Dimanche soir, Nicolas Sarkozy devrait spécifier les conditions de cette fameuse TVA sociale qui fait polémique. En quoi consiste-t-elle ? Eléments de réponse.

 

 

 

 L’allocution du président de la république ce dimanche soir sera très attendue. Non seulement parce qu’il s’agira certainement de sa dernière interview télé avant sa possible (certaine ?) candidature à l’Elysée. Mais aussi parce qu’il devrait dévoiler ses plans contre le chômage, qui a encore augmenté en France en décembre, et pour la compétitivité des entreprises françaises. 

Sur ce second point, le gouvernement pense avoir trouvé une solution qui consisterait à baisser les charges, à diminuer le coût du travail. Ainsi, il espère que la production en France sera plus concurrentielle et par conséquent amorcer un gros coup de boost à la compétitivité. Le "made in France" n’est plus qu’une utopie alors qu’outre Rhin c’est un concept. La France souffre d’un déficit commercial monstrueux, évalué à 75 milliards d’euros. La moitié des pays européens ont augmenté leur excédent commercial, pas la France. Le coût du travail en Allemagne est plus faible qu’en France. Le gouvernement pense que c’est un frein à nos exportations. 

A l’origine, lorsque la Sécurité Sociale a été créée après la seconde guerre mondiale, son financement a été pensé pour reposer uniquement sur la masse salariale, c’est à dire sur l’entreprise et le travail. Le principe de la TVA sociale est de diminuer ces charges que paient les entreprises et les salariés. Le salaire net sera un peu élevé et le coût salarial pour l’employeur plus faible. En contrepartie de ces baisses de charges, l’idée est donc d’augmenter la TVA, dont l’assiette serait désormais plus large. La sécurité sociale ne serait donc plus financée exclusivement par le travail mais aussi par la consommation. 

 

Le scénario qui semble se dessiner est la suppression des charges patronales pour les salaires dépassant 1,6 fois le SMIC. C’est l’emploi industriel qui est particulièrement ciblé : dans ce secteur actuellement, les salaires dépassent souvent ce seuil et ne bénéficient pas d’allègements de charges. Or, c’est l’industrie française qui est bien au coeur de la compétitivité française. Cette baisse des charges constituerait un manque à gagner de 10 à 15 milliards pour l’Etat. En contrepartie, la TVA serait augmentée de 2 points. Injuste ? Un peu puisque tous les français paieront ce surplus.

Certains estiment que le coût du travail n’est pas la cause du manque de compétitivité. La productivité est par ailleurs bien meilleure en France qu’en Allemagne. Les Allemands vendent à peu près la même chose que les Français mais plus cher pour des raisons de qualité, d’investissement, de réseaux de distribution, de relations commerciales. La solution ? La formation, l’éducation, l’innovation, la qualification. 

L’exemple danois

Au Danemark, la TVA sociale existe depuis 1987. La TVA était passée à l’époque de 22% à 25%. Dans le même temps, les charges sociales qui pesaient sur les salaires (et donc sur les entreprises) ont quasiment disparu. Cela a permis au pays, dont la balance commerciale était négative, de relancer ses exportations et de faire passer sa balance dans le positif. Mais le pays a également connu l’inflation (4 à 5%) et donc recul de la consommation et hausse du chômage. Cette situation a duré 5 ans. 5 ans durant lesquels le pays a entrepris de grosses mesures sur la formation professionnelle, sur la hausse limitée des salaires, et sur un impôt sur le revenu devenu plus progressif qu’en France.

 

Ainsi, cette TVA sociale ne résoudra pas tout si elle n’est suivie de rien.