Entre deux voeux de bonheur pour les mariés, Jean-Louis Debré a dit ce qu'il pensait, assez sobrement finalement, de l'attitude un rien désinvolte du chef de l'Etat et de l'image de la fonction présidentielle que celui-ci devrait incarner. Aussitôt des ténors de l'UMP se sont quasiment jetés sur lui, lui reprochant son manque de réserve. Le président du conseil constitutionnel a en effet osé critiquer le style du président dans des termes qui sans être forts, dénoncent tout simplement la "désacralisation" de la fonction présidentielle.

A bien y réfléchir, il est tout à fait logique que des membres de l'UMP réagissent ainsi, pour une raison toute simple : dans la critique du chef de l'Etat, Jean-Louis Debré a visé si juste, qu'il soulève un presque tabou dans sa famille politique, qui s'apprète à affronter les élections municipales dans un climat qui leur est de plus en plus défavorable . Nicolas Sarkozy peut donc voir les différents sondages le donner au plus bas, ce qui rejaillit sur tout le groupement politique, et il a perdu en crédibilité, même lorsqu'il se rend comme autrefois dans les banlieues, depuis qu'il hante les avions au bras de Carla Bruni.
Mais tout cela se savait déjà dans les rangs de l'UMP. Sitôt son mariage annoncé, il a encore chuté de façon brutale dans les sondages, ce qui laisse augurer d'une véritable déculottée lors des municipales. Le chef portait bonheur jusqu'ici mais l'UMP est peut-être en train de devenir, de machine de guerre qu'elle était, une simple machine à perdre. "il y a une certaine tenue à avoir" a déclaré Jean-Louis Debré "Cette légitimité qui est conférée par le peuple suppose une certaine dignité dans la fonction".
Faut-il voir un lien entre les sondages et la vie privée du président? C'est un "effondrement d'une rare ampleur" déclare un directeur d'étude politique. L'effondrement serait lié à des raisons économiques, mais aussi à l'affichage permanent de la vie privée du chef de l'Etat. François Bayrou lui aussi ne s'est pas privé de critiquer l'affichage consenti par le chef de l'Etat, et les critiques vont bon train dans l'opposition, qui trouve même des bons mots. "Pendant que vous vous serrez la ceinture, Sarkozy se fait péter la sous-ventrière." ou encore on villipende "ses amours paillettes de star aux mœurs trop légères pour un chef d'Etat " . Cela ne mange pas de pain diront les uns, mais ces attaques ont du poid, et résonnent sans doute dans l'opinion publique, dont les fins de mois commencent de plus en plus tôt, tandis que le président semble être bien à son aise. Le français moyen, qui avait pu espérer, ne voit pas sa situation économique évoluer.
Dame ! Voila bien peu de temps que cet homme est élu, il part en voyage en yacht, se marie avec un mannequin, comme une star de foot et s'affiche avec la jet-set ou le monde de la finance, doit se dire l'homme du "peuple", et c'est "moi" qui l'ait élu pour s'occuper de mes affaires… avant de se demander si en attendant, il ne s'occupe pas bien mieux des siennes… Le candidat, qui avait pris soin de se montrer travailleur et droit, avant d'être élu, pourrait s'il n'y prend garde, donner l'impression à son électeur de s'être tout simplement fait rouler.