Le procès de Viviane Amsalem, le film des Elkabetz

Le procès de Viviane Amsalem, film de Shlomi et Ronit Elkabetz est une sorte de radioscopie sans appel du processus de divorce sans consentement mutuel en Israël. On est là à des années lumière du divorce à la mode expéditive. Les juifs ne peuvent toutefois pas se targuer de détenir à eux seuls le monopole des affres de cette nature propres à des séparations difficiles : chrétiens et musulmans en savent quelque chose malgré quelques nuances spécifiques à chaque religion.

Divorcer parfois sous ces cieux relèvent quasiment du parcours du combattant du fait que les conjoints sont loin d’être sur un pied d’égalité. En témoigne le cas de Viviane  Amsalem désireuse, un peu comme François Hollande  mais pour des raisons plus sérieuses, de mettre fin à sa vie commune avec Elisha, son mari. 

L’affaire portée, comme il se doit devant le tribunal rabbinique n’en finit pas de traîner en longueur malgré la détermination sans bornes de Viviane. Et c’est là qu’on mesure l’emprise absolue du mâle sur la situation, lequel a carrément droit de vie ou de mort sur son couple : alors que d’un simple claquement de doigts, il peut sans préavis aucun la répudier, à l’inverse elle, peut se mettre à plat ventre, hurler sa détresse, quémander indéfiniment son droit de partir, en vain ! 

Prompts à la couvrir d’opprobre, le mari, les rabbins, la société presque dans son ensemble ne l’entendent pas de cette oreille : bien logée, bien nourrie, une mère de famille, une épouse respectable se doit de se plier sans broncher à la devise qui n’est pas que pétainiste : travail, patrie, famille. Selon eux toutes les considérations qui ont eu raison de la soumission de Viviane ne sont que fadaises. Assimilée à un objet inanimé que l’on peut aisément s’approprier sous couvert de loi religieuse, il ne faut pas grand chose pour  vouer aux gémonies la frondeuse ! 

D’ailleurs la procédure de divorce vient conforter l’idée de la toute puissance du mari, des rabbins alors qu’est étouffée la voix de la principale victime. Des années durant, Viviane restera tributaire des atermoiements de Elisha lequel se joue impunément et d’elle et des lois. Réussira-t-il à lui rendre cette liberté à laquelle elle aspire corps et âme en prononçant la fatidique phrase qui tue :"te voici permise à tout homme" ? 

Film éprouvant qui se déroule à huis clos. Pour un peu on se croirait dans un tribunal et non au cinéma tant les acteurs endossent bien leurs rôles. Le plus brillant d’entre eux est Shimon, (Sasson Gabai) le frère d’Elisha, son fervent défenseur. Des doses d’humour distillées en arabe, français ou hébreu apportent au film les indispensables notes de légèreté. 

Après avoir vu ce couple se déchirer alors qu’il aurait pu s’épargner cette case en crevant les abcès avant de les laisser atteindre le stade de la purulence, on se prend à rêver d’un dénouement plus équitable :  ni le divorce expéditif  à l’occidental, ni le divorce mortel à l’oriental ! Un autre, à mi-chemin entre les deux dans lequel de préférence ne viendrait pas empiéter la religion. Pour le moment  nombreuses sont les sociétés qui semblent s’en accommoder sans rechigner. La politique de l’autruche…

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3 réflexions sur « Le procès de Viviane Amsalem, le film des Elkabetz »

  1. Les 2 religions, la juive et la musulmane, traitent la femme en parfaite antinomie à l’amour qui devrait présider à leur rapport. L’iniquité absolue de ces religions à cet égard me les rend détestables pour le moins, indépendamment d’autres griefs dont ce n’est pas le sujet ici. Les hommes qui esclavagisent leurs épouses sont des êtres vils et à ce titre devraient goûter l’emprisonnement à proportion des mauvais traitements infligés à leurs compagnes. Bel article gentil coquelicot.

  2. La religion n’a pas du tout à s’immiscer dans des histoires de cette nature. Qu’ils soient rabbins, prêtres ou cheikhs, ils n’ont pas du tout les compétence pour s’en charger !
    Comment envisager des sanctions à l’encontre de ce genre de « tortionnaire » quand ils se prennent en plus pour des victimes !
    Merci cher Zelectron !

  3. La religion n’a pas du tout à s’immiscer dans des histoires de cette nature. Qu’ils soient rabbins, prêtres ou cheikhs, ils n’ont pas du tout les compétence pour s’en charger !
    Comment envisager des sanctions à l’encontre de ce genre de « tortionnaire » quand ils se prennent en plus pour des victimes !
    Merci cher Zelectron !

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