Situé dans la Haute Vallée de l’Hérault, le Massif du Thaurac, des grandes falaises rongées par l’érosion et des chapelets de grottes, de gouffres, d’avens, de scialets et d’autres cavités naturelles, est une imposante masse de calcaire, de forme triangulaire. Du haut de ses 487 mètres, à son sommet « le Bosc del grand Serre », il se dresse, imposant et majestueux au dessus de l’impétueux et imprévisible fleuve au caractère méditerranéen bien trempé avec ses crues soudaines, d’hiver et de printemps, ou liées aux précipitations d’automne et au phénomène cévenol, dévalant du Mont Aigual.
Le massif du Thaurac, enclave calcaire entre deux fossés tectoniques d’effondrement.
Le massif du Thaurac, enclave surgissant au sein de terrains imperméables, limité par deux grandes failles marginales inverses et autres cassures ayant disloqué sa masse interne carbonatée, se présente sous la forme d’un plateau trilatéral serti entre le synclinal Crétacé à Myocène, à fond plat, de la plaine de Ganges, au Nord, et le bassin d’effondrement Oligocène de Montoulieu, en bordure de la marge passive du golfe du Lion, au Sud. Ce bloc montueux, tourmenté et accidenté est un horst soumis, suite à la poussée orogénique pyrénéo-provençale, à une forte compression qui, en profondeur, en avait plissé ses assises plus plastiques des trois premiers sous-étages stratigraphiques du Malm(1), – Jurassique supérieur -, l’Oxfordien, – marnes bleues à Ammonites pyriteuses -, l’Argovien, – marnes jaunes, alternance de bancs marno-calcaires et de bancs de craie riches en chailles, calcaires récifaux riches en fossiles silicifiés -, et le Raucarien, – calcaires jaunâtres récifaux riches en Polypiers et Solénopores, calcaires oolithiques, calcaires à grosses oncolithes -, et déversé et cassé les couches supérieures, plus massives, du Kimméridgien et du Tithonien.
Couvert d’une végétation, majoritairement sempervirente, traditionnelle de la garrigue méditerranéenne, où domine le ciste cotonneux, le ciste à feuille de sauge, le chêne vert, – ou yeuse -, le chêne blanc, l’euphorbe, le fenouil, le genêt à balai, le spartier à tige de jonc, le genêt des teinturiers, le panicaut, l’épine blanche, l’agave, le thym, le romarin, la ronce… cet îlot calcaire, ceint par une muraille minérale escarpée, est un paradis pour les grimpeurs. Quelques 650 itinéraires d’escalade, sécurisés et équipés, entre 20 et 120 mètres d’aplombs vertigineux et de parois rocheuses verticales émergeant au-dessus des vignobles, s’étalant sur une quinzaine de secteurs dont particulièrement ceux de l’Épingle à Cheveux, de la Baume du tigre, de la grotte aux mille Fées et de la Beaume d’Aymé, tous niveaux représentés, s’y dénombrent.
Le défilé du Thaurac.
Ne mesurant pas sa fougue ardente, l’Hérault divise, en deux, le massif sur plusieurs kilomètres, offrant, entre Laroque et Saint Bauzille de Putois, un paysage magnifique, d’étonnantes falaises calcaires colorées, abruptes et imposantes, des gorges ostentatoires sur un site appelé le défilé du Thaurac.
Tout au long de son parcours, s’offre le spectacle grandiose, fascinant et inhabituel créé, au fil des ères géologiques, sur des millions d’années, par l’inlassable et patient travail d’érosion du fleuve, l’architecte et seul privilégié, sculptant et déchirant, tel un artiste fou, la roche friable. La nature sauvage et naturelle, en majesté, véritable oasis au cœur de terres arides, s’y dévoile à l’état brut. Le défilé de Thaurac, d’une profondeur variable de 200 à 300 mètres, véritable canyon encaissé entre des falaises abruptes, jalonné de marmites de géant, de cascades bouillonnantes, se décline sous de multiples facettes alliant calmes et colères des éléments fondamentaux de la Terre en éternelle effervescence.
Véritable zone de loisirs et de sports à ciel ouvert, cette saignée serpentine aux eaux claires et frîches, incisée dans un cadre somptueux, invite à la baignade et à la pratique du canoë-kayak. En outre, un sentier, solidement implanté, parfois accroché aux parois escarpées ou franchissant, par des ressauts, le cours torrentueux du fleuve, permet de pénétrer le mystérieux et le pittoresque.
Multitude d’avens et de grottes dissimulés sur tout le massif du Thaurac.
Sur une superficie réduite d’environ 5 kilomètres carrés, le karst compte un nombre impressionnant de cavités majoritairement regroupées par secteur autour d’une anfractuosité majeure. Un inventaire spéléologique, dressé en 1983, en dénombre plus de 250 dont 120 dans le seul secteur du défilé du Thaurac, entre Laroque et Saint-Bauzille de Putois.
Et comme le spécifiait, fort bien, un géologue languedocien du XIX° Siècle, « différents types de cavités se rapportant aux stéréotypes classiques de la région », Mio-Pliocène d’extension régionale, du Nord de Montpellier aux Causses, et Plio-Quaternaire, la Grotte des Demoiselles et l’Aven des Lauriers en étant les vestiges les plus importants, « font la richesse de ce massif. » Ces deux cavités, subtilement exploitées par l’industrie du tourisme, recèlent, dans les entrailles « gruyèrées » du karst thauraquien, de vastes salles concrétionnées, – 52 mètres de hauteur, 48 mètres de largeur et 120 mètres de longueur pour celle de la Grotte aux mille Fées -, et des galeries, d’une extraordinaire richesse, fastueusement décorées de concrétions fines, aux couleurs éclatantes, d’immenses orgues minérales, de Stalactites et de stalagmites, aux formes et aux personnages mystérieux, de draperies, d’aragonites…
Depuis la nuit des temps, le Massif du Thaurac, et sa multitude d’avens et de grottes, a été un lieu de vie et de refuge depuis l’homme de Neandertal jusqu’aux Maquisards, durant la Deuxième Guerre Mondiale, en passant par les hommes du Néolithique et ceux de la Proto-histoire, les Volques Arécomiques, les Romains, les premiers chrétiens martyrisés, les Cathares fuyant la répression de la Croisade des Albigeois, les Curés pourchassés… et les Camisards.
Notes.
(1) Le Malm, ou Jurassique supérieur, s’étend de 161.2 à 145.5 Millions d’années et est divisé en trois étages stratigraphiques, l’Oxfordien-Argovien-Raucarien, 161,2 à 155,7 Millions d’années, le Kimméridgien 155,7 à 150,8 Millions d’années et le Tithonien, anciennement le Portlandien 150,8 à 145,5 Millions d’années.