A quoi rime le classement d’un monument sur la liste prestigieuse du patrimoine mondial de l’Humanité, si les anciens sites et autres monuments ne sont pas protégés et mis en valeur.
Réuni pour sa 36ème session à Saint Petersbourg, l’UNESCO a inscrit de nouveaux sites sur la célèbre liste du patrimoine mondial de l’Humanité. Cette année encore, la France reste à l’honneur, puisque le bassin minier du Nord est inscrit sur cette liste. Il ne s’agit plus ici de reconnaitre la valeur d’un site ou d’un monument, mais d’une région et de son histoire.
Certains, les mêmes (bien souvent) condamnant la notion de patrimoine immatériel comme par exemple la gastronomie française, critiquent cette étendue continue du champ de compétence de l’UNESCO, craignant alors que cette liste mondiale ne se transforme en un ersatz de nos listes nationales respectives. Pourtant, la notion de patrimoine mondial possède son propre intérêt, puisqu’elle nous offre la possibilité de protéger des monuments, ayant contribué à l’évolution des sociétés humaines. Rappelons pour mémoire, que depuis sa création, en 1978, l’UNESCO a déjà inscrit 725 sites culturels, 183 sites naturels et 10 mixtes. Depuis, les pays, qui déposent les dossiers de candidature à l’obtention du fameux label, ont assimilé les retombées touristiques immenses d’un tel classement. L’objectif initial de protection, de sauvegarde et de transmission semble alors bien éloigné, et on ne peut que s’effrayer des monuments inscrits à ce patrimoine mondial de l’humanité qui tombent dans une liste bien plus noire, celle des monuments et ou des sites en péril. Aujourd’hui, 17 sites naturels sont inscrits sur la liste des biens en péril, et la moitié de ces sites se situent en Afrique. Le Congo, par exemple, est depuis des années dévasté par des conflits, avec pour conséquences de graves dangers et menaces pesant sur ces 5 sites naturels inscrits. Les réserves naturelles apparaissent désormais bien vides. On peut avancer de nombreuses explications, mais il n’en empêche pas moins, que la convention de ce patrimoine mondial n’est guère respecté, puisqu’on se retrouve en une situation d’urgence. Les Etats ne remplissent plus leurs obligations, et les sites, comme ceux de Tombouctou mis sous les feux de la rampe suite à une actualité chargée, sont en passe de disparaitre. Comment réussir à prendre conscience du danger qui nous guette ? Peut-être, que l’UNESCO se devrait de refuser d’inscrire de nouveaux sites tant que les sites en danger ne sont pas tirés d’affaire ? Cela déclencherait probablement une véritable prise de conscience. Quoi qu’il en soit patrimoine et intérêt touristique ont rarement les mêmes objectifs ? La France peut ainsi se réjouir, que le Mont Saint Michel ne soit pas placé sur la liste des monuments en péril, et pourtant rien n’a été réglé puisque le projet de passerelle présente toujours une menace (et pas que visuelle) pour le site mondialement connu.