L’onde de choc du séisme venue, de Tunisie, d’Egypte ne cesse de gagner du terrain faisant tanguer des zones du Maghreb, du Machrek déterminées à démanteler des régimes despotiques, à évincer des autocrates régnant depuis de nombreuses décennies et spoliant leurs populations de la plus élémentaire des dignités humaines. Morte la logique défaitiste qui faisait se voûter les dos face aux  oppresseurs. Le réveil quelque peu tardif semble revêtir toutes les forces issues de lourdes frustrations non enclines à obtempérer, toutes les forces issues des martyrs ayant marqué à jamais la terre du sceau de leur immortalité…

 C’est en Libye, pays frontalier de la Tunisie et de l’Egypte que le peuple descendu crier son indignation face au népotisme, à la corruption, au gâchis de ses richesses, à  la confiscation de ses libertés, aux injustices sociales que la répression est des plus sanglantes.

Saïf Al Islam ou épée de l’islam en arabe, a menacé lors de son discours de faire couler des rivières de sang, de détruire tous les éléments de sédition pour inciter des êtres humains blasés de souffrance à baisser la tête afin de le laisser danser librement. 

L’utilisation sans vergogne des avions de chasse et des hélicoptères, tentative d’ étouffement de la révolution dans la terreur démontre l’ignominie du régime aux abois. N’est-ce pas la pire des calamités pour son peuple que cet arrogant guide qui se se livre impitoyablement à la  pire des brutalités pour réprimer la vague de colère qui secoue de fond en comble une Libye enflée de rage par toutes   les injustices subies depuis 1969 ?

Mouammar Kadhafi pétri de mégalomanie, aujourd’hui acculé comme ses homologues égyptien et tunisien à perdre sa suprématie en carton, à être déchu, se cramponne sauvagement au pouvoir oubliant que la confiscation du respect d’autrui ne peut qu’échouer à plus ou moins longue échéance. Mais la mise en péril imminente de son siège l’aveuglerait-elle encore plus au point de se croire le véritable détenteur des gigantesques ressources pétrolières jusqu’à le conduire à mener une stratégie de sauvegarde de plus en plus suicidaire de son piètre rang ? 

Au Bahrein, pays à majorité chiite mais dirigé par des sunnites, gronde aussi une sourde colère signifiant cependant son caractère non confessionnel mais plutôt d’ordre politique, social : rejet des discriminations subies par les chiites leur bloquant l’accès aux soins, à l’emploi, aspiration à une monarchie constitutionnelle, à un gouvernement élu par le peuple. Parmi les slogans, résonnait "ni chiites, ni sunnites, nous sommes des frères", que scandaient  les Bahreini à la place de la Perle à Manama, l’équivalente de la place Tahrir du Caire. Doit trembler fort le voisin saoudien situé à 26 km de Bahrein et abritant 12% de chiites implantés dans les villes pétrolifères du royaume que seul un pont autoroutier sépare. 

Au Yémen, au Maroc aussi, apparaissent des mouvements protestataires alors que font jour des propositions de négociations dans l’espoir d’éteindre ces flammes de colère.  Mais n’est-ce pas un leurre que de s’imaginer pouvoir acheter les populations par quelques concessions démocratiques émanant de régime de tyran alors que tous ces raz de marée humain représentent la quintessence même de la souffrance de peuples. Des révolutions sans orientation idéologique, sans direction guidées juste par des aspirations inaliénables de démocratie qui ne sauront être troquées à vils prix. Vivre dans la dignité, briser les chaînes de l’aliénation par la sueur, par le sang, par les larmes, sinon mourir…

N’est-ce pas Mouammar Al Kadhafi en personne qui récemment, lors d’une rencontre avec des jeunes présélectionnées en Italie avait cru bon proposer de but en blanc à l’Europe de se convertir à l’islam ? Une injonction qui en dit long sur la bêtise dudit guide suprême à moins que ce personnage ne soit qu’un agent mis en place dans le seul et unique but d’opprimer, de dévitaliser par tous les moyens son peuple ? 

Il est un temps pour tout et en ce début du troisième millénaire, chute comme un château de cartes, les tyrans conçus par des mentalités révolues impuissantes à brider une soif infinie de liberté insufflée en partie par les réseaux sociaux. Ce soir, des rumeurs courent selon lesquelles "son excellence" Kadhafi se serait réfugié au Vénézuela.