Au temps de la République, il y avait en France un pauvre jongleur, natif de Neuilly, nommé Nicolas, qui allait par les villes, faisant des tours de force et d’adresse.
Les jours de foire, il étendait sur la place publique un vieux tapis tout usé, et, après avoir attiré les enfants et les badauds par des propos plaisants qu’il tenait d’un très vieux jongleur et auxquels il ne changeait jamais rien, il prenait des attitudes qui n’étaient pas naturelles et il mettait une assiette d’étain en équilibre sur son nez. La foule le regardait d’abord avec indifférence.
Mais quand, se tenant sur les mains la tête en bas, il jetait en l’air et rattrapait avec ses pieds six boules de cuivre qui brillaient au soleil, ou quand, se renversant jusqu’à ce que sa nuque touchât ses talons, il donnait à son corps la forme d’une roue parfaite et jonglait, dans cette posture, avec douze couteaux, un murmure d’admiration s’élevait dans l’assistance et les pièces de monnaie pleuvaient sur le tapis.
Pourtant, comme la plupart de ceux qui vivent de leurs talents, Nicolas de Neuilly avait grand-peine à vivre.
Gagnant son pain à la sueur de son front, il portait plus que sa part des misères attachées à la faute d’Adam, notre père.
Encore, ne pouvait-il travailler autant qu’il aurait voulu, seul contre neuf. Pour montrer son beau savoir, comme aux arbres pour donner des fleurs et des fruits, il lui fallait la chaleur du soleil et la lumière du jour. Dans l’hiver, il n’était plus qu’un arbre dépouillé de ses feuilles et quasi mort. La terre gelée des sondages était dure au jongleur. Et, comme la cigale dont parle Marie de France, il souffrait du froid et de la faim dans la mauvaise saison. Mais, comme il avait le cœur simple, il prenait ses maux en patience.
Il n’avait jamais réfléchi à l’origine des richesses, ni à l’inégalité des conditions humaines. Il comptait fermement que, si ce monde est mauvais, l’autre ne pourrait manquer d’être bon, et cette espérance le soutenait. Il n’imitait pas les baladins larrons et mécréants, qui ont vendu leur âme au diable. Il ne blasphémait jamais le nom de Dieu .
Il vivait honnêtement après voir augmenté son salaire de 170%, et, bien qu’il eût femme, il convoitait celle du voisin, notamment lors de mariages à Neuilly,
Or, un certain soir, après une journée ratée sur les radios et les télévisions, tandis qu’il s’en allait, triste et courbé, portant sous son bras ses boules et ses couteaux cachés dans son vieux tapis, et cherchant quelque grange pour s’y coucher sans souper, il vit sur la route un moine qui suivait le même chemin, et le salua honnêtement. Comme ils marchaient du même pas, ils se mirent à échanger des propos.
- Ami Nicolas, lui dit le moine, prenez garde à ce que vous dites. Il n’y a pas de plus bel état que l’état monastique. On y célèbre les louanges de Dieu, de la Vierge et des saints, et la vie du religieux est un perpétuel cantique au Seigneur.
Nicolas répondit :
- Mon Père, je confesse que j’ai parlé comme un ignorant. Votre état ne se peut comparer au mien et, quoiqu’il y ait du mérite à danser en tenant au bout du nez un denier en équilibre sur un bâton, ce mérite n’approche pas du vôtre. Je voudrais bien comme vous, mon Père, chanter tous les jours l’office, et spécialement l’office de la très sainte Vierge, à qui j’ai voué une dévotion particulière. Je renoncerais bien volontiers à l’art dans lequel je suis connu, de Villepinte à la Concorde, dans plus de six cents villes et villages et même dans le monde entier , pour embrasser la vie monastique.
Quelques temps plus tard la conduite si singulière de Nicolas éveilla la curiosité des moines.
On se demandait, dans la communauté, pourquoi le frère Nicolas faisait des retraites si fréquentes.
Le prieur, dont le devoir est de ne rien ignorer de la conduite de ses religieux, résolut d’observer Barnabé pendant ses solitudes. Un jour donc que celui-ci était renfermé, comme à son ordinaire, dans la chapelle, dom prieur vint, accompagné de deux anciens du couvent, observer, à travers les fentes de la porte, ce qui se passait à l’intérieur. Ils virent Nicolas qui, devant l’autel de la sainte Vierge, la tête en bas, les pieds en l’air, jonglait avec six propositions et douze thèmes chers à Sainte Marine. Il faisait, en l’honneur de la sainte Marianne, mère de la République, les tours qui lui avaient valu le plus de louanges. Ne comprenant pas que cet homme simple mettait ainsi son talent et son savoir au service de la France Forte, les deux anciens criaient au sacrilège.
Le prieur savait que Nicolas avait l’âme innocente .
Aussi il en tira la conclusion que Nicolas était tombé en démence.
D’après Anatole…. FRANCE !!!!!
Très bel article Jacques ! La forme de choisie permet vraiment d’exprimer ce que vous n’auriez pu faire directement !
Cordialement.
François Hollande a jeté le doute sur l’état réel des finances publiques en confirmant son intention, s’il est élu le 6 mai prochain à l’Élysée, de demander un audit à la Cour des comptes.
[url]http://zebuzzeo.blogspot.fr/2012/04/francois-hollande-elu-un-grand-audit.html[/url]
Il n’y aurait rien de vraiment étonnant en effet, si on découvrait que les comptes de la Nation auraient été un peu maquillés.
Dans ce cas de figure, je ne comprend pas pourquoi l’auteur parle de [i]Hollandreou[/i].
Il aurait mieux fait de parler de [b]SARKOMANLIS[/b], le Premier Ministre grec auteur des tripatouillages s’appelant Karamanlis !
jf.