Le Kosovo a proclamé ce dimanche son indépendance de la Serbie provoquant des séries de réactions dans le monde, qui pour, qui contre. Les pays européens sont divisés mais la plupart sont prêts à reconnaitre l'indépendance du pays comme les Etats-Unis qui l'ont déjà annoncé tandis que la Russie et la Chine sont contre ainsi que l'Espagne. L'Albanie a aussitôt salué l'indépendance de la région voisine.
On a beaucoup évoqué à ce sujet l'exemple que cela constitue pour d'autres séparatistes dans divers pays. L'Espagne dont le gouvernement s'est prononcé contre la reconnaissance a pu entendre les représentants de son territoire basque se féliciter de cette initiative, y voyant bien entendu un exemple pour son propre cas. Il ne manquent d'ailleurs pas en Europe de territoires entiers qui pourraient demander leur indépendance, de la Bretagne, qui possède une histoire et une culture propre en passant par le pays basque français, l'Ecosse, le pays de Galles ou la Corse et ce ne sont que des exemples qui se retrouvent facilement en Pologne ou en Belgique.
La région du kosovo, sous perfusion financière, était administrée par l'OTAN, et c'est donc sous cette égide qu'elle acquerra l'indépendance si tout continue ainsi. On pourra s'étonner d'y voir les indépendantistes courir dans les rues avec des drapeaux albanais… mais la région ne possède pas de drapeau propre, signe que son histoire n'est pas enracinée autrement que dans une culture plus large, qu'elle soit albanaise ou serbe. La proximité ethnique ne justifie en rien qu'un symbole étranger au pays soit arboré pour réclamer l'indépendance. Imaginons demain dans nos rues les citoyens du comté de Nice brandissent le drapeau italien en réclamant leur indépendance ou que les alsaciens fassent flotter le drapeau allemand sur leurs édifices et se séparent de la France.
Eh bien l'exemple ne serait pas encore bon. Pour la Serbie, le Kosovo est le berceau de sa culture et de fait à l'époque médiévale, Elle s'est construite autour du Kosovo. Imaginons donc que dans notre pays l'Ile de France devienne ethniquement espagnole, polonaise ou algérienne et que ceux-ci proclament leur indépendance en brandissant le drapeau de leur origine ethnique… C'est en quelques sortes ce que sont en train d'accepter les dirigeants européens et l'exemple pris plus haut prendrait tout son sens avec le 9-3 dans lequel la population pourrait être majoritairement originaire de pays étrangers : ce précédent pourrait à l'avenir permettre une scission.
On soulignera à ce sujet que le discours de l'Union est contradictoire. Elle se déclare pour le "multicuturalisme", contre le nationalisme et le "racisme", mais parvient à accepter que sur des considérations ethniques et nationalistes une province se proclame indépendante. L'Union européenne dit bien que la situation est aussi liée à la dernière guerre que la Serbie a mené sur le territoire et considère en conséquence que le pays n'est plus capable de gérer la région, ce qui est un argument recevable si l'on considère les violences du passé.
Mais par cette connivence, les différentes diplomaties se décrédibilisent totalement par une ingérence qui ne sera pas du goût de tout le monde et qui est la porte ouverte à tout. A tout, car des régions comme la Bretagne ou l'Ecosse ont plus de légitimité encore que le Kosovo à demander leur indépendance : ce sont des nations à part entière, même si la Bretagne est française aussi de par son Histoire. On pensera aussi aux serbes isolés à présent dans un pays nouveau, et auxquels on a rien demandé du tout…
La fiche du Kosovo sur wikipédia
question de vocabulaire pratique…
Au sujet du Kosovo… ne pourrait-il pas y avoir une distinction entre « indépendance » et « autonomie », qui sont, il me semble 2 termes complètement différents dans leur définition et leur contenu ?
par ailleurs, le Kosovo est-il un État ou une Région ? J’ai pas compris…
Bcp d’éléments géographiques/historiques/géopolitiques manquent pour pouvoir se faire une idée de l’avenir du Kosovo, inclu dans cette partie de l’Europe, qui a déjà été à l’origine de qques conflits européens.
Merci pour les réponses et les recherches sur le sujet
Vous avez raison Cat Lef, mais l’Histoire est longue! Si j’en ai un peu le temps, j’y consacrerai un article!
Merci de cette question.
Permets-moi d’apporter une correction à ton texte Blaise, le Kosovo est sous la tutelle de la MINUK, une division administrative de l’ONU et non sous l’autorité de l’OTAN.
Pour répondre brièvement aux interrogations de Cat Lef, le Kosovo a proclamé son indépendance de façon unilatérale (i.e sans avoir reçu l’accord de la Serbie, le pays dont il faisait parti jusqu’à la semaine dernière). Pour être reconnu officiellement comme un état, le Kosovo a donc besoin de l’accord de la communauté internationale; ce qui implique les grands pays comme les USA, le Canada, les pays d’Europe, la Russie, la Chine. Et tant que cette reconnaissance ne sera pas totale (ce qui est loin d’être le cas) le Kosovo n’aura pas droit de siéger à l’ONU en tant que pays indépendant. Alors disons que pour l’instant, le Kosovo est dans une sorte de purgatoire entre le statut de simple région serbe et de pays indépendant.
Malheureusement, je crains que le pays ne soit devenu une bombe à retardement, car bien que le Kosovo se caractérise par une forte population d’origine albanaise ( c’est d’ailleurs l’un des facteurs ayant mené à la proclamation de son indépendance) il reste encore une population serbe dans la région, très hostile à la souveraineté kosovare. Ce qui semble se dessiner dans l’avenir c’est un soutient de la Russie (allié de la Serbie) au groupuscule serbe vivant au Kosovo, dans le but de déstabiliser le pays; de la même façon que les USA ont soutenu les révolutions kosovares à l’intérieur de la Serbie de façon à provoquer son éclatement.
Merci de cette correction Northlandnews, c’est toujours bienvenu. J’ai bètement recopié le mot d’un journaliste, ça m’apprendra 🙂
Je crois aussi que le Kosovo se comprend par son histoire, c’est aussi un peu long. Je suis scandalisé de ce qui se passe là-bas, le droit international est totalement bafoué!
Blaise
Je reviens sur un de vos anciens articles traitant du Kosovo, pour y ajouter un commentaire citant un article de géopolitique que je viens de trouver par hasard :
Pétrole et stratégie au Kosovo
Le 17 février 2008, le Kosovo s’est détaché de la Serbie et a déclaré son indépendance. Bien sûr, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France l’ont immédiatement reconnu en tant qu’Etat.
Le Kosovo a beau être un minuscule territoire de 11 000 km2, il revêt une importance inversement proportionnelle à sa taille sur le grand échiquier de la politique pétrolière.
Le Kosovo n’a pas de pétrole, mais il se trouve dans le trajet de l’oléoduc transbalkanique (l’AMBO, Albanian Macedonian Bulgarian Oil Corporation) qui va acheminer le pétrole Caspien depuis le port Bulgare de Burgas via la Macédoine jusqu’au port Albanais de Vlora. De là, il sera transporté à un coût bien inférieur au coût actuel vers les Etats-Unis (à hauteur de 600 millions de dollars/mois) et vers les pays européens.
Un article de l’US Trade and Development Agency publié en mai 2000 affirmait déjà que l’oléoduc présentait un intérêt stratégique pour les Etats-Unis. En novembre 1998 déjà, Bill Richardson, alors secrétaire d’Etat à l’énergie, avait exposé sa politique sur l’extraction et le transport du pétrole Caspien.
« [i]C’est la sécurité de l’énergie américaine qui est en jeu[/i] », a-t-il expliqué. ».
On comprend alors que le seul motif de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie était de sécuriser l’accès au pétrole d’Etats d’Asie Centrale, nouveaux venus sur le marché et encore influençables.
« [i]Il faut aussi, poursuivait Richardson, empêcher les incursions stratégiques de ceux qui ne partagent pas nos valeurs. Nous essayons de faire pencher ces pays récemment indépendants vers l’Occident.[/i] ».
source : Uruknet le 24/2/2008
J’espère avoir bientôt l’occasion de vous lire 🙂
// kosovo et Ossétie
Serbie: presse et analystes font un parallèle entre Ossétie et Kosovo
12.08.08 | 13h07
La presse et plusieurs analystes serbes établissaient mardi un parallèle entre le conflit en Géorgie et le Kosovo, en relevant la discrétion, voire l’embarras, des hauts responsables à Belgrade qui se sont abstenus à ce jour de commenter la situation dans le Caucase.
Dans un éditorial, l’influent quotidien Politika relève les positions contradictoires des Etats-Unis et de la Russie sur les deux conflits, y voyant un « triomphe de la realpolitik ».
« Moscou s’oppose à l’indépendance unilatérale du Kosovo et encourage la défense de l’intégrité territoriale de la Serbie », tout en « protégeant des séparatistes (ossètes) avec des armes », écrit le journal.
Et les Etats-Unis, poursuit Politika, « ont longtemps défendu le droit des Albanais du Kosovo à un Etat indépendant, mais dans le cas de la Géorgie, son alliée, ils s’opposent à la sécession. L’Ossétie du Sud est à la Russie ce que le Kosovo est aux Etats-Unis ».
Pour Politika, ce « cirque diplomatique » n’est rien d’autre que le « triomphe de l’approche arbitraire des problèmes mondiaux. Et bien naturellement, le triomphe de la realpolitik ».
Et cette « realpolitik » signifie « que le Kosovo ne restera pas un cas unique. La Géorgie perdra l’Ossétie du sud et l’Abkhazie », souligne le journal.
Les Albanais du Kosovo ont proclamé le 17 février leur indépendance, qui n’est pas reconnue par Belgrade. La Serbie considère le Kosovo comme l’une de ses provinces et est soutenue dans sa cause par son principal allié dans les enceintes internationales, la Russie.
Cela explique, selon certains analystes, la discrétion observée par les plus hauts responsables serbes sur les événements dans le Caucase, le président Boris Tadic et le ministre des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, ayant été de surcroît ces derniers jours en déplacement à Pékin et en Asie.
« Tous les instruments diplomatiques visant à bloquer la reconnaissance du Kosovo sont liés à la Russie », relève un analyste des questions serbes, Dusan Janjic.
Pour lui, Belgrade va même tenter « de ne pas prendre de position » sur les événements du Caucase, « mais cela ne sera pas possible car la Russie demandera son soutien ».
Plusieurs journaux serbes ironisaient par ailleurs mardi sur la politique de « deux poids, deux mesures » observée selon eux par plusieurs pays occidentaux dans les cas du Kosovo et de l’Ossétie du Sud, reconnaissant dans le premier cas l’indépendance, la refusant dans l’autre.
Le secrétaire d’Etat serbe pour le Kosovo, Oliver Ivanovic, le seul responsable serbe à avoir réagi pour l’instant aux événements dans le Caucase, avait qualifié d' »absurdité » lundi que les pays occidentaux considèrent l’indépendance accordée au Kosovo comme un « cas unique ».
« Lorsque l’on entre sur le terrain de la violation du droit international et du non-respect de l’intégrité d’un Etat, comme cela fut le cas au Kosovo, il devient possible d’appliquer ce même principe dans toutes les autres situations », avait-il ajouté pour le quotidien Blic.
L’ancien ministre serbe des Affaires étrangères, Goran Svilanovic, considère pour sa part que le parallèle essentiel que l’on puisse tirer entre le Kosovo et les événements du Caucase est « l’absurdité » des mesures prises par la Géorgie pour reprendre le contrôle de l’Ossétie du sud, tout comme le furent l’entreprise militaire et policière serbe pour tenter de « conserver le contrôle du Kosovo », en 1999.
Il est impossible d’assurer le contrôle d’un peuple « qui ne veut pas de vous », a-t-il déclaré au journal Dnevnik de Novi Sad.
« Si vous avez une minorité nationale homogène sur un territoire, vous ne pouvez pas conserver ce territoire par des moyens non-démocratiques », a-t-il poursuivi.
très intéressant, merci, car je n’aurais pas fait le lien entre Kosovo et Ossetie, sinon intuitivement…
merci p/ces infos