Le jeu d’échecs dès quatre ans ?

 

Pourquoi enseigner les échecs aux enfants? La motivation du jeu est un facteur d’apprentissage reconnu. Rabelais en fait la démonstration dans « Gargantua » et nombre de pédagogues ont cherché à l’utiliser pour faire progresser les élèves.

Il semble que la pratique du jeu d’échec soit non seulement un facilitateur d’apprentissages mais aussi une aide au développement personnel et à l‘intégration sociale.


Une amélioration intellectuelle

 

Dans le domaine de la concentration, l’exercice régulier amène des progrès dans différents domaines comme l’orthographe ou le calcul mental.

La mémoire est sollicitée: mémoire des coups, mémoire de la stratégie qu’on a choisie, mémorisation de l’échiquier également, des pièces prises.

C’est un jeu de stratégie, le hasard n’a aucune place. Le raisonnement logique, le calcul de la valeur relative des pièces, l’adaptation aux différentes phases du jeu sont autant d’activités intellectuelles complexes.

L’anticipation est difficile pour l’enfant. Nécessaire au cours de la partie, elle va progressivement préparer le jeune à prévoir dans la vie. Les occasions ne manqueront pas où cette capacité sera bienvenue, autant sur la route que lors du passage d’un entretien d‘embauche, par exemple.

 

Une aide à la socialisation

L’apprentissage des règles apporte dès le plus jeune âge un cadre clair qui lui permettra d’intégrer plus facilement les règles de la vie en société. L’observation des enfants en train de jouer aux échecs montre qu’ils sont capables d’expliquer calmement à l’autre qu’il n’a pas respecté les règles. Cet effort de dialogue et de compréhension mutuelle ainsi que le contrôle de ses émotions amènent au respect de l’autre.

 

Prendre Confiance en soi

Accepter de perdre provisoirement à un jeu tout en sachant qu’en s’exerçant, on progressera, comprendre que même si on a gagné le tournoi, d’autres, ailleurs, sont plus forts que vous et que le travail ne s’arrête pas là sont des attitudes très longues et difficiles à acquérir sans ce jeu. Lors d’un tournoi, les timides ont autant de place que les autres à la table de jeu et pour gagner, seules les capacités comptent, chacun a sa chance. Tout cela permet à l’enfant de se situer par rapport aux autres et de prendre confiance en lui.

 

Relations avec les compétences attendues à l’école élémentaire

Parmi les compétences dites « transversales », la structuration de l’espace et du temps avec les déplacement des pièces ou la succession des coups améliorent autant la lecture que la géométrie, la géographie ou l’histoire. La déduction logique des conséquences du mouvement d’un pion préparent au raisonnement mathématique et scientifique comme à la philosophie. La liste des exemples n’est pas close, les arts plastiques, comme la musique, bénéficient de ce travail alors que l‘enfant n‘a perçu qu‘un moment de jeu.

 

 A quel âge commencer l’apprentissage ?

Avec des objectifs et un rythme adapté, on peut commencer dès quatre ans, en moyenne section de maternelle. Certains objectifs pourront être travaillés en partie avec le jeu d’échec comme la structuration de l’espace. En grande section, les enfants sont capables d’accéder progressivement à la manipulation et au déplacement des pièces. Ils peuvent également comprendre que la reine a plus de valeur que le pion par exemple.

Évidemment, la complexité de ce qui sera progressivement proposé à l’enfant doit être en adéquation avec son âge.

 

Les échecs à l’école

La situation est très disparate

En France comme en Allemagne, mis à part les clubs d’échecs des Foyers Socio-Educatifs, quelques timides précurseurs seulement travaillent avec leurs élèves en relation avec le jeu d’échec. Les résultats sont pourtant prometteurs mais l’opinion publique n’est pas encore prête à accepter qu’on joue à l’école au lieu de travailler!

La ville de Lyon cependant a cherché à favoriser cette activité qui est pratiquée dans 71 écoles élémentaires sur 95 dès 1995.

En Russie, les échecs sont un sport cérébral national et l’enseignement de ce jeu est obligatoire.

Au Québec, les échecs sont couramment pratiqués et les manuels scolaires proposent des activités pédagogiques en ce sens.

 

Ainsi si votre enfant revient un jour de l’école en disant qu’il s’est bien amusé, sachez qu’il aura vraisemblablement beaucoup appris.

 

Bibliographie succincte

 

Approche du jeu d’échec à l’école maternelle – CRDP de Besançon

Article « joueur d’échec dès quatre ans » – revue « l’école des parents »

Mémoire « le jeu d’échec à l’école » – Dominique Michel-Rochette – IUFM Lyon

4 réflexions sur « Le jeu d’échecs dès quatre ans ? »

  1. Article très intéressant. J’ai pu constater dans les écoles maternelles et élémentaires l’intérêt du jeu d’échec auprès des élèves…[quote]Les résultats sont pourtant prometteurs mais l’opinion publique n’est pas encore prête à accepter qu’on joue à l’école au lieu de travailler! [/quote]
    Je ne suis pas forcément d’accord sur ce sujet: le jeu comme méthode d’apprentissage était beaucoup plus présent dans les écoles à mes débuts, dans les années 80.
    C’est plutôt depuis 5 ou 6 ans que l’on critique toute initiative qui ne soit pas du « pré-bachotage », où l’on veut faire écrire les petites sections, supprimer les siestes, préférer le travail individuel au travail collectif en Maternelle.
    Où sont les véritables oeuvres d’art produites par les enfants que l’on appelait « COLLECTIFS » et qui ornaient les entrées et couloirs des maternelles ?

    Non, à l’heure de la productivité, il faut être « rentable » à 3 ans, prendre déjà de l’avance sur le petit voisin…J’en suis souvent écoeurée. alors il est hélàs vrai que j’ai vu plus de classes jouer aux échecs il y a 15 ans qu’aujourd ‘hui !

    Mais, bravo pour votre article!

  2. Je vois que c’est votre premier article ici: j’espère que vous aurez encore de nombreuses visites, votre article, je le répète, le mérite.

  3. Les échecs, pourquoi pas.
    Mais il ne faut pas oublier que, les échecs, ne sont qu’un jeu.
    Comme beaucoup d’autres choses, telles que l’art et la musique, ils n’en valent la peine que si ils vous intéressent.
    Qu’ils puissent apporter quelque chose, certes.

    Mais je suis contre les imposer à des gamins, si ça ne leur plaît pas.
    Avoir un jeu d’échec en maternelle, en expliquer les règles aux gamins, pourquoi pas.
    Mais si c’est pour faire de nombreux cours d’échecs, je pense que ça ne leur apportera rien.

    Pour les plus vieux, le jeu d’échec est un bon exemple d’utilisation de notions vues en math. Une utilisation abstraite qui est intéressante : vous pouvez vous dire que vous associez une valeur à une pièce, mais vous ne lui donnez pas de valeur chiffrée.

  4. Bien sûr que l’école doit être celle qui vise à l’excellence, alors si ça passe par les échecs, oui !
    Aux échecs, tout est dans la démarche, la mesure de son adversaire, la préparation du prochain coups, la conquête du centre pour dominer et mieux gérer sa victoire. Tous ces apprentissages se retrouvent au badminton ou au tennis. Car ce qui importe, c’est que l’école aide l’enfant à aimer apprendre à apprendre, apprendre à mesurer, à dessiner, à jouer, à écrire, à compter, à s’identifier, à se positionner, à être différent, à se motiver, à se rebeller, à comprendre, à évoluer…
    Car aux échecs comme dans la vie, il n’y a pas qu’un seul chemin qui mène à la victoire, et malgré que le jeu offre des parties plus difficile que d’autres, c’est en marchant qu’on apprend le mieux à mettre un pied devant l’autre.

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