Comme si tout le sang qui avait coulé des années durant n’avait pas vraiment suffi, ils ont une fois de plus, trouvé le moyen de perpétrer dans ce Liban frappé du sceau de l’infamie un attentat à la voiture piégée. 

Et encore et toujours, à n’importe quel prix, de l’horreur ignoble à l’état brut en plein Beyrouth à Achrafieh sur la place Sassine qui grouille de monde vers midi avec pour cible, Wissam el Hassan, le directeur de la branche des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI). 

Et rebelote, des corps animés, inanimés qui se mettent à joncher le sol, des immeubles à prendre feu, des carcasses de voitures à calciner. Des hurlements désespérés. En guise de colère, on brûle des pneus qui finissent par enfumer la ville et ses alentours. 

Et de partout commencent à fuser les sempiternelles accusations de circonstances, de condamnations aussi. Rien que des mots et des mots tellement entendus par le passé qu’ils finissent par sonner creux aux oreilles de tous ceux désormais devenus blasés face à cette grave impasse entre 8 et 14 Marsiens !

Et dire que le ministre de la culture Fadi Abboud pour lequel «Beyrouth serait une des villes les plus sûres au monde», vient de décider d‘intenter une action en justice contre les producteurs d’une série américaine qui cartonne, Homeland, susceptible selon lui de refroidir les candidats au tourisme vers le pays du Cèdre. 

C’est en gros l’histoire d’un soldat américain qui une fois libéré après capture en Irak verrait peser sur lui des soupçons d’alliance avec Al Qaëda. Quant au dernier épisode qui fait mouche, "Beirut is back" , sur fond d’ambiance terroriste mise en exergue par la présence de femmes voilées, de Hezbollahis armés, l’action tourne autour d’une tentative d’assassinat par une agent de la CIA d’un responsable du Hezbollah accusé aussi de coopérer avec Al Qaëda. 

Même si le réalisateur de cette série d’origine israélienne, Gideon Raff, a pour ambition de griffer ce malheureux pays, bluffant notamment en filmant dans les rues de Haifa et non de Beyrouth, que peut peser au juste son feuilleton par rapport à toutes ces opérations choc au cours desquelles attentats ou  prises d’otages via des terroristes chevronnés sont commis dans l’impunité silencieuse ou l’inverse ?

Dans ce pays où tant de choses tournent de travers, où même accéder à un poste clé s’obtient moins par des compétences propres qu’à la faveur de piston pour appartenance à telle ou telle communauté, dans ce pays où l’écart entre les classes ne cesse de se creuser de manière indécente, où les divergences sont grandissantes, où la liste des dérives est interminable, les combats à mener sont bien ailleurs ! 

Les touristes s’en reviendront car le pays est beau, beau à en crever. Et dire que la veille j’y étais, plus friande que jamais de ses embouteillages, de ses klaxons, de ses musiques et chansons à plein tube gravitant autour de l’incontournable Feyrouz et qui donnent cette illusion que désormais tous les odieux attentats n’appartiennent plus qu’au passé…

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