Le tapis traditionnel tunisien a réussi à défier les siècles en se transmettant de génération en génération. La fabrication du tapis en Tunisie remonte loin dans le temps. Des documents historiques ont prouvé l’existence d’un commerce de tapis de la Tunisie en direction de l’Europe et ont relevé la présence de plusieurs sortes de tapis dans les maisons, palais et sites des tribus. Les poètes de la Grèce antique avaient déjà vanté la beauté du tapis carthaginois et ses coussins brodés. Aujourd’hui, il fait encore partie du trousseau de la mariée et représente un héritage familial précieux.

L’ancrage de la fabrication du tapis dans les traditions et coutumes tunisiennes, enrichi des apports des civilisations étrangères, a donné lieu, durant la première moitié du 19ème siècle, à un nouveau genre de tissage dont les motifs sont inspirés du tapis oriental.

Le tapis kairouanais (Kairouan : région centre de la Tunisie), fort célèbre et admiré au delà des frontières nationales, puise dans le patrimoine du tapis turc, ayant pour ornement, des formes géométriques illustrant les liens existant entre l’architecture islamique et le tissage traditionnel.

La fabrication du tapis s’est  étendue à d’autres villes et villages tunisiens, ce qui a engendré l’amélioration de la qualité et le respect des normes aux plans du traitement de la laine contre les parasites, de la précision du tissage qui répond désormais a un nombre minimum de nœuds, des motifs et des couleurs.

Dans ce contexte, certains produits artisanaux de la région de Bizerte par exemple (Nord de la Tunisie), se caractérisent par l’imitation du tapis kairouanais en suivant un modèle distingué par le placement de motifs ordonnes et cohérents, au lieu du champs rectangulaire, et l’utilisation de couleurs chaudes ou éclatantes, selon l’esprit inventif des artisanes et la disponibilité des teintures.

La production à domicile ou industrielle bénéficie de  l’aide des autorités publiques et porte le label de qualité fixe sur la face postérieure du tapis, label comportant des indications relatives à la qualité, a la précision, aux mesures, au type et a la date de fabrication.

Apres avoir maitrisé les techniques du tapis à base de laine, l’artisane tunisienne s’est attaquée au tissage du tapis en soie, encouragée en cela par la demande des tunisiens et des étrangers concernant ce produit qui n’a rien à envier au modèle oriental.

L’innovation, tout au long de ces dernières années, a permis l’éclosion nouveaux types de tapis inspirés des formes et symboles du patrimoine berbère dont  « le Gatif », « le Margoum » et « le Bakhnoug » , outre la poterie de Gallala et de celle de Nabeul et des formes géométriques de l’art architectural islamique, tout en étant en phase avec les tendances de la modernité et de la demande commerciale actuelle.