Templiers figure d’ailleurs sur la première page du manifeste. La couverture de manifeste posté sur internet avant l’attentat et la tuerie.

 

Document Le Monde.fr

 

Anders Behring Breivik était un habitué de site Document no, de politique, débat publics et critique des médias et de la culture. Il a laissé un flot de commentaires sur une période qui s’étend du 07/09/2009 au 29/10/2010. L’intégralité de ces commentaires se trouve traduits en Français via un logiciel en ligne ce qui donne des «coquilles», mais le sens général apparaît très clairement. La liste complète des commentaires qu’Anders Behring Breivik a laissé sur Document.no, se lit ici.

La chronologie du carnage du 22 juillet 2011.

  • A 15h26 un véhicule piégé explose dans le centre d’Oslo,
  • A 16h57 Un passeur est informé par un message qu’un policier, le tueur déguisé, souhaite être transporté jusqu’à l’Île d’Utoya, 40 km d’Oslo, où sont rassemblés des jeunes travaillistes de tendance à gauche,
  • A 17h56 Des coups de feu sur l’île sont signalés à la police du district,
  • A 17h30 la police est alertée,
  • A 17h38 La police du district requiert des renforts,
  • A 17h52 Arrivée de la première patrouille, qui attend un bateau,
  • A 18h09 La police d’Oslo arrive à son tour. Un bateau défectueux retarde le départ des policiers,
  • A 18h25 les policiers d’élite arrivent sur l’Île,
  • A 18h27 Anders Behring Breivik se rend sans résister.

Ce n’est pas sans raison qu’Anders Behring Breivik à choisi de faire son forfait dans cette Île puisque un meeting travailliste y était programmé. Il voulait tuer des sympathisants de gauche qu’il voyait responsables du multiculturalisme tant décrié par l’extrême droite. Elle porte d’ailleurs une lourde responsabilité dans ce carnage. Les propos qu’elle véhicule sur l’invasion de nos pays par l’Islamisme radical sont honteux et indignes de gens responsables. Il est coupable de véhiculer de tels propos sans fondement et sans impunité. L’Islamisme radical s’il inquiète à plus d’un titre n’en est pas encore au point de constituer une menace pour nos démocraties. Cette peur sans cesse entretenue déclenche des passions et fini petit à petit par convaincre des fanatiques.

D’ailleurs, tellement persuadé de la valeur morale de ses crimes, il les assume et ne regrette rien. Dans le commissariat d’Oslo Anders Behring Breivik a avoué être l’auteur de l’attentat à la voiture piégée dans le quartier des ministères où siège le gouvernement de centre gauche. De même que la tuerie effectuée sur l’île d’Utoya au cours de laquelle, pendant plus d’une heure et demie, ce faux policier a tué, avec les morts de l’attentat à la bombe, 77 personnes au dernier recensement .

 

 

Anders Behring Breivik est un enfant de la classe moyenne, solitaire et introverti, né d’une mère infirmière et d’un père diplomate qui cesse de le voir à l’adolescence. Il a travaillé dans un centre d’appels téléphoniques à Oslo, et il achète en 2009 une petite exploitation agricole qui lui permet d’approvisionner tranquillement 6 tonnes d’engrais chimiques, de quoi confectionner une bombe.

Auparavant, il s’était inscrit dans un club de tir à Oslo, ce qui lui donna l’autorisation de détenir deux armes, dont un fusil automatique. Il entra dans la franc-maçonnerie, et en fut exclu. Il s’inscrivit au Parti du progrès, (FrP, droite populiste norvégienne) et s’en retira, déçu. Le parti, écrivait-il, est trop ouvert aux «attentes multiculturelles» et aux «idéaux suicidaires de l’humanisme». Il ne trouva pas d’écho à son idéologie aryenne. Le tueur en puissance était content de lui. Des photos mises en ligne par ses soins le montrent dans diverses postures héroïques, littéralement habité par ses déguisements. Il se tient bien droit face à l’objectif, le demi-sourire scientifiquement étudié. Il brandit des décorations militaires, porte un costume de cérémonie maçonnique, pose en combinaison de nageur de combat, l’arme au poing, l’œil dans le viseur, l’air important. Avec l’inscription «tueur de marxistes» sur un écusson, tiré de Marion Van Renterghem.

Selon son avocat, il a fait savoir que le massacre était «cruel mais nécessaire», reconnaissant les faits, mais rejetant toute responsabilité criminelle. Chrétien conservateur sacrifié pour le salut d’une humanité blanche et chrétienne, antimarxiste et islamophobe. Dans son manifeste, je serai perçu comme «le plus grand monstre jamais connu depuis la seconde guerre mondiale». Il établit une liste noire des pays à cibler en Europe, la France était en tête, en fonction de la proportion de la population musulmane. Évoque «l’usage du terrorisme comme un moyen d’éveiller les masses». Stipule que «quand on décide de tuer, il est préférable de tuer en grand nombre plutôt que pas assez».

Jacques Attali voit dans ce fait, qui n’est pas divers mais l’acte isolé d’un malade mental, la prémisse d’une guerre de religion entre la chrétienté et l’Islam. Ce qui va dans le sens de signes annonciateurs un peu partout dans le monde, aux États-Unis, en France, au Brésil, en Israël, au Nigéria, au Pakistan…Il existe en effet aujourd’hui d’innombrable signes, en Scandinavie, le parti des «vrais Finlandais», en Belgique le parti flamand, en France le Front National, le tea-party aux États-Unis, et bien d’autres mouvements nationalistes, sur la planète entière écrit-il, lire la suite ici.

La police Norvégienne poursuit son enquête sur d’éventuelles complicités. Dans ses déclarations, il avait parlé de deux cellules en Norvège et d’autres à l’étranger. Pour elle l’importance des crimes est telle qu’elle envisage de poursuivre Anders Behring Breivik pour «crimes contre l’humanité», une qualification entrée dans le Code pénal norvégien en 2008 et qui peut lui valoir jusqu’à 30 ans de prison. Actuellement la loi Norvégienne ne peut infliger que 21 ans de prison, ce qui eu égard aux faits est hors de proportion. D’ailleurs certains Norvégiens ont réclamé le retour à la peine de mort. La police Norvégienne pense qu’il a agit seul, et qu’il n’appartiendrait à aucun groupe constitué, mais elle enquête pour vérifier ses dires. «Nous pensons que l’accusé est très peu crédible quand il affirme cela, mais on n’ose pas totalement écarter l’hypothèse», a déclaré un enquêteur. Des explosifs ont été trouvés dans sa ferme au Nord du pays, ils ont été détruits.

Pour Laurent Martinet et Emmanuelle Alféef de l’Express.fr, ce serait la Bilbe raciste qui aurait influencé Anders Behring Breivik. Il aurait été touché par un roman raciste Américain paru en 1978. The Turner Diaries, son auteur, William Luther Pierce, y «raconte le destin d’Earl Turner, un héros devenu martyr après avoir éliminé, avec un groupuscule devenu de plus en plus important, les populations noires et juives du pays, et rétabli la suprématie blanche. Pierce, décédé en 2002, était le dirigeant du parti néo-nazi National Alliance. Ce roman d’anticipation, ouvertement raciste et antisémite, est considéré par le FBI comme «une bible de la droite raciste» depuis les attentats d’Oklahoma City, commis par Timothy McVeigh en 1995.

La Norvège est en deuil, cette tragédie dans un pays «tranquille» a marqué les esprits. Dans la nuit de lundi, quelques 100.000 Norvégiens ont défilé pour exprimer leur affliction pour les victimes et rejeter l’idéologie xénophobe qui en est la cause. La peur s’installe par la crainte qu’il ne soit pas seul. Des conséquences politiques sont donc à prévoir.

Le Parti travailliste au pouvoir du Premier ministre, Jens Stoltenberg cible des attentats, n’avait de cesse de chuter dans les sondages. Principale raison de l’érosion de sa popularité, la montée, comme dans la plupart des autres pays Européens, des craintes liées à l’immigration. Un sondage avait fait état de la volonté majoritaire des Norvégiens, 53,7 % des interrogés, de stopper net les flux migratoires. Le drame d’Anders Behring Breivik a toutes les chances d’inverser la vapeur. «Le Parti travailliste devrait recevoir un vote de sympathie» lors des prochaines élections municipales et départementales le 12 septembre prochain, estime «l’Économist Intelligence Unit». A l’inverse, les partis de la droite parlementaire pâtiront des événements, en raison du label politique du terroriste. Un scrutin qui va devenir de première importance après ces événements.

On peut dire qu’Anders Behring Breivik a réussi son coup, l’importance des morts associés à l’attentat à la voiture piégée dans le centre d’Oslo contre les ministères fait de lui un héros pour beaucoup d’extrémistes qui vont se sentir obligés d’actions spectaculaires. Les partis d’extrême droite sont implicitement responsables.

Thierry Portes écrit dans Le Figaro.fr, «ce trentenaire, chrétien fondamentaliste, a adhéré puis quitté un parti d’extrême droite parce qu’il ne le trouvait pas assez radical, tout en maintenant des liens sur les réseaux sociaux de l’extrême droite. Comme tant d’autres «nazillons» Européens. Pour les spécialistes, Anders Behring Breivik correspond ainsi à la figure du «loup solitaire» mettant en œuvre une stratégie de «résistance sans leader». Le concept de «résistance sans leader» a été forgé par l’extrême droite Américaine dans les années 1970. Les cibles idéologiques ont évolué au fil du temps, prenant notamment un nouveau tour avec l’apparition d’Al-Qaida. Mais on retrouve dans la liste des ennemis à abattre, les étrangers, les Juifs, les musulmans et les personnalités appartenant aux «élites multiculturelles».