Tous les auditeurs qui ont eu, comme moi, la chance d’entendre le vendredi 20 novembre 2009, au journal de 13h de France Inter l’intervention du professeur Marc Peschanski , ont dû avoir le sentiment de vivre  un moment exceptionnel.N’est-il pas formidable en effet, de voir se lever l’espoir pour un grand nombre  de patients longtemps condamnés à d’atroces souffrances  par les maladies génétiques affectant la peau ou par de graves brûlures accidentelles mettant leur corps à vif. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : Le professeur Peschanski  venait nous informer du résultat des travaux de l’équipe qu’il dirige au sein de l’institut I-Stern , avant leur publication officielle dans la très sérieuse et très célèbre revue scientifique « The Lancet »,  pour une reconnaissance officiel du monde médico-scientifique.

Les recherches de cette équipe portaient sur la possibilité de recréer l’ensemble d’un épiderme à partir de cellules souches embryonnaires humaines, afin de proposer cette ressource de cellules comme alternative thérapeutique illimitée aux patients en lieu et place du protocole long et limité jusque là  en usage. Ces travaux ont été en partie financés par les dons du Téléthon.Ils représentent une formidable avancée technique car ils vont permettre la fabrication dans une « usine à peau »  d’épiderme humain adulte en grande quantité et immédiatement fonctionnel que les laboratoires pourront immédiatement envoyer à la demande  pour protéger le ou les patients demandeurs.En effet, lors de brûlures très graves ou d’atteintes cutanées importantes, la priorité n°1 du corps médical est la protection  des zones atteintes qui doivent être très vite recouvertes si l’on veut éviter les infections et permettre la reconstruction de l’épiderme détruit par maladie ou accident.Jusqu’à ce jour les techniques utilisées  consistaient  à cultiver  une petite partie de peau saine du patient pour obtenir une surface cutanée suffisante  à la protection de ses lésions. Cette culture fonctionnait correctement  mais exigeait du temps (3semaines)  et restait relativement limitée au niveau de la surface obtenue. Quand aux matériaux  -pansements, sortes de substituts cutanés  permettant d’attente le véritable épiderme, ils étaient souvent l’objets de rejet immunitaires ou sources de nouvelles maladies.cellules-souches.jpgL’originalité et le grand intérêt des travaux de l’équipe de l’I-Stern, résident dans l’emploi des cellules souches embryonnaires humaines. Celles-ci, provenant d’embryons congelés surnuméraires, ont une remarquable propension à proliférer très rapidement et sont capables de donner très rapidement  n’importe quel tissu . Cela signifie que ces cellules peuvent devenir indifféremment tous les types de cellules du corps humain, y compris l’épiderme. Testé sur les souris de laboratoire, le protocole technique mis au point par les chercheurs a été un réel succès.Le professeur Peschanski a confirmé  « nous ne cherchons pas à faire croître de la peau en laboratoire mais à la créer, sans limite de quantité… On a donc une façon efficace de produire de l’épiderme, il nous faut maintenant être sûr qu’il ne va pas affecter durablement la vie des patients.  »Toujours selon le chercheur, ce passage d’un protocole technique à un protocole sécuritaire pour les patients va prendre environ deux ans. Il existe d’une part de nombreuses questions à régler avant le passage à l’application du procédé à l’homme et d’autre part il sera nécessaire d’y consacrer des investissements financiers très importants. Enfin la loi de bio-éthique française telle qu’elle a été revotée en 2009 n’est pas favorable à ce type d’utilisation des cellules-souches embryonnaires pour  la recherche. Il n’est donc pas du tout certain  que l’équipe puisse mener à bien ses travaux en France , ce qui serait sans doute bien dommageable pour la recherche française.On rappellera pour mémoire, que le professeur Peschanski , brillant chercheur tout d’abord à  l’Inserm, spécialiste reconnu du cerveau et des maladies neuro-dégénératives, fut un précurseur dans le domaine des greffes neuronales. Après un passage en Angleterre, il réorienta ses recherches pour se consacrer à l’étude des cellules-souches au sein de l’institut I-Stern qu’il a créé en 2005 avec l’AFM, association française contre les myopathies. Il est également connu pour son militantisme de jeunesse et ses sympathies pour « Lutte ouvrière » parti trotskyste d’Arlette  Laguiller. Depuis un certain temps éloigné de ce mouvement, il n’en reste pas moins fidèle à ses engagements passés et anima activement l’année dernière  le mouvement «  Sauvons la recherche ».