Pourquoi enseigner les échecs aux enfants? La motivation du jeu est un facteur d’apprentissage reconnu. Rabelais en fait la démonstration dans « Gargantua » et nombre de pédagogues ont cherché à l’utiliser pour faire progresser les élèves.

Il semble que la pratique du jeu d’échec soit non seulement un facilitateur d’apprentissages mais aussi une aide au développement personnel et à l‘intégration sociale.


Une amélioration intellectuelle

 

Dans le domaine de la concentration, l’exercice régulier amène des progrès dans différents domaines comme l’orthographe ou le calcul mental.

La mémoire est sollicitée: mémoire des coups, mémoire de la stratégie qu’on a choisie, mémorisation de l’échiquier également, des pièces prises.

C’est un jeu de stratégie, le hasard n’a aucune place. Le raisonnement logique, le calcul de la valeur relative des pièces, l’adaptation aux différentes phases du jeu sont autant d’activités intellectuelles complexes.

L’anticipation est difficile pour l’enfant. Nécessaire au cours de la partie, elle va progressivement préparer le jeune à prévoir dans la vie. Les occasions ne manqueront pas où cette capacité sera bienvenue, autant sur la route que lors du passage d’un entretien d‘embauche, par exemple.

 

Une aide à la socialisation

L’apprentissage des règles apporte dès le plus jeune âge un cadre clair qui lui permettra d’intégrer plus facilement les règles de la vie en société. L’observation des enfants en train de jouer aux échecs montre qu’ils sont capables d’expliquer calmement à l’autre qu’il n’a pas respecté les règles. Cet effort de dialogue et de compréhension mutuelle ainsi que le contrôle de ses émotions amènent au respect de l’autre.

 

Prendre Confiance en soi

Accepter de perdre provisoirement à un jeu tout en sachant qu’en s’exerçant, on progressera, comprendre que même si on a gagné le tournoi, d’autres, ailleurs, sont plus forts que vous et que le travail ne s’arrête pas là sont des attitudes très longues et difficiles à acquérir sans ce jeu. Lors d’un tournoi, les timides ont autant de place que les autres à la table de jeu et pour gagner, seules les capacités comptent, chacun a sa chance. Tout cela permet à l’enfant de se situer par rapport aux autres et de prendre confiance en lui.

 

Relations avec les compétences attendues à l’école élémentaire

Parmi les compétences dites « transversales », la structuration de l’espace et du temps avec les déplacement des pièces ou la succession des coups améliorent autant la lecture que la géométrie, la géographie ou l’histoire. La déduction logique des conséquences du mouvement d’un pion préparent au raisonnement mathématique et scientifique comme à la philosophie. La liste des exemples n’est pas close, les arts plastiques, comme la musique, bénéficient de ce travail alors que l‘enfant n‘a perçu qu‘un moment de jeu.

 

 A quel âge commencer l’apprentissage ?

Avec des objectifs et un rythme adapté, on peut commencer dès quatre ans, en moyenne section de maternelle. Certains objectifs pourront être travaillés en partie avec le jeu d’échec comme la structuration de l’espace. En grande section, les enfants sont capables d’accéder progressivement à la manipulation et au déplacement des pièces. Ils peuvent également comprendre que la reine a plus de valeur que le pion par exemple.

Évidemment, la complexité de ce qui sera progressivement proposé à l’enfant doit être en adéquation avec son âge.

 

Les échecs à l’école

La situation est très disparate

En France comme en Allemagne, mis à part les clubs d’échecs des Foyers Socio-Educatifs, quelques timides précurseurs seulement travaillent avec leurs élèves en relation avec le jeu d’échec. Les résultats sont pourtant prometteurs mais l’opinion publique n’est pas encore prête à accepter qu’on joue à l’école au lieu de travailler!

La ville de Lyon cependant a cherché à favoriser cette activité qui est pratiquée dans 71 écoles élémentaires sur 95 dès 1995.

En Russie, les échecs sont un sport cérébral national et l’enseignement de ce jeu est obligatoire.

Au Québec, les échecs sont couramment pratiqués et les manuels scolaires proposent des activités pédagogiques en ce sens.

 

Ainsi si votre enfant revient un jour de l’école en disant qu’il s’est bien amusé, sachez qu’il aura vraisemblablement beaucoup appris.

 

Bibliographie succincte

 

Approche du jeu d’échec à l’école maternelle – CRDP de Besançon

Article « joueur d’échec dès quatre ans » – revue « l’école des parents »

Mémoire « le jeu d’échec à l’école » – Dominique Michel-Rochette – IUFM Lyon