un petit territoire mais une grande histoire.

 

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Armoiries de la République Libanaise sont composées d’un champ de gueules, à la barre d’argent ; sur le tout figure un cèdre de sinople, l’arbre national. Les armoiries du Liban reprennent les couleurs du drapeau national.
Le drapeau du Liban est le pavillon national et le drapeau national de la République Libanaise. Sur celui-ci figure l’arbre emblématique du pays, le cèdre du Liban sur fond blanc, inscrit entre deux bandes rouges horizontales.

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Cet article est le premier d’une série dont le but est de donner un aperçu politique du Liban qui est l’une des composantes du conflit moyen-oriental, et de présenter les différentes ethnies Sunnites, Chiites, Druzes ainsi qu’un dossier de géopolitique du Moyen Orient de René Naba diffusé sur le site mondialisation ca.

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Il n’est pas question de retracer l’histoire du Liban qui démarre il y a plus d’un million d’années, dès l’époque paléolithique elle suivit les étapes de la vie préhistorique. Réfugié dans les grottes à l’époque moustérienne, il y a près de cinquante mille ans, l’homme, à l’époque néolithique, forma des bourgs, dont la colline de Byblos a gardé dès le VIe et Ve millénaires un riche matériel qui rivalise avec l’ancienneté de la ville de Jéricho. L’histoire, à dire vrai, commence vers le IVe millénaire, ou le début du IIIe, avec l’arrivée des Cananéens, ancêtres des Phéniciens.

De nombreux écrits sur le site de Wikipédia la relatent bien mieux que je pourrais le faire d’autant que pour cet article j’ai largement puisé dans tout ce qui touche au Liban et à l’islam afin de présenter un apercu de ce pays et de cette religion aux multiples composantes.

 

Situation contemporaine,

Les conflits actuels avec Israël, le Hezbollah, la Syrie, les Palestiniens, minent le Liban, et ce pays ne cesse d’être déchiré. Il est un des éléments du conflit Arabo-israélien avec le Hezbollah et la Syrie. Les attentats y sont permanents et dernièrement celui de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri ravive les accusations d’assassinat tant du coté Syrien que de celui Israélien. Rafic Hariri a été tué le 14 février 2005 dans un attentat suicide par une camionnette bourrée d’explosifs et tuant, avec lui, une vingtaine de personnes et blessant grièvement le député et ancien ministre Bassel Fleyhane qui décèda le 18 avril 2005.

Cet attentat provoqua une crise tant nationale qu’internationale qui n’est pas terminée puisqu’une partie des Libanais et la plupart des diplomates étrangers dénoncent l’implication de la Syrie. C’est à la suite du retrait de l’armée Israélienne du Liban Sud en 2000 qu’elle occupait depuis 1978, que le Hezbollah se pose alors comme le libérateur de cette région et apparaît ainsi comme la première force politique au Liban sans que les différents conflits internes au pays en soient pour autant résolus. C’est la raison qui fait, qu’en 2004, le Conseil de sécurité de l’ONU exige par la résolution 1559 que la Syrie retire ses forces du Liban. Elle demanda aussi que soient mis fin aux activités militaires de la milice du Hezbollah et réclama le déploiement de l’armée Libanaise sur l’ensemble de la frontière internationale avec Israël. Cette résolution restera lettre morte. Toutefois, ni la France, ni les États-Unis qui sont les deux puissances étrangères les plus impliquées dans la crise Libanaise, ne mettent explicitement en cause la Syrie. Or, le Hezbollah le 03/08/10 accuse Israël d’avoir assassiné l’ancien Premier ministre Libanais Rafic Hariri, annonçant qu’il allait bientôt présenter des «éléments» en ce sens qui aideraient l’enquête menée par le tribunal de l’ONU.

Le Liban est sujet à toutes les convoitises, au carrefour de trois Continents, l’Occident, l’Afrique et l’Asie, son territoire a toujours été impliqué dans l’histoire tumultueuse du Proche Orient. Le Liban concentrerait 55% de musulmans, 45% de chrétiens, et 1.3% d’autres confessions. Un décret de 1994 a permis la naturalisation en masse de 200 000 musulmans mais a ensuite été annulé à la demande de la Ligue maronite d’obédience chrétienne orientale. À ce jour, l’annulation n’a toujours pas pris effet. Plus de 80% des Libanais à l’étranger, évalués a environ 12 a 15 millions sont des Chrétiens. La population se compose de divers groupes religieux Libanais. L’état reconnaît officiellement 18 religions. La religion fusionne avec la référence ethnique. Les confessions sont :

  • parmi les chrétiens: les maronites, grecs-orthodoxes, grecs-catholiques (melkites), arméniens apostoliques, arméniens-catholiques, syriaques-orthodoxes, syriaques-catholiques, protestants, coptes, assyriens, chaldéens, catholiques de rite latin.
  • parmi les musulmans: la communauté sunnite, chiite, druze, alaouite et ismaélienne.
  • la communauté juive.

Beaucoup de Chrétiens maronites ne s’identifient pas comme ethniquement arabes, mais sémites des descendants des Phéniciens, et par le mélange des peuples qui ont vécu en Syrie et au Liban avant l’arrivée des Arabes. Ensuite, les Maronites ont également été mélangés avec les Croisés. Beaucoup d’historiens ont remis en question ou critiqué ces vues. On voit ainsi la complexité de ce pays ou chaque ethnie veut affirmer son indépendance par son origine.

Il n’est donc pas étonnant que le Liban soit déchiré depuis la première guerre mondiale conduisant à l’amorce de son indépendance, puis la seconde guerre mondiale, la crise de Suez de 1956-1958, puis la guerre du Liban de 1975 à 1990 faisant entre 130.000 à 250.000 victimes civiles lors de la montée des périls 1966-1975 à cause du problème Palestinien, une guerre de deux ans fratricide entre arabes avec l’intervention Syrienne en 1976, la guerre de la montagne de 1982 à 1984, puis l’accord de Taëf qui fût un traité inter-libanais destiné à mettre fin à la guerre civile Libanaise au profit des musulmans, entérinant le protectorat Syrien qui prévoyaient la réduction du pouvoir du président maronite en faveur du Premier ministre (sunnite), du président de l’Assemblée nationale (chiite) et du Conseil des ministres. Le Liban devient sous domination Syrienne jusqu’en 2005.

 

le-liban.1281615111.jpgMondialisation ca, le 04 août 2010, le blog de René Naba.

(René Naba, ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment de nombreux ouvrages sur le Liban)

L’approche de l’indépendance du Liban a eu lieu sous le mandat Français. Durant la première guerre mondiale (1914-1918), le Liban sombra dans la famine, les fléaux et les sauterelles, des milliers de ses habitants moururent, surtout dans les régions chrétiennes. Après cette guerre, le Liban comme la Syrie fut placé sous mandat Français. Le général Français Henri Joseph Eugène Gouraud lui substitua ses territoires amputés sous le régime de «Moutasarrifiyya», circonscription auto gérée dans l’Empire Ottoman du mont Liban.

Ainsi, le 1er septembre 1920 le grand Liban vit le jour dans ses frontières actuelles. Ce tracé avait été souhaité par le patriarcat maronite, soucieux de la «viabilité» du futur État Libanais, qui ne pouvait être assurée sans les ressources agricoles des territoires ainsi rattachés. L’État baassiste syrien a souvent considéré ces annexions comme des amputations de la Syrie historique. Cependant le Liban n’accède pas à son indépendance puisque c’est en 1922 que la Société des Nations confirme le mandat Français. Le pays fut soumis à l’autorité d’un haut commissaire Français, et eut une commission administrative héritière de l’ancien conseil du petit Liban de la Montagne, et d’une administration locale supervisée par des conseillers Français, le Liban n’étant pas encore indépendant. 

Ayant désespéré de l’attente de l’indépendance, le parlement Libanais, abrogea toutes les dispositions qui faisaient référence au mandat, dans la constitution du pays. Le président de la République Béchara el-Khoury, le premier ministre Ryad as-Solh, des ministres et un député furent arrêtés par les autorités Françaises. Le mouvement populaire et l’intervention de l’Angleterre forcèrent les Français à libérer les responsables Libanais et à proclamer une véritable indépendance le 22 novembre 1943. Les troupes Françaises et les forces Anglaises évacuèrent le pays en 1946, le Liban devint un État souverain qui participa à la Ligue Arabe et devint membre des Nations Unies.

Une fois indépendant, le Liban connut un «boom» économique et une renaissance culturelle, artistique et touristique, ce qui le rendit le «joujou du Moyen-Orient». Le pays était promis à plusieurs succès, ouverture sur les civilisations, les cultures, et les religions, pluralisme communautaire et culturel, la modernisation politique (le Liban est le seul pays en Orient, excepté Israël, qui pratique une véritable démocratie parlementaire), le miracle économique qui fît de lui la «Suisse du Proche-Orient».

 

Géopolitique du Moyen Orient , Le Liban une passoire, par René Naba du blog renenaba.com.

Le Tribunal spécial sur le Liban à l’épreuve de la guerre de l’ombre (partie 1/3)

 

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«Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue».

 

Objet de fantasme depuis un demi-siècle, le Bar de l’hôtel Saint Georges de Beyrouth a longtemps été un haut lieu du monde interlope de la barbouzerie internationale. Réputé pour ses cocktails détonants, ses barmens avenants, ses yachts rutilants et sa plage huppée, son ambiance calfeutrée, propice à tous les chuchotements, le destinait à être le lieu de côtoiement par excellence de personnages aussi emblématiques qu’énigmatiques que l’agent double soviéto britannique, Kim Philby, membre du fameux groupe «The Cambridge Five», ou, le Général Taymour Bakhtiar, tombeur de Mohamad Mossadegh, le premier ministre nationaliste Iranien, artisan de la première nationalisation du pétrole en 1953. Si Kim Philby, faux journaliste de l’Observer, démasqué, a été exfiltré par un sous marin soviétique au large des côtes Libanaises, le Général Taymour Bakhtiar, son forfait accompli, a été remercié, en même temps qu’était répudiée sa cousine, l‘impératrice Soraya, contraint à l’exil et à l’errance à Beyrouth, Paris et Genève, pour finir assassiné à Bagdad, paradoxalement, par des agents de la Savak, un comble pour le fondateur de la police secrète iranienne.

L’hôtel Saint Georges a été détruit aux premiers jours de la guerre civile Libanaise, et sa cave, riche et abondante, pillée, a longtemps désaltéré les combattants des diverses factions au plus fort de la bataille pour le contrôle du centre ville de Beyrouth, à l’automne 1975. Sa silhouette, dessinée par Auguste Perret dans les années 1930, décorée par Jean Royère dans les années 1960, demeure mythique dans la mémoire des hommes et continue de fasciner hommes politiques et aventuriers. C’est d’ailleurs au pied de la façade de cet hôtel, objet de sa furieuse convoitise, que l’ancien premier ministre Libanais Rafic Hariri a été assassiné, en 2005, trente ans après le début de la guerre civile.

La fascination qu’il continue d’exercer dans l’imagerie populaire s’explique en ce qu’il constituait une marque de distinction sociale pour sa clientèle, toute une cohorte d’honorables correspondants, de correspondants en quête d’honorabilité, de journalistes en quête de respectabilité, qui revendiquaient leur fonction comme un «trophée», cultivant avec art «le complexe du drogman», du titre de ces fameux intermédiaires auprès des chancelleries occidentales. Tous alléchés par le gisement d’informations constitué par l’imposante infrastructure de l’organisation de Libération de la Palestine et de la vingtaine de mouvements de libération du tiers monde qui gravitaient dans son orbite….. Du Front de Libération de l’Erythrée du futur président Issayas Afeworki, au FLOSY, le Front de Libération du Sud Yémen occupé, du premier ministre Nassérien Abdel Qawi Makkaoui, à l’Armée secrète pour la Libération de l’Arménie (ASALA). Tous des révolutionnaires en herbe, des révolutionnaires en puissance. «Koulouna Fidaiyoune», tous, des guérilleros Palestiniens, pour reprendre le titre du film culte de l’époque du cinéaste libano arménien Garo Garabédian, dont l’équipe périra carbonisée lors du tournage.

La guerre clandestine qui s’y livrait à l’ombre de cet établissement prestigieux n’a jamais cessé, induisant de nouvelles méthodes au gré des progrès technologiques, mettant aux prises les traditionnels espions occidentaux et leurs alliés des monarchies arabes, les agents du Mossad, de l’Intelligence service britannique, de la CIA Américaine, de la DGSE Française, tous engagés dans une guerre opaque avec des concurrents d’un genre nouveau, agents Iraniens, services de renseignements Syriens et activistes du Hezbollah.

La suite portera sur «l’État tampon, théâtre de deux guerres civiles».