Le rugby sport d’inspiration ou de construction?

 Le rugby a beaucoup évolué depuis sa professionnalisation.On constate le passage d’un jeu d’inspiration qui accordait beaucoup de place à la liberté d’initiative (une partie du fameux "french flair")à un jeu beaucoup plus construit voire même surstructuré.

Ce jeu d’initiative faisait appel au bon sens du porteur de balle et de ses partenaires en fonction du contexte situationnel.La prise de risque et les incertitudes générées étaient légitimes au vu du caractère "amateur" à l’époque.Ce rugby imaginatif et créatif ne manquait pour autant pas de réalisme, il n’y avait pas de schéma de jeu préétabli qui bridait la résolution du cas! Le choix tactique s’imposait logiquement de lui même.La mobilité d’ensemble permettait soit de fixer soit de se démarquer au moment juste et opportun.On apprenait à agir et réagir en investissant des espaces non pas fixés à l’avance mais logiquement ceux qui permettaient de créer plus d’incertitude à la défense adverse.Il n’y avait pas cette diversité tactique  technique variée actuelle.Le dommageable de la situation est que ce nouvel arsenal technique riche n’est pas mis au service de la créativité et de l’efficacité.

Ce jeu créatif et adaptatif intelligent n’est pas à mettre au placard malgré tout .Il peut se mettre en oeuvre grâce à des contenus d’entraînement qui répondent aux objectifs précités et grâce aussi à  un engagement sans faille de la part des joueurs pour y accéder.Mettre en place ce climat d’entraînement permet de se démarquer d’un jeu conformiste qui limite les ambitions, voire faire entrer le joueur dans une logique de calcul qui a l’effet inverse:bloquer la créativité. Il ne faut pas délaisser dans les entraînements le travail en opposition équipe contre équipe et les mises en situation si l’on souhaite que chaque joueur et le collectif soient capables de répondre avec pertinence et liberté à la variabilité des situations.

Le souci actuel est la reproduction avec des exigences précises les situations planifiées de jeu , simple répétition et non anticipation.Dès lors on ne s’inscrit plus dans l’adaptation, on est dans le jeu programmé qui guide , implique le joueur dans des actions et positionnements prédéterminés,liés aux obligations d’un système offensif ou défensif. Le joueur subit le choix de l’organisation et n’est donc plus maître de sa conduite.

On a pu constater que le jeu de l’équipe de France est trop axé sur des types prédéfinis de jeu , ce qui explique les "loupés" au démarrage, le peu d’engagement et enfin quand vraiment le couteau était sous la gorge,la libération et  enfin la confrontation aux problèmes issus du jeu et de ses imprévisibilités avec un certain bonheur.Les inhibitions de l’action (on pourrait parfois penser les joueurs comme des robots sous contrôle de manettes) sont levées à dire que le collectif a le potentiel pour le faire..ceci dit il faut entretenir cet état d’esprit à l’entraînement et tout au long d’un match.Les joueurs subissent et n’agissent plus.Il faut secouer les chaînes des tableaux noirs ou des tablettes modernes pour que les joueurs reprennent le contrôle et fasse naître l’ambition de vrais beaux matches. 

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