Le Liban, suite 10,

un petit territoire mais une grande histoire.


Ces articles ont présenté un peu le Liban, la ville de Beyrouth, les cèdres, les différentes mouvances religieuses islamiques Sunnite, Chiite, Druze et Maronite chrétienne orientale, ce n’est qu’une approche des croyances Islamiques afin de comprendre un peu ce qu’elles sont, le tout sur fond du Tribunal spécial pour le Liban comme suite à l’attentat contre l’ancien premier ministre Rafic Hariri et 22 autres personnes le 14 février 2005, avec une montée de la mouvance Chiite Iranienne en Méditerranée et le Hezbollah eu égard à son importance dans les conflits du Proche-Orient.

Connait-on pour autant le Liban beaucoup mieux, non, tant ce pays est déchiré par tous ces crimes et attentats de personnalités politiques de toutes obédiences sur fond d’espionnage Israélien infiltrant tous les rouages du pays. A-t-on jamais vu un tel carnage d’assassinats pour un si petit pays ? Les articles de géopolitique de René Naba démontrent bien que le Liban est en proie à tous les coups entre les communautés n’ayant pas une structure gouvernementale puissante lui permettant de faire face aux assauts des Palestiniens et des Syriens et à l’implantation du Hezbollah dans le sud du pays pour combattre avec son armée l’invasion Israélienne sous prétexte d’assurer sa sécurité.

Encore, le 25/08/10, deux Libanais, dont un responsable local du Hezbollah, ont trouvé la mort mardi à Beyrouth lors d’accrochages entre partisans de la milice Chiite et une faction Sunnite, apprend-on de sources proches des services de sécurité. Ces heurts ont éclaté à la suite d’une rixe entre un partisan du Hezbollah et un autre de la faction Sunnite Al Ahbach dans le quartier de Bourj Abi Haïdar. Les protagonistes se sont ensuite affrontés à coups de mitraillettes et de lance-roquettes RPG.

Tous se servent de ce petit territoire pour éliminer celui qui gène, rien que dans ce qui va suivre René Naba dénonce plus d’une quarantaine de personnalités assassinées c’est l’anarchie du crime. Comment faire lorsque l’on est petit avec 18 religions reconnues que l’on puisse mettre tout le monde au pas ? Rien d’étonnant que dans ce pays depuis son indépendance il n’ait cessé d’être déchiré ! Il a subit la crise de Suez, la montée des périls par le problème Palestinien, la guerre civile avec la guerre de la montagne entre les différentes communautés, l’intervention Syrienne et l’invasion Israélienne tout cela de 1975 jusqu’en 1989 ou les accords de Taïf instaurent la paix au terme de 14 années désordre et de guerre, qui auront fait 150.000 morts et 17.000 disparus et des centaines de milliers d’exilés, pour finalement que le pays soit sous surveillance Syrienne jusqu’en 2005. Depuis, le pays aurait retrouvé une certaine sérénité, sans cet attentat contre l’ancien premier ministre, grâce à une relative prospérité économique et politique qui a permis sa reconstruction par suite de sa forte croissance liée au tourisme et à l’agriculture ainsi que du secteur de la finance et des banques, le Liban a toujours été un lieu privilégié pour elles.

 

Mais le Liban, n’en a pas fini étant constamment sous conflit entre Israël et le Hezbollah à sa frontière Sud ou la force d’interposition, la Finul des Nations Unies est présente depuis 2006. L’armée Israélienne vient d’y déployer ses troupes au lendemain des violences entre les deux pays qui ont fait quatre victimes, trois Libanais, deux soldats et un journaliste, et un officier Israélien ont été tués mardi 3 août 2010 lors d’affrontements meurtriers sans précédent depuis 2006, tout cela pour un arbre gènant, qu’Israël voulait abattre. Le conflit portait sur le lieu d’implantation de l’arbre qui, d’après le Hezbollah, se trouvait sur le territoire Libanais ce que contestait Israël. Finalement il a été abattu étant bien en Israël.

«Israël avait une occasion en or pour déclencher une guerre et le Hezbollah, un alibi extraordinaire pour défendre le pays contre l’État hébreu», affirme à l’AFP Ghassan Azzi, professeur de sciences politiques à l’Université Libanaise. La guerre n’est pas pour le moment déclare-t-il !

Cette région Moyenne-Orientale n’en à pas terminé d’être en évolution quand on pense que depuis le 29 novembre 1947 jour ou l’Assemblée Générale des Nations-Unies vote le partage de la Palestine en deux États l’un arabe l’autre juif, les conflits entre ces deux communautés n’ont cessés. L’injustice qui a prévalu dans ce partage concernant la répartition des terres donnant les parties les plus fertiles à Israël à conduit au refus Palestinien à cet accord et à ces affrontements. Or, depuis la situation Palestinienne ne s’est pas améliorée voire être beaucoup moins satisfaisante que ce peut espérer Mahmmoud Abbas dans les négociations qui s’ouvrent avec Israël sous la conduite de Barack Obama, par rapport à ce qui avait été proposé en 1947, lors de la création de l’État d’Israël.

 

Géoplitique du Moyen-Orient, suite et fin.

LIBAN : Les États-Unis, une justice «à la carte», la France, une suspicion légitime, par René Naba du blog renenaba.com

Le Tribunal spécial sur le Liban à l’épreuve de la guerre de l’ombre Part 3/3, fin.

 

Parrain originel des Talibans d’Afghanistan, l’Arabie Saoudite.

 

Parrain originel des Talibans d’Afghanistan, l’Arabie Saoudite passe pour avoir été le principal bailleur de fonds du programme nucléaire Pakistanais, en contrepartie de l’assistance fournie par le Pakistan à l’encadrement de l’armée de l’air Saoudienne dont elle assurera pendant vingt ans la formation de ses pilotes et la protection de son espace aérien. Une bonne entente matérialisée symboliquement par la dénomination de la troisième ville du Pakistan de Faisalabad, l’ancienne Lyallpur, en hommage à la contribution du Roi Faysal d’Arabie au règlement du contentieux entre le Pakistan, 3ème plus important pays musulman après l’Indonésie et le Bengladesh, lors de la sécession de son ancienne province sous la conduite de Cheikh Mujjibur Rahman, chef de la Ligue Awami.

En dépit de ces fortes similitudes, particulièrement le double parrainage du royaume Saoudien au milliardaire Libano-saoudien et au Pakistan, ainsi que leur positionnement similaire sur le plan de la géopolitique Américaine, Rafic Hariri aura droit à un Tribunal Spécial International pour juger ses présumés assassins, mais non Benazir Bhutto, dont pourtant toute la dynastie a été décimée. Dans cette perspective, le destin de Benazir Bhutto ressemble étrangement à celui de l’ancien premier ministre Libanais Rafic Hariri, ainsi qu’à celui de l’ancien président Egyptien Anouar el Sadate, assassiné en 1981, et à celui de l’éphémère président Libanais Bachir Gemayel, le chef des milices chrétiennes, assassiné en 1982. Des dirigeants plus utiles à la diplomatie Israélo-américaine morts que vifs.

A l’apogée de la diplomatie Saoudienne, dans la foulée de l’invasion de l’Irak, en 2003, deux dirigeants arabes, Rafic Hariri, et Ghazi Al-Yaour, Irak se sont retrouvés simultanément au pouvoir dans leur pays respectif, porteurs de la nationalité Saoudienne. Dans ce contexte, il n’est pas indifférent de noter que Rafic Hariri a été assassiné dans la quinzaine qui a suivi l’élection d’un Kurde Jalal Talabani à la tête de l’Irak et de l’attribution à un Chiite de la présidence du conseil des ministres, écartant les sunnites du gouvernement de l’ancienne capitale des abbassides, sur laquelle flottait d’ailleurs à l’époque le nouvel emblème Irakien conçu par le proconsul Paul Bremer, aux couleurs Israélo-kurdes (bleu blanc et jaune blanc), déclenchant une vague d’attentats sans précédent contre les symboles de l’invasion Américaine en Irak et leurs alliés régionaux. Curieusement, la piste de l’unique personne qui a revendiqué publiquement l’assassinat, Ahmad Abou Addas, le jour de l’attentat depuis la chaîne transfrontalière «Al Jazira» a été négligée. L’homme habitant du secteur ouest de Beyrouth, avait disparu de son domicile trois semaines avant l’attentat et sa disparition signalée par son père aux services de police. «Salafiste Jihadiste», selon la désignation dont il se revendiquait, il vouait aux gémonies «tous les dirigeants arabes qui gouvernaient d’une manière contraire à la volonté de Dieu » et tenait des propos hostiles à Rafic Hariri.

Pompier pyromane, le monarque octogénaire, au pouvoir depuis quinze ans, est situé à l’épicentre d’un conflit qu’il n’a cessé d’attiser que cela soit par sa caution à l’invasion Américaine de l’Irak, avec pour contrecoup l’élimination des Sunnites du centre du pouvoir, que par le rôle précurseur du faux témoin Syrien dont le surgissement porte la marque des connexions familiales articulées autour des deux beaux frères du Roi d’Arabie, Zouheir Siddiq est en fait un factotum du général Rifa’at al-Assad, oncle et rival du président Syrien Bachar al-Assad et surtout beau frère du roi d’Arabie. Son faux témoignage est intervenu opportunément en pleine campagne de déstabilisation du président Libanais Emile Lahoud, alors que le deuxième beau frère du Roi d’Arabie, le député Libanais Nassib Lahoud, postulait à sa succession à la magistrature suprême Libanaise. Effet d’un pur hasard ? D’une fâcheuse coïncidence ? D’une Magouille familiale ? A-t-elle échappé à la sagacité des enquêteurs internationaux ? A la perspicacité des journalistes Libanais, particulièrement l’empire médiatique du groupe Hariri et ses alliés du journal An Nahar, théoriciens émérites du jeu politique Libanais et moralisateurs de la vie publique ? Ou cautionné par eux pour les besoins de la mise en accusation de la Syrie ?

Défié sur son flanc sud, au Yémen, par la principale organisation intégriste Sunnite du monde musulman de dimension planétaire, Al-Qaïda, excroissance rebelle du modèle wahhabite, le Roi Abdallah est mis au défi de l’équation que représente le glorieux palmarès du Hezbollah, la principale formation paramilitaire du tiers monde, d’obédience Chiite, apprenti sorcier d’un enjeu qui le dépasse, démiurge d’enjeux qui le surpassent tant en Irak, qu’au Liban qu’auparavant en Afghanistan.

Face aux risques de manipulation, Walid Joumblatt, un des artisans de la révolte anti-syrienne au Liban, a publiquement invité le 24 juillet 2010, son ancien compagnon de route, Saad Hariri, à lever le pied sur cette affaire, qu’il considère comme un élément de division, incitatrice d’une nouvelle guerre civile. A l’appui de sa requête, le chef Druze du parti progressiste Libanais a cité en exemple son propre cas, avançant que l’assassinat de son père Kamal Joumblatt, en 1977, n’avait pas donné lieu à la mise sur pied d‘un Tribunal international. Le Liban compte une quarantaine de personnalités de premier plan assassinées, dont deux présidents de la République assassinés, Bachir Gemayel et René Mouawad , trois anciens premiers ministres, Riad el-Solh , Rachid Karamé et Hariri, un chef d’état major, le Général François el-Hajj , le chef spirituel de la communauté chiite l’Imam Moussa Sadr et le Mufti sunnite de la république Cheikh Hassan Khaled, deux dirigeants du parti communiste Libanais Rizckallah Hélou, (pas de référence), et Georges Hawi, le chef du Parti socialiste progressiste, le Druze Kamal Joumblatt, les députés Maarouf Saad, Tony Frangieh et Pierre Gemayel, l’ancien chef milicien chrétien Elie Hobeika, ainsi que des journalistes Toufic Metni, Kamel Mroueh, Riad Taha, Salim Laouzi, Samir Kassir et Gibrane Tuéni. Joumblatt avouera avoir été abusé par la déposition de faux témoins, en lançant ses accusations contre la Syrie. Il soutiendra publiquement que le vote de la résolution du Conseil de sécurité N°1559, en 2004, enjoignant à la Syrie de retirer ses troupes du Liban a été une «résolution maléfique en ce qu’elle sous tendait le déracinement du Liban de son environnement arabe».

Le destin d’un pays ne relève pas des jeux du hasard et l’esprit civique se nourrit d’exemple d’hommes de valeurs. Le clan Hariri monopolise le pouvoir au Liban d’une manière quasi continue depuis près de 18 ans, 1992-2010, à l’exception de la parenthèse Salim el Hoss, 1998 -2000 et Omar Karamé, 2004, du fait du chantage occidental, aux mépris des règles de l’alternance démocratique. Au risque de choquer, trêve de plaisanterie, Rafic Hariri n’est pas l’unique martyr du Liban, mais l’unique martyr au monde à avoir grevé les finances publiques de son pays de l’ordre de cinquante milliards de dollars et de bénéficier, à ce titre, d’un imposant mausolée sur la plus importante place publique de l’une des plus prestigieuses capitales arabes, Beyrouth. L’unique martyr au Monde à truster en sa mémoire les principaux services publics du pays, de l’unique aéroport international du Liban, l’aéroport de Beyrouth-Khaldé, à l’unique université Libanaise à l’unique centre hospitalier universitaire, trois établissements qui portent tous trois désormais son nom, sans compter l’imposant boulevard du front de mer de la capitale Libanaise. Là réside la singularité nullement justifiée d’un homme qui aura été le bailleur de fonds de tous les seigneurs de la guerre du Liban, le prédateur de son parc immobilier, le fossoyeur de son économie.

Entre les deux acteurs majeurs de la vie politique Libanaise existe une différence d’échelle, une différence de niveau. Face à un Hassan Nasrallah, impérieux, en dépit de la mort de son fils Hadi au combat, faisant front à Israël qu’il humiliera par sa riposte balistique et sa maîtrise de l’art de la guerre asymétrique, l’héritier avait, il est vrai, fait piètre figure, trois ans plus tôt, en juillet 2006. Chef de la majorité parlementaire et député d’une ville reconstruite par son père, à nouveau détruite par l’aviation Israélienne, Saad Hariri, plutôt que de partager le sort de ses concitoyens, plutôt que de se préoccuper des besoins de ses électeurs, se mettra au frais à l’étranger à des milliers de km du champ de bataille, laissant la conduite des opérations à ses rivaux, le Président Emile Lahoud, ostracisé par la communauté internationale, et le chef du Hezbollah, glanant au passage le sobriquet de «planqué de Beyrouth», se couvrant et couvrant de ridicule ses alliés de la coalition pro occidentale, s’inclinant enfin devant son rival Chiite propulsé au firmament de la popularité panarabe. Le Hezbollah a rompu, psychologiquement et militairement, le défaitisme ambiant du monde arabe, alors que l’héritier théorise la soumission au Diktat américain au prétexte de protéger son pays d’un cordon de sécurité. Chef d’une formation disposant de la plus forte cohésion idéologique et sociale, bras armé de la stratégie de la contestation de l’hégémonie Israélo américaine sur la sphère arabe, Hassan Nasrallah tire sa force de ses exploits, Saad Hariri de son rôle de paravent aux menées Israélo-américaines. Le moine soldat est un prescripteur essentiel de l’ordre régional, le milliardaire Libano saoudien, un prestataire de services pour le compte de ses commanditaires. Autrement dit, le Chiite force le destin quand le Sunnite le subit.

Le Tribunal spécial sur le Liban se voulait exemplaire à l’effet de dissuader toute récidive. Il se devait de l’être afin d’ancrer dans la conscience du monde la crédibilité de la notion même de justice pénale internationale. Il passera à la postérité comme un cas d’école, le parfait contre exemple d’une bonne administration de la justice. Par ses abus, quelque soit son acte d’accusation, quelque soit son verdict, il porte condamnation du comportement des pays occidentaux, parangon de la démocratie, condamnation du comportement de la magistrature Libanaise et du «camp de la liberté au Liban», toutes les composantes de l’hétéroclite coalition occidentale, dont les déviances, porteront, à jamais, les stigmates de leur faillite morale dans une affaire qui avait vocation à faire œuvre de jurisprudence dans le domaine de la justice pénale internationale.

«Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour­ l’univers, je n’ai pas de certitude­ absolue». Au vu de ce bilan calamiteux, l’auteur de ce panorama soumet à la sagacité de ses lecteurs cette réflexion d’Albert Einstein à l’effet de relativiser le propre jugement des grands acteurs du jeu Moyen-oriental, particulièrement les acteurs Libanais et Arabes, sur leur pertinence dans leur gestion des affaires du monde.

Fin.