Pour Louis Nicollin, au lendemain du titre de champion de Montpellier en 2012, ou pour Claudio Ranieri, l’entraineur de l’AS Monaco la semaine dernière avant la rencontre avec le PSG, la messe est dite. Paris est trop fort et trop puissant : personne ne pourra lui ravir le titre pendant 10 ans. Pourtant le club n’a que 5 points d’avance en championnat. Est déjà éliminé en Coupe de France. Et a Monaco, aux finances aussi impressionnantes, dans sa roue. Non, le PSG ne sera pas seul au monde en Ligue 1.
Circulez, il n’y a rien à voir. Le PSG à la mode qatarie est imbattable et, à grand renfort de millions, va le rester longtemps. Champion en 2013, la surprenante seconde place en 2012 est déjà oubliée et les titres nationaux vont pleuvoir pendant de nombreuses années. La Ligue 1 dans la poche, le vrai défi pour Laurent Blanc sera plutôt de conquérir l’Europe. Proche de l’exploit l’an dernier contre Barcelone, Paris pourrait même glaner une finale dès cette année, à la faveur de nouvelles performances folles de Zlatan. Non, définitivement, c’est terminé. Paris fait partie des plus grands et rien ne pourra le faire tomber de son perchoir, du moins en France.
Vrai ? En fait, probablement pas. Poussif l’an dernier, le fond du jeu du club de la capitale s’est considérablement amélioré sous la houlette du champion du monde Laurent Blanc. En Europe, Paris, qui a encore bénéficié d’un groupe tranquille, a déroulé et est appelé à croquer le Bayer Leverkusen en 8e de finales. Tout ça est vrai. Seulement le PSG n’est pas non plus sur une autre planète. 5 points. C’est ce qui sépare les Parisiens des Monégasques, qu’ils n’ont pas battus au cours de leurs deux confrontations. Pire, le club s’est fait éliminer par Montpellier en Coupe de France… à domicile. Un petit camouflet. Bilan des courses après un peu plus d’une moitié de saison : le championnat n’est pas plié, la Coupe de France est perdue, la Coupe de la Ligue (trophée de seconde zone s’il en est) reste à gagner contre Lyon et l’Europe est loin d’être encore à genoux.
Et il est fort probable que cette situation, de domination sans hégémonie, se prolonge au cours des années à venir. Paris ne sera jamais seul en Europe – sommet technique du football mondial. Et en France, ça risque de pousser derrière. Monaco, fort du soutien financier considérable de Dmitry Rybolovlev va continuer à recruter du brutal et, à l’image de Paris, va gagner en régularité technique et tactique. Lille, où Michel Seydoux cherche des (riches) repreneurs à l’étranger, peut compter sur sa formation, ses finances saines et son Grand stade pour jouer les premiers rôles. Lyon restera Lyon tant que Jean-Michel Aulas sera là. Et Marseille sera toujours Marseille, tout court.
Quant au reste de la Ligue 1, on peut raisonnablement penser que Bordeaux retrouvera un jour une grande génération, que Rennes cessera d’être l’équipe la plus malchanceuse du championnat, ou encore que Saint-Etienne s’installera durablement parmi les cadors, s’appuyant sur deux saisons réussies. Les Verts pourraient d’ailleurs suivre le même cheminement que Paris et Monaco, avec l’arrivée d’investisseurs étrangers fortunés via le fonds d’investissement K, représenté par Eric Cormier (en photo avec Nasser al-Khelaïfi). Déjà présent au Brésil, en Afrique et au Moyen-Orient, ce dernier serait prêt à fournir 150 millions d’euros.
De quoi concurrencer le PSG donc. D’ailleurs le club de Nasser al-Khelaïfi a tout à gagner d’une telle émulation. Monaco, Lyon, Marseille, Lille ou encore Saint-Etienne pourraient être des rivaux aussi utiles que le Borussia Dortmund pour le Bayern Munich, que Naples pour la Juventus Turin, ou que Chelsea pour Manchester City.