Si les fonds du « pacte fiscal » (le plan de redressement économique espagnol) échoue, le Catalan Arturo Mas proposera un référendum à ses compatriotes. S’il ne sera ni en tête, ni en queue, ni même présent à la manifestation proclamant la volonté de voir la Catalogne reconnue telle une nation à part entière par l’Union européenne, le président de la Generalitat s’en fait le promoteur.
Mais par ailleurs, il réclame des mesures d’aide économique au pouvoir central, tout comme ses homologues de Navarre et du Pays Basque, mais négocie très âprement leur application, et surtout sa capacité d’autonomie de gestion des fonds qui seraient accordés.
Rajoy est très réticent à la perspective d’accorder à la Catalogne un traitement de faveur, ou tout au moins particulier.
Mais il devra tenir compte de l’ampleur de la marche pour l’indépendance.
Un millier de bus devraient converger, mardi soir, vers Barcelone. De plus, des municipalités ont loué des trains. Outre le président, seulement quatre des conseillers de la Generalitat ne prendront pas part à cette marche.
Mais voilà, si 65 % des Espagnols (Catalans inclus) considèrent que la Catalogne est sans doute trop importante pour faire faillite, près de 24 % préféreraient qu’elle s’assume seule, et plus de 56 % considèrent que l’Espagne est très mal payée en retour. Plus nettement, 82 % estiment que si des fonds sont accordés, la Catalogne devra rendre compte de leur usage, et 86 % ne veulent pas d’un contrôle a postériori.
D’une part, la gestion d’Arturo Mas n’inspire pas confiance, d’autre part, les ambassades et délégations catalanes à l’étranger (six représentations générales, 17 entités ou missions économiques permanentes), sont estimées fort onéreuses : près de 33 millions d’euros annuels.
Ajoutez à cela que les députés catalans sont généralement mieux lotis que les autres, percevant environ 3 000 euros mensuellement. La Catalogne réclame cinq milliards d’euros pour couvrir ses dettes, dont les traitements de ses fonctionnaires. La date de la manifestation coïncide avec la Diada (de l’Onze de Setembre, fête déclarée nationale en Catalogne dès 1980) et cette marche centralisée évoque, pour le gouvernement espagnol, un chantage.
A. Mas et Rajoy négocieront le 20 prochain à la Moncloa, le siège du gouvernement espagnol. A. Mas espère se présenter en position de force. Mais même certains Catalans sont las des proclamations indépendantistes et des « unionistas » (unionistes partisans du statut quo) ne se déclarant pas déjà tels, mais donnant quand même de la voix, ne sont pas du tout disposés à chanter « Adéu Espanya » (adieu, l’Espagne). Car la Catalogne n’est plus si florissante. C’était un bassin d’emploi privilégié, à présent, depuis cinq ans, 8 % de plus de jeunes se retrouvent déscolarisés et sans emploi.
La Razon, qui reproduit le sondage effectué par NC Report, relève aussi que la dette publique de la Catalogne en tant que communauté autonome, représente le cinquième de son PIB. La Generalitat émet à présent des « bons patriotiques » (des obligations) en direction des particuliers, faute de pouvoir emprunter sur les marchés. Elle est la plus prodigue de toutes les communautés autonomes en associations, instituts, organismes publics (220) et elle entretient sept chaînes de télévision. Ses députés sont 135 contre 109 en Andalousie, pourtant beaucoup plus peuplée.
Dépenses somptuaires ?
La Catalogne ne soigne pas son image internationale que par le biais d’implantations permanentes, elle a aussi consacré récemment 350 000 euros à une manifestation éphémère à Venise. Elle entretient un Institut catalá d’Amèrica à New York. Elle s’est de nouveau engagée à organiser, en 2014, une troisième Barcelona World Race (compétition de voile en double sans escale autour du monde), espérant y attirer un équipage chinois. Le développement de la marina de Port Vell (150 nouveaux anneaux pour les yachts, dont ceux de 180 m de long) est en cours de réalisation au profit de la banque Salamanca Group. Les deux premières éditions ont satisfait les annonceurs et sans doute mieux encore réussi à la capitale catalane que la Volvo Ocean Race (qui partit d’Alicante, dans le Valenciano, pour ses deux dernières éditions).
Mais les retombées en terme d’image ne suffisent plus à convaincre les investisseurs. La Catalogne se dit victime de « l’Espagne décadente » tout comme la Ligue du Nord italienne dénonce Rome et les régions méridionales. Elle peine à présent à faire entendre, les lamentations nationalistes étant vues en tant que pare-feu pour faire oublier les échecs d’une gestion contestée, y compris de l’intérieur.
Cependant, récemment, les déclarations d’un ancien colonel espagnol, Francisco Alamán, menaçant la Catalogne d’une intervention militaire si elle déclarait son indépendance, ont piqué au vif la majorité autonomiste. Elle réclame des sanctions, tant internes qu’externes (en saisissant du fait la Commission européenne).
En revanche, certains Catalans estiment que la volonté d’indépendance a été poussée trop loin. C’est le cas d’Albert Rivera Diaz, député catalan et chef de file du parti C’ (Cuidadanos – Parti de la citoyenneté) qui n’appelle pas à la marche de la Diada et déplore que la présidente d’Òmnium Cultural (une association nationaliste fortement subventionnée, distinguée par la médaille d’honneur du parlement catalan), Muriel Casals, s’oppose à la volonté de parents désireux de placer leurs enfants dans des écoles bilingues (catalan-espagnol).
La Diada, qui ne réunissait ces dernières années qu’environ 10 000 participants, sera indéniablement un succès (les organisateurs tablent sur un million des personnes à Barcelone, donnent des consignes pour ne pas saturer le réseau téléphonique en envoyant trop de photos, de ne pas surcharger l’Internet, &c., tout en se dotant d’un profil Twitter pour diffuser des consignes). Est-elle le prélude à une réussite sécessionniste ? C’est toute la question que se posent tant les Catalans que les Espagnols. Prématurément ? Ou sur le mode du « fais-moi peur » ? Artur Mas cherche-t-il davantage à faire fléchir le gouvernement central sur les modalités de l’aide économique ou plutôt pousser le sentiment national catalan en vue d’un référendum ?
Sentiments mitigés
La présidente du Parti populaire catalan, Alicia Sánchez Camacho, vient de qualifier d’alibi cette marche de mardi, accusant Artur Mas de lui apporter un appui logistique et de vouloir masquer ses échecs, ou son manque de volonté d’affronter la crise économique. Elle invoque une majorité silencieuse. Sans doute en concertation avec Rajoy, elle a incité le président de la Generalitat à ne pas « jouer avec le feu » et de « mesurer les conséquences ». Quant à la secrétaire générale du PP, Maria Dolores de Cospedal, elle a tout simplement déclaré « anticonstitutionnelle » la marche.
Les écologistes d’ICV (Iniciativa per Catalunya Verds, gauche écologiste) ne doute pas que la manifestation soit de nature indépendantiste, mais ils participeront pour « dialoguer » dans le pluralisme et s’opposer à la politique d’austérité. D’autres formations donnent des significations mitigées à leur participation. D’autres encore, minoritaires, évoquent une « manipulation ».
On verra demain si les drapeaux indépendantistes (l’Estelada, aux couleurs nationales jaune et rouge de la Senyera, augmentées d’une étoile blanche sur fond bleu) prédomineront, si on chantera davantage Els Segadors (les moissonneurs), hymne officiel, ou l’Himne a la Independencia. Cette manifestation sera doublement suivie, tant par les participants que par les observateurs fortement attentifs à sa portée symbolique… voire annonciatrice.
Cher Jef,
Quelques conseils (1) un journaliste ne prend jamais côtés (2) avant d’écrire quelque chose que vous ne savez pas, s’informer!
Cher Jef,
Du point de vue « Espagnol », que les Catalans ne veuillent plus payer est injuste face à la crise actuelle, on « peut les comprendre ».
Maintenant, un peu d’Histoire avec un grand H.
Depuis la fin de la guerre civile Espagnole, le dictateur Franco avait mis un système que toutes les provinces d’Espagne, devait payer l’impôt à Madrid et ensuite le gouvernement central rétrocédait en part égales l’argent aux provinces. Petit problème, les deux plus grandes provinces économiques que sont la Catalogne et le Pays Basque, on toujours reçu près de la moitié que ce qu’ils ont payé. Ce système à fonctionné jusqu’au début de l’autonomie élargie de la Catalogne. L’autonomie élargie qui a duré presque dix ans, aujourd’hui le PP fait marche arrière et jugée anticonstitutionnelle par Madrid. Les dépenses démentielles faites dans les autres provinces, excepté au P. Basque et surtout les dépenses dispendieuses de Madrid, la mise sous tutelle depuis Franco par le pouvoir central. Aujourd’hui Madrid a peur que la situation soit hors contrôle pour la Catalogne et le Pays Basque. Ces deux régions sont viables au sein de l’Europe, unies et sortie de l’Espagne, c’est l’implosion… Autre point important on ne parle pas de la Catalogne seule, si TOUS les Pays Catalans qui veulent sortir de l’Espagne avec le Pays Basque en plus, peuvent faire BEAUCOUP de monde…
Un tout petit conseil Jef, reste un peu plus que les vacances en Catalogne et discute avec les jeunes, les « vieux », les riches, les moins aisées, les chefs d’entreprises ou pas et tu te rendras compte qu’un mouvement plus important que tu crois est en train de monter.
Cher Jef,
Du point de vue « Espagnol », que les Catalans ne veuillent plus payer est injuste face à la crise actuelle, on « peut les comprendre ».
Maintenant, un peu d’Histoire avec un grand H.
Depuis la fin de la guerre civile Espagnole, le dictateur Franco avait mis un système que toutes les provinces d’Espagne, devait payer l’impôt à Madrid et ensuite le gouvernement central rétrocédait en part égales l’argent aux provinces. Petit problème, les deux plus grandes provinces économiques que sont la Catalogne et le Pays Basque, on toujours reçu près de la moitié que ce qu’ils ont payé. Ce système à fonctionné jusqu’au début de l’autonomie élargie de la Catalogne. L’autonomie élargie qui a duré presque dix ans, aujourd’hui le PP fait marche arrière et jugée anticonstitutionnelle par Madrid. Les dépenses démentielles faites dans les autres provinces, excepté au P. Basque et surtout les dépenses dispendieuses de Madrid, la mise sous tutelle depuis Franco par le pouvoir central. Aujourd’hui Madrid a peur que la situation soit hors contrôle pour la Catalogne et le Pays Basque. Ces deux régions sont viables au sein de l’Europe, unies et sortie de l’Espagne, c’est l’implosion… Autre point important on ne parle pas de la Catalogne seule, si TOUS les Pays Catalans qui veulent sortir de l’Espagne avec le Pays Basque en plus, peuvent faire BEAUCOUP de monde…
Un tout petit conseil Jef, reste un peu plus que les vacances en Catalogne et discute avec les jeunes, les « vieux », les riches, les moins aisées, les chefs d’entreprises ou pas et tu te rendras compte qu’un mouvement plus important que tu crois est en train de monter.
Humm… J’essaye de rendre compte de points de vue différents, ou opposés.
Je conçois très bien que les Catalans veuillent plus d’autonomie (les Bretons aussi, j’en suis).
J’y reviens par ailleurs, ce 24 sept., avec la proposition de Mas de faire de la Catalogne un état associé à l’Espagne comme Porto Rico l’est avec les É.-U.
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